Chapitre 30

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Zoé

Dès la seconde où je pose les yeux sur les lieux, je suis impressionnée. La nuit commence à tomber et donne au lieu une atmosphère à part. J'ai l'impression d'être dans une autre époque, coupée du monde réel.

Enzo et moi avons pris la route jusqu'à Rome pour assister à un bal masqué. Vêtue d'une longue robe dorée allant avec mon masque qui me couvre les yeux, Enzo m'accompagne dans son costume entièrement noir. Son masque est d'un blanc pur qui descend jusqu'à son nez.

Le long de l'allée donnant sur le majestueux escalier, une horde d'hommes masqués se tient de chaque côté, des flambeaux allumés à la main. Ici tout le personnel porte d'imposant costumes de l'époque. Des personnes sur des échasses dansent en rythme avec la musique.

Les invités discutent un peu partout, devant les grandes portes, à l'intérieur ou autour de la propriété. Ils portent tous de magnifiques robes ou costumes. Chacun de leur masque est différent et unique de par leur forme ou leur couleur. Certains ne portent qu'un bandeau sur les yeux d'autre un masque recouvrant l'entièreté de leur visage. Certains ont opté pour un diable, d'autre pour un ange. Certains n'ont que le côté gauche de leur visage caché, d'autre le droit. Des invités ont même été jusqu'à porter une perruque, me rappelant celle des Rois français.

Je lève le nez pour pouvoir imprégner le moindre souvenir de cette soirée.

Enzo me tend son bras pour nous diriger vers l'intérieur. A l'entrée, un homme vêtu d'un costume blanc à plume nous accueille d'une révérence. Je tourne la tête vers la gauche où une femme entièrement déguisée de rouge joue de la harpe. A côté une autre femme joue du violon. Je ne sais plus où donner de la tête.

Le décor est encore plus renversant à l'intérieur. Les trois quart de la pièce sont éclairés par des chandeliers. La lumière artificielle est très faible laissant sur la pièce une atmosphère intimiste. De grandes et longues tables sont disposées sur les côtés de la pièce.

Deux grands escaliers se rejoignent au niveau d'un palier au premier étage. La fête semble bien plus calme là-haut, personne n'y monte. Je me demande pourquoi.

— Ça te plait ? me demande Enzo, une fois au milieu de la pièce.

— J'ai l'impression d'être dans une scène de la Belle et la Bête.

— Tu veux dire que je suis la Bête ? s'offusque-t-il.

— La Bête est un beau prince au cœur pur malgré sa malédiction.

— Et Belle est une intelligente jeune femme qui est prête à tout pour le sauver de son malheur.

Je lui souris, comprenant qu'il saisit le sous-entendu de ma comparaison. Les mains d'Enzo glissent dans les miennes pendant qu'il me tire au centre de la pièce. Au milieu de la foule, Enzo glisse une main dans mon dos et élève la seconde dans les airs. Il entrelace nos doigts, se rapprochant de moi pour venir poser son front contre le mien.

— Qu'est-ce que tu fais ? Personne ne danse.

— Ici, il n'y a pas de règle, chuchote-t-il à mon oreille.

— Je ne sais pas danser.

— Tu n'auras qu'à suivre mes pas.

Pour accompagner ses paroles, Enzo se déplace de gauche à droite. Il nous fait valser au milieu de la pièce sur les accords de violon qui dominent la pièce. La voix d'une des chanteuses s'élève. Sa voix est angélique, presque lyrique. Elle chante en latin, ce qui renforce la particularité du moment. Le temps est suspendu à sa voix.

J'ai l'impression de voler face à la légèreté du moment, comme si Enzo et moi étions seuls sur ce parquet.

Mon cœur n'a jamais été aussi apaisé.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant