- Souleymane : Confonds pas toi et elle, elle a pas tourné dans tous les quartiers du département.
Le silence qui suit est palpable, chargé d'une tension électrique. J'étais choquée par ce qu'il vient de dire, et visiblement, je ne suis pas la seule.
Kais, à côté de lui, est mort de rire, tandis que Leïla, jamais sérieuse, s'exclame avec excitation
- Leïla : Ololo, les problèmes !
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La tension dans la classe est montée d'un cran après l'échange entre Souleymane et Sarah. La directrice, clairement énervée par le manque de respect apparent de Souleymane, commence à perdre patience. Son visage, déjà dur, se ferme encore plus alors qu'elle se tourne vers lui.
- Frite : Souleymane, je vais appeler ton père pour régler ça avec lui.
dit-elle d'une voix froide et tranchante,
Aussitôt, l'atmosphère dans la classe change. Le visage de Souleymane, habituellement impassible, se décompose instantanément. Je le vois lutter pour garder son calme, mais je sais à quel point il est blessé par cette remarque. Il y a quelques mois seulement, son père est décédé, et cette perte pèse encore lourdement sur lui. L'évocation de son père en ce moment est comme un coup de poignard.
Un silence pesant s'installe. Souleymane se lève, prêt à quitter la salle, ses poings serrés de colère et de douleur.
- Frite : Si tu sors, je te vire !
- Souleymane : Bah vire, frère, j'men blc.
Il attrape son sac et se dirige vers la porte, le regard toujours fixé droit devant lui. Kaïs, se lève sans un mot et le suit hors de la classe. La directrice, surprise par leur audace, reste plantée là, les yeux rivés sur la porte qui se referme derrière eux.
Je sens mon cœur se serrer pour Souleymane. Je sais qu'il fait tout pour ne pas montrer sa douleur, mais je l'ai bien vue dans ses yeux. Ne supportant plus de rester sans rien faire, je me lève à mon tour et me dirige vers le bureau de la directrice.
- Moi : Madame,
dis-je en essayant de garder une voix calme, malgré la colère qui bouillonne en moi.
- Moi : Il y a quelque chose que vous devez savoir.
Elle me regarde avec méfiance, mais je continue avant qu'elle n'ait le temps de m'interrompre.
- Moi : Le père de Souleymane est décédé il y a quelques mois. C'est pour ça que ce que vous avez dit l'a blessé. Ce n'était pas intentionnel, mais ça lui a fait beaucoup de mal.
Je vois un éclat de compréhension traverser ses yeux, mais il est rapidement remplacé par quelque chose de plus froid. Elle prend une profonde inspiration, comme pour se reprendre, et me regarde avec un mélange de confusion et de gêne.
- Frite : Je ne savais pas, mais... cela n'excuse pas son comportement.
Je hoche la tête, reconnaissant qu'elle a raison sur ce point, mais je sens que quelque chose d'autre se cache derrière ses mots. Je décèle une légère hésitation, un malaise qui me fait penser qu'elle n'est peut-être pas aussi bienveillante qu'elle veut le paraître.
- Moi : Je comprends, mais je pense que vous auriez réagi différemment si vous aviez su
Elle acquiesce lentement, mais je vois bien qu'elle est toujours agacée par la situation. Il y a un léger malaise dans son attitude, un quelque chose qui me laisse penser que, malgré ses excuses, elle garde une certaine rancœur. Une part de moi se demande si ce n'est pas lié à la différence culturelle, voire du racisme.