Le mur invisible
Depuis quelques semaines, une tension palpable régnait entre Souleymane et moi. Nous nous croisions souvent dans les couloirs du lycée, lors des pauses ou à la bibliothèque. Chaque fois que nos regards se rencontraient, un courant électrique semblait passer entre nous, mais nous détournions rapidement les yeux.
Un jour, en sortant de la salle de classe, je l'ai vu debout près de la porte, semblant attendre quelqu'un. Nos regards se sont croisés, et j'ai senti mon cœur s'accélérer. J'ai voulu lui sourire, lui dire quelque chose, n'importe quoi, mais les mots restaient coincés dans ma gorge. Lui aussi semblait sur le point de parler, mais il s'est contenté de hocher la tête en signe de salut.
Pendant les cours, je pouvais sentir son regard sur moi, même sans le voir. Parfois, je levais les yeux et nos regards se croisaient à nouveau, et chaque fois, cette même envie de lui parler me submergeait. Mais une sorte de mur invisible nous empêchait de faire le premier pas.
C'était toujours comme ça, des occasions manquées et des moments où nous étions si proches, mais où le courage nous faisait défaut. Leïla m'envoyait souvent des messages pour me taquiner.
- Leïla : Quand est-ce que vous allez vous parler ?
- Moi : Pourquoi on devrait parler ?
- Leïla : Mais Siham t'es vraiment aveugle sérieux, Souleymane fait que te regarder à longueur de journée. Tlm l'a remarqué.
Malgré tout, nous continuons à jouer ce jeu silencieux, espérant secrètement que l'un de nous finisse par briser la glace.
Quelques jours plus tard...
Alors que je marchais dans les couloirs, les bdh du lycée, toujours impeccablement coiffées et habillées, passèrent à côté de moi en me regardant de haut en bas, comme si je n'existait pas. Elles gloussaient et parlaient à haute voix, suffisamment fort pour que je les entende.
- ? : Tu as entendu la nouvelle ?
dit l'une d'elles, une fille aux cheveux blonds parfaitement lissés.- ? : Sarah et Souleymane, apparemment, ils sont en plein flirt !
Mon cœur se serra et une vague de jalousie monta en moi.
Sarah ? Je ne connaissais même pas cette fille. Comment cela pouvait-il être possible ? Je sentais la colère et la tristesse m'envahir.Leïla, qui avait tout entendu, s'approcha de moi.
- Leïla : Siham, ne les écoute pas, ce sont juste des rumeurs.
- Moi : Rumeurs ou pas, j'en ai assez, Leïla.
répondis je, essayant de cacher mon émotion.
Je ne veux plus jouer à ce petit jeu avec lui. S'il veut flirter avec quelqu'un d'autre, libre à lui. Moi, je vais l'éviter à partir de maintenant.Depuis ce jour-là, chaque fois que je voyais Souleymane, je faisais tout pour l'éviter. Je détournais le regard, changeais de direction, tout pour ne pas croiser son regard. Mais lui, de son côté, semblait frustré. Il cherchait visiblement à attirer mon attention, à croiser mon regard, mais je refusais de lui donner cette satisfaction.
Un matin, alors que j'étais assise dans la cour, essayant de me concentrer sur mon livre, Leïla s'approcha et s'assit à côté de moi.
- Leïla : Siham, tu dois arrêter ça. dit-elle, exaspérée.
- Leïla : Souleymane ne comprend pas pourquoi tu l'évites. Ça se voit qu'il est intéressé par toi. Il n'arrête pas de te chercher du regard.
Je secouai la tête, refusant d'y croire.
- Moi : Tu te trompes. Leïla s'il s'intéresse vraiment, il serait venu me parler. Et puis, avec ces rumeurs sur Sarah comment pourrais-je y croire ?
Leïla soupira, visiblement frustrée.
- Leïla : Les rumeurs, ce sont juste des ragots de filles jalouses. Tu sais comment elles sont. Ne les laisse pas te manipuler. Parle à Souleymane, donne-lui une chance de s'expliquer.
- Moi : Je ne peux pas, Leïla. C'est plus facile de l'éviter.
Elle posa une main sur mon épaule essayant de me réconforter.
- Leïla : Je comprends que tu aies peur, mais tu ne seras jamais heureuse si tu ne prends pas de risques.
Je restai silencieuse, luttant contre mes propres doutes et peurs. Peut-être que Leïla avait raison, mais le courage de faire face à Souleymane me manquait cruellement.
Le lendemain matin...
J'ai demandé au professeur si je pouvais aller chercher un ordinateur dans l'autre salle. En y allant, juste à l'entrée, je croise Souleymane. Devinez quoi ? Il avait les ordinateurs en main. À ce moment-là, le monde sembla s'arrêter. Nos regards se croisèrent, et une vague d'émotions me submergea.
Souleymane sourit et, pour la première fois, engagea la conversation.
- Souleymane : Tu veux un ordinateur ? demande-t-il, son sourire éclatant illuminant son visage.
Mon cœur battait la chamade, et je tentai de rester calme. Je lui répondis avec un sourire en retour.
- Moi : Oui, s'il te plaît
Il ne me quittait pas des yeux, et je sentais une étrange connexion entre nous, un mélange d'embarras et de fascination. Alors que je prenais l'ordinateur de ses mains, nos doigts se frôlèrent brièvement, amplifiant la tension du moment.
Mais tout à coup, en retournant en classe, je remarquai les regards perçants des bdh du lycée. Elles nous observaient avec un air méprisant, particulièrement envers moi. Leur jalousie était palpable, et je sentis un frisson d'inconfort parcourir mon dos. Toutefois, le sourire de Souleymane persistait dans mon esprit, un rayon de soleil dans cette atmosphère tendue.
En rentrant chez moi, j'étais de bonne humeur en repensant à ce qu'il s'était passé plus tôt. Chaque détail de ma rencontre avec Souleymane repassait en boucle dans ma tête : son sourire, la douceur de sa voix, le frôlement de nos doigts. C'était comme si une scène de film s'était déroulée dans la vraie vie, et j'étais la protagoniste.
Le souvenir de ce moment me faisait oublier les regards méprisants des pestes du lycée.
Rien ne pouvait gâcher cette joie. Je me sentais légère, et j'avais hâte de revoir Souleymane et de vivre d'autres instants comme celui-ci.Après avoir rangé mon sac et m'être installée dans le salon, je pris la télécommande et décidai de lancer une série Netflix. Quelques heures passèrent, quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. C'était Aymen, mon frère. Il rentrait de la boxe. Je lui demandai si ça allait, et il m'expliqua qu'il avait rencontré un gars dont il ne se souvenait plus du nom, mais qui était très bon en boxe.
- Aymen : D'ailleurs, il va venir demain soir manger à la maison.
Je n'y prêtai pas plus attention et terminai ma série Netflix.
Mais j'étais loin de m'imaginer ce qui allait arriver...