Chapitre 33

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Gabin

— Je lui ai laissé au moins une cinquantaine de messages en une semaine et je n'ai eu que ce message de sa part, me disant d'arrêter de le harceler.

— Et t'as arrêté ? me demande Corentin.

— Bien sûr, je suis maso, mais pas au point de me faire reprendre de volée.

— Tu vas faire quoi maintenant ?

Je déchire le papier d'emballage de sucre et j'attends qu'un groupe passe dans un joyeux piaillement qui contraste avec mon humeur. Je les observe s'installer à une table plus loin avant de répondre.

— Qu'est-ce que je peux faire. Il ne répond pas à mes appels, ne veut plus recevoir de SMS. Je ne vais quand même pas débarquer chez Antoine, il va mal le prendre. Je ne sais même pas où il habite, de toute façon.

— Ça, c'est juste une excuse, me contre-t-il en mélangeant son chocolat liégeois qui est plus composé de chantilly que de chocolat.

Je me demande comment il peut avaler un truc aussi chargé. Je peine à croire qu'il arrivera à aspirer quelque chose avec sa paille. Mais même en me perdant dans la contemplation de sa boisson, je sais qu'il a raison. Je devrais aller le voir, le confronter, lui parler et ne pas lui laisser l'opportunité de passer à autre chose. Je devrais me battre pour le récupérer, mais la vérité c'est que je ne me sens pas légitime pour ça. Je n'ai rien à lui apporter. Puis est-ce que ça ne devrait pas être plus facile ? Peut-être que nous ne sommes pas faits pour être ensemble.

Corentin a raison, je me trouve toutes les excuses possibles pour m'éviter d'être encore une fois rejeté. Mais il me manque. Je me sens comme amputé d'une partie de moi-même. Plus rien n'a de consistance autour de moi. Il est le seul à pouvoir me redonner goût à la vie. Alors peut-être que je devrais me faire violence et aller jusqu'à lui.

— Il va m'en vouloir.

— Il t'en veut déjà...

Corentin, toujours le bon mot pour me soutenir.

— Il est temps de te bouger le cul, Gab. Est-ce que tu tiens à lui ? Est-ce que t'as envie de le récupérer ?

Je me perds maintenant dans la contemplation de ma propre boisson. Est-ce que je tiens à lui ? Bon sang...

— Je l'ai dans la peau ce gars, il me remue les tripes à chaque fois qu'il est près de moi. Je ne peux pas m'empêcher de vouloir le toucher, le sentir. J'ai juste à être près de lui et je me sens à ma place. Puis il est tellement attentionné, drôle et doux. Maintenant que je sais comment il est dans une relation, bordel... Je suis complètement fou de lui.

— Je sais. Ça crève les yeux. Mais est-ce que tu trouves normal qu'il soit le seul à ne pas être au courant ?

Alors même qu'il m'a dit qu'il m'aimait, je n'arrive pas à y croire, comment pourrait-il en être ainsi. Je n'ai rien à lui apporter et je lui ai prouvé en beauté. Comment pourrait-il m'aimer ?

— Et s'il n'a pas les mêmes attentes que moi ?

— C'est un risque à prendre. Pour une fois, mets ton orgueil de côté et va chercher ce que tu veux vraiment. Si t'es pas capable de lui dire que tu es amoureux de lui, fais-lui comprendre pour qu'il n'ait plus aucun doute. Parce qu'à trop attendre, il risque de vraiment partir.

— C'est toi qui me dis ça ? Ça fait combien de temps que tu te voiles la face avec ton Jules ?

— On ne parle pas de moi là, élude-t-il en balayant l'air de sa main. Demande-toi, ce qui est important. Ce mec ou le jeu ?

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant