Chapitre 22

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Hugo

Je m'affale sur le lit de la chambre d'hôtel après une longue journée à tenter de rester concentré sur mon travail, sur les besoins de mon nouveau client.

Tout aurait été tellement plus facile si je n'avais pas à partager cette mission avec Kevin et, surtout, si je ne m'étais pas sauvé aussi précipitamment. Mon esprit tourne en boucle en se demandant dans quel état d'esprit est Gabin, même si j'ai une petite idée de la réponse. Je n'ai qu'à me rappeler son air quand je l'ai quitté. Il était loin de respirer la joie quand je lui ai demandé de ne pas se montrer et je ne peux pas le blâmer pour ça.

Je n'ai pas eu une seconde pour moi, à devoir me démener pour que mon collègue ne gagne pas du terrain. Même si je me fous de cette histoire de qui est le meilleur employé entre nous deux, lui est du genre à rapporter que je n'ai pas le niveau, surtout qu'aujourd'hui j'ai la tête ailleurs. Je ne pouvais pas appeler Gabin ni lui envoyer de message. Ce qui s'est passé entre nous vaut plus qu'un message. Et surtout, j'ai peur de sa réaction. J'ai peur qu'il m'en veuille au point d'aller se réfugier dans le jeu ou dans les bras d'un mec qu'il aurait trouvé dans un bar et ça, je ne le supporterai pas.

J'attrape mon téléphone et appelle, sans perdre plus de temps.

Il répond au bout de la quatrième sonnerie, ce qui me parait interminable. Un « ouais » impersonnel m'accueille. Il m'en veut, c'est certain. Je lui lance un « salut » hésitant, avant de lui demander si je ne le dérange pas.

— J'étais affalé devant un film ringard, donc non, tu ne me déranges pas.

Son ton est neutre, ce qui ne me dit rien de bon. Et je suis certain qu'il va faire comme si de rien n'était, mais je n'ai pas l'intention de le laisser faire.

— Je suis désolé pour ce matin. J'ai paniqué et je n'ai pas su comment réagir...

— C'est cool, t'inquiète, je comprends.

— Vraiment ?

J'ai du mal à le croire.

— Oui, je connais ça, t'en fais pas. Je suis déjà passé par là.

Mon cerveau fait vite le lien avec son ex. ça m'agace, mais je ne le montre pas. À moi de lui prouver que je ne suis pas comme lui.

— Je ne veux pas que tu penses que j'ai fui parce que ce n'est pas ça. Si on s'était parlé cette semaine t'aurais su que je partais avec Kevin. Tu sais, mon collègue avec qui je ne m'entends pas. Je n'ai pas envie qu'il soit le premier au courant de.... J'ai besoin de me faire moi-même à l'idée, avant d'avoir à me défendre contre lui.

Je l'entends soupirer au téléphone, et je sais qu'il cède.

— À l'idée de quoi ? me taquine-t-il, cherchant à me faire parler.

J'hésite avant de répondre, pas certain de vouloir lâcher les mots, mais au téléphone ça me parait plus facile qu'en face à face.

— À l'idée d'aimer les hommes...

— Ah oui, les hommes, carrément ? Mon égo vient d'en prendre un coup, moi qui pensais qu'il n'y avait que moi qui t'avais fait succomber.

Je soufflais faussement exaspéré qu'il en rajoute une couche.

— Tu sais ce que je veux dire.

— J'ai compris Hugo. T'as besoin de temps pour savoir si tu veux remettre le couvert. Et cette semaine loin de l'appart tombe à pic.

— En fait, je trouve qu'elle tombe plutôt mal. Je préférerais être en face de toi pour discuter de tout ça. Par téléphone, ça me semble tellement impersonnel.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant