Chapitre 204 : Des siècles de douleur ; Des millénaires de souffrance

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Il était absolument impossible de brûler la robe maintenant qu'elle était portée, car Xie Lian risquait d'être brûlé avec elle.

« Je vais continuer à la porter pour l'instant, suggéra Xie Lian. Ce n'est pas comme s'il pouvait sucer mon sang, et Ling Wen ne devrait plus pouvoir donner d'ordres non plus. »

Une bouffée de brume bleue passa, et quand elle se dissipa, une poupée daruma bleue se tenait à la place de Ling Wen. Elle arborait une expression très sérieuse, et semblait même tenir des parchemins dans ses bras. Xie Lian la ramassa et la rangea dans ses robes, puis tous deux sortirent de la chambre secondaire et se glissèrent dans la salle principale.

Ce n'était pas seulement son imagination - le hall principal du Palais de Ling Wen avait vraiment l'air plus sombre qu'auparavant. Les montagnes de rouleaux de rapports empilés du sol au plafond semblaient à présent périlleuses, comme si elles allaient s'effondrer d'un moment à l'autre et écraser tous ceux qui se trouvaient en dessous. Ils ne rencontrèrent aucun garde et s'élancèrent directement vers les portes vermillon au cœur du palais. Avant même qu'ils ne s'en approchent, Xie Lian entendit une voix tremblante et choquée.

« Comment est-ce possible... ? Comment est-ce possible ? »

C'était le guoshi ! Quelqu'un aurait-il pu l'atteindre avant eux ?

Xie Lian enfonça la porte en grognant. « Laissez-le partir ! »

Bien sûr, le guoshi n'était pas seul à l'intérieur de la chambre. Tout le monde tourna la tête pour regarder l'intrus qui avait défoncé la porte. Le choc sur le visage du précepteur d'état ne s'était pas estompé.

« Votre Altesse... ?

- ... 

- ... »

Le Guoshi ne leva pas les yeux vers lui plus d'une seconde avant de baisser à nouveau la tête.

« Attendez un peu. Comment est-ce possible ? Quel genre de chance est-ce là ?! »

Xie Lian et Hua Cheng étaient tous deux sans voix.

Le Guoshi et trois autres personnes avaient formé une table complète à l'intérieur de la chambre et étaient en plein milieu d'une partie de cartes animée, complètement ivres du jeu. Bien qu'il ait été dit précédemment qu'il s'agissait de trois autres « personnes », ses adversaires n'étaient pas réellement vivants ; il s'agissait de poupées de papier très grossièrement fabriquées. Qui sait quel sort étrange leur avait été jeté pour leur permettre de bouger et même de jouer aux cartes. Quant au Guoshi, ses cris n'étaient que des lamentations sur le sort qui lui était réservé.

Xie Lian s'était attendu à ce que le Guoshi soit hagard, qu'il subisse maintes tortures et interrogatoire. Il ne s'attendait pas à ce qu'il soit encore en train de jouer aux cartes à un moment pareil. Toute cette scène le remplissait d'une nostalgie douce et amère, à tel point qu'il ne savait pas s'il devait rire ou pleurer.

Comment ne pas être nostalgique ? À l'époque du Temple Royal Sacré, lorsque Feng Xin et lui allaient chercher le Guoshi, sept fois sur dix, il jouait aux cartes, aux cartes et encore aux cartes ! Plus de huit cents ans étaient passés, mais c'était comme si le temps ne s'était pas écoulé quant-il regardait, une fois de plus, le Guoshi jouer aux cartes. Même la passion folle qui se lisait sur son visage était exactement la même.

Le Guoshi regarda fixement les cartes dans sa main et parla sans se retourner. « Votre Altesse, vous êtes enfin venu. Laissez-moi d'abord terminer ce tour... »

Xie Lian savait qu'il s'agissait d'une vieille et vile habitude qui refaisait surface : le Guoshi ne reconnaissait personne au milieu d'une partie. Après avoir vu la silhouette qu'il avait créée au Palais de la Puissance Divine, cette version de lui était incroyablement différente. Xie Lian s'approcha et tenta de l'éloigner de la table.

Heaven Official's Blessing (Trad FR chap 163 - 219 (Fin) + extras)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant