36. Les confessions de l'Inquisiteur

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-Toi ! s'écria Balthazar, aussi stupéfait que furieux, ses yeux exorbités, injectés de sang.

Sans ménagement, il m'agrippa le poignet avec une telle violence que je me retins de hurler.

-Je ne sais pas comment tu as fait pour entrer ici, mais tu vas le payer cher, sale petite sorcière !

Les hommes qui l'accompagnaient se regardèrent, incrédules. Je sentis le contact froid d'une lame peser sur ma gorge.

-Je pourrais te trancher le cou tout de suite, mais ton sang puant tacherait cette belle moquette ! Quel dommage ! J'ignore même comment il se peut que tu sois encore en vie, mais une chose est certaine : tu vas très vite aller rejoindre ta catin de mère !

La haine qui flambait dans son regard m'indiquait que jamais Balthazar n'avait oublié ce qui s'était passé ce jour-là et l'humiliation qu'il avait subie.

-Balt ? Je crois que tu devrais la lâcher tout de suite ! osa enfin un de ses hommes.

-Et pourquoi ? L'Inquisiteur a chez lui une petite Macrâle et je devrais la ménager ?

Il resserra encore sa poigne, menaçant de me briser les os du bras.

-Qu'est-ce qu'il se passe ici ? gronda une voix courroucée.

Pangelpique, flanqué du Seigneur Fidanza, accourait à grandes enjambées. Je fus bien soulagée de les voir débouler, à mon corps défendant. Balthazar me jeta alors violemment au sol, à la façon d'un chien de chasse déposant un gibier aux pieds de son maître.

-Une adoratrice du Malin, Monseigneur. Celle que nous recherchions depuis si longtemps et dont nous avons brûlé la mère. Elle s'est introduite ici et...

-Je sais qui elle est, pauvre idiot ! hurla tout à coup Pangelpique, livide de rage. Et ce n'est pas une Macrâle ! C'est elle l'Élue de Dieu, celle qui a résisté au Démon et qui doit nous conduire vers la Lumière ! Elle n'est certainement pas le servante du Malin !

La mâchoire de Balthazar s'ouvrit comme celle d'un poisson hors de l'eau. Il se mit à balbutier, conscient d'avoir commis une lourde erreur.

-Mais...mais, ce n'est pas possible Monseigneur ! Je...

-Silence ! Vous êtes congédié jusqu'à nouvel ordre ! aboya Pangelpique.

Balthazar tenta une ultime fois de répliquer, mais le regard dur et froid de l'Inquisiteur lui fit comprendre que c'était aussi inutile que dangereux pour lui. Sans demander son reste, il fit signe à ses hommes de le suivre en s'éloignant d'un pas pressé. J'eus cependant la très nette impression que ce n'était que partie remise et que je n'en avais certainement pas fini avec lui. Pangelpique me tendit une main secourable, que j'acceptai, afin de m'aider à me relever.

Néanmoins, je surpris la mine dubitative du Seigneur Fidanza qui s'était tenu coi durant tout le temps de cette scène.

-Je crois que vous me devez quelques explications, Pangelpique, dit-il enfin, du bout des lèvres, d'une voix dénuée d'émotions. Il y a manifestement des choses que vous avez « oubliées » de me dire à propos de cette gamine.

J'avais provisoirement échappé à la colère de Balthazar mais la situation n'était pas brillante pour autant. Cet incident avait eu la fâcheuse conséquence d'attiser davantage la méfiance du déjà soupçonneux Fidanza.

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Je fus ramenée dans la salle du conseil dont Fidanza prit soin de verrouiller derrière lui la porte à double tour.

-Bien. Maintenant que nous voilà seuls, il va falloir m'expliquer..

Macrâle: itinéraire d'une sorcière de BelgiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant