P.D.V IbtissemTout a commencé de la manière la plus inattendue. Aymen et moi, on s'est rencontrés dans un bus, oui, un simple bus. Je me souviens de ce jour de janvier comme si c'était hier. Il faisait froid, le genre de froid qui vous mord les joues et vous force à enfoncer votre visage dans votre écharpe. Je suis montée dans ce bus bondé, le nez dans mon téléphone, espérant que le trajet passerait vite. Mais ce jour-là, quelque chose a changé.
D'habitude, je ne faisais pas vraiment attention aux gens autour de moi. Nous étions simplement deux inconnus parmi tant d'autres, chacun plongé dans ses pensées. Je ne pouvais m'empêcher de le remarquer. Il y avait ce courant inexplicable, ce frisson qui m'a traversée quand nos regards se sont croisés. C'était comme si, pendant une fraction de seconde, le monde entier s'était arrêté. J'ai senti une connexion étrange, une attirance que je ne pouvais pas expliquer. Et pourtant, je l'ai ignorée, du moins en apparence. Ce moment m'a perturbée, comme si un lien invisible venait de se créer entre nous.
Pendant des semaines, je n'ai pas cherché à comprendre ce que je ressentais. Chaque matin, je montais dans ce bus, le cœur battant un peu plus fort à chaque fois que je le voyais. Aymen, toujours là, à la même place, un léger sourire au lèvres, qui me troublait. On échangeait des regards furtifs, mais aucun de nous ne faisait le premier pas. C'était comme un jeu silencieux, une danse entre deux inconnus.
Un jour, je me souviens, il était assis près de la fenêtre, plongé dans son téléphone. J'ai été surprise de le voir écouter ma sourate préférée. Ce petit détail m'a encore plus attirée vers lui. Ça m'a donné envie de le connaître davantage, de découvrir qui était vraiment cet inconnu qui partageait une de mes passions. Mais, comme toujours, je suis restée silencieuse. Ce n'était pas le moment. Pas encore.
Puis, un jour de janvier, il a osé. Après un autre de ces regards complices, un de ceux qui durent une éternité, j'ai reçu une notification sur mon téléphone. Une demande de suivi sur Instagram. Mon cœur s'est arrêté quand j'ai vu son nom. Aymen. Mon pouce a hésité au-dessus de l'écran, mais la curiosité a été plus forte que tout. J'ai accepté, et à peine quelques secondes plus tard, un message est apparu.
Conversation Instagram
- Moi : « Tu veux quoi ? »
- Lui : « Bah rien, j'ai cherché ton insta, je l'ai trouvé. »
- Moi : « Comment t'as fait ? »
- Lui : « J'ai mes sources, t'inquiète. »
Je me souviens avoir souri comme une idiote en voyant sa réponse. C'était ridicule, peut-être, mais, tout semblait prendre un sens. Les conversations ont commencé à s'enchaîner, chaque mot, chaque échange ajoutant une brique à ce mur d'intimité que nous étions en train de construire, sans même en être conscients. On se découvrait peu à peu, un message après l'autre.
Il y avait cette fois où il m'a raconté une anecdote de son enfance en Algérie, où il avait failli se faire attraper en train de voler des abricots dans le jardin de son voisin. Il me parlait de son grand-père, un homme juste, qui lui avait appris les valeurs de la famille et de l'honneur. Je l'écoutais, fascinée par ces histoires qui me faisaient voyager dans un autre monde. C'était comme si, à travers lui, je redécouvrais un passé qui n'était pas le mien, mais que je pouvais presque toucher du bout des doigts.
Nous nous voyions toujours dans ce bus, mais désormais, c'était différent. Nos regards étaient plus intenses, nos sourires plus sincères. Pourtant, nous restions discrets. On évitait les sujets trop personnels dans le bus, on parlait de tout et de rien, mais nos silences parlaient pour nous. Nos amis commençaient à remarquer ces regards échangés, et les taquineries n'ont pas tardé. Les « Oh, les amoureux, vous avez fini ? » résonnaient dans l'air, nous mettant tous les deux mal à l'aise. Pour éviter de devenir le centre de toutes les conversations, nous avons décidé de calmer le jeu en public.