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Une semaine.

Une putain de semaine que j'ai pas vu sa gueule de con.

Alors, ne vous méprenez pas. Je suis pas du tout entrain de m'en plaindre hein, mais je m'étais un tout p'tit peu habitué à le faire chier depuis 3 jours et là il disparaît de la surface de la terre.

On est actuellement mardi. Et je ne me suis jamais autant ennuyé. J'avais enfin trouvé un truc marrant à faire pendant mes heures de travail, même si le plaisir ne durait que quelques minutes, et maintenant on revient à la case départ.

clink clink

Je me relève de mon comptoir, les yeux remplis d'espoir. Espérant secrètement que ce soit mon ennemi, mais non.

«-Groooos si j'te dis c'que je viens de vivre là tu vas avaler ton caca, Matthis. Toujours aussi délicat dans ses paroles.

-C'est à toi que j'vais faire avaler mon caca sale fils de pute. Bah quoi? On n'est pas amis pour rien hein.

-Pourquoi tant de violence jeune fille de joie? Il vient se placer derrière le comptoir et prends la petite chaise que j'ai ramenée spécialement pour lui avant de s'asseoir à côté de moi.

-Parce que ton haleine fait ressortir mon mauvais côté. Bon, tu voulais quoi?

-Ah ouais putain j'allais oublier. Tu t'souviens de mon ex?

-Laquelle?

-Aurélie.

-Aurélie comment? J'en connais qu'une de Aurélie et y'a pas moyen que tu parles d'elle.

-Mais si, tu la connais. Aurélie Ricoveri-Leschi.

-Mais c'est ma mère ça sale fils de pute, je lui saute au cou et l'étrangle avec mon avant-bras pendant qu'il rigole comme un gros porc.

-Je sais pas tu crois faire mal à qui avec tes spaghettis à la place des bras mais ok, il attrape mon avant-bras avec une seule main et me fais un clé de bras, me plaquant contre le comptoir. Il vient derrière moi et se colle à mon oreille. Allez, dis le.

-Dire... quoi.. sale enculé, j'ai du mal à parler avec ses 900 kilos qui m'écrasent le dos, faut me comprendre. Et lui, tout ce qu'il trouve à faire c'est de rigoler encore et encore.

-Que j'suis ton maître et que t'es ma pute.»

clink clink

«-Ah bah si j'avais su que je tomberais sur un porno gay en venant ici, j'serais reparti me coucher. »

Putain, il fallait qu'il vienne PILE à ce moment.

Surpris, Matthis me lâche et on se redresse. Sidjil me regarde avec un regard noir (pour pas changer) et son regard se balade entre moi et Matthis. Il ne dit rien de plus et part dans le rayon au fond.

«-C'est qui lui? Tu le connais? Matthis me regarde d'un air curieux pendant qu'il se rassoit à côté de moi.

-Tu crois j'suis obligé de connaître chaque enculé qui vit sur terre ou quoi?

-Non mais t'as vu comment il m'a regardé? On dirait j'ai tué sa mère.

-Bon ok j'le connais. 'Fin, j'le connais pas vraiment mais c'est le client d'la dernière fois, celui avec les capotes là.

-Aaaaah putain, jure!! C'était mon rêve de le rencontrer! Mathis regarde vers le rayon où Sidjil est parti, les yeux pleins d'étoiles.

-Bah tu vas pas être déçu. C'est un vrai trou du cul, presque comme toi.

Sidjil arrive au niveau de la caisse, deux petites briques de jus de pomme en mains. Il relève les yeux vers moi puis les tourne vers Matthis (qui le regardait comme si c'était une idole).

«-Je savais pas qu'on pouvait mettre deux employés sur une seule caisse. Je prend ses articles et les scanne.

-C'est pas un employé, c'est mon pote.»

Il hausse un sourcil et lâche un petit rictus tout en sortant une pièce de deux euros de sa poche avant de me la passer.

«-Chelou votre amitié, j'ai pas l'habitude d'enculer mes potes sur les comptoirs de leurs tafs, moi.

-Mais t'es malade ou quoi?

-Bah quoi? T'inquiètes hein, ton secret est bien gardé avec moi. » Je crois que c'est la première fois que je sens mon visage chauffer, je suis vraiment entrain de rougir comme un personnage de manga là?

Je tourne le regard vers Matthis pour le supplier silencieusement de me sortir de là, mais ce gros con est trop occupé à balader son regard entre moi et Sidjil, un sourire idiot sur les lèvres. D'un coup, il se lève puis part vers la sortie.

«-Maxou on parle après, je crois que vous avez des trucs à vous dire.

-Non Matthis att- Putain.

-Qu'est-ce qu'il y a « Maxou »? Tu paniques sans ton gars?

-Mais t'as du pipi dans le crâne ou quoi toi? J'ai jamais vu quelqu'un qui raconte autant d'la merde, vas te faire soigner sérieux. Je le regarde, les sourcils froncés. Il m'énerve. Tu veux un sac pour tes jus? Je ne lui laisse pas le temps de répondre et fous ses deux briques de jus dans un sachet avant de le lui jeter. J'ai vraiment plus envie de voir sa gueule. Je sais que 30 minutes avant je me plaignais de son absence, mais là je donnerais tout c'que j'ai pour qu'il disparaisse de ma vue.

Je lui tourne le dos et croise les bras, attendant qu'il quitte la supérette. Ouais je sais, très mature.

«-Maxime? Il me tapote l'épaule, ça va je rigolais, détends ta bite un peu ma vieille.

Je reste muet, n'ayant toujours pas envie de lui répondre. Il soupire puis je l'entend enfin quitter la supérette.

Je soupire et me retourne pour me rasseoir à mon poste mais mes yeux tombent sur quelque chose qui n'était pas là quelques minutes avant.

Sur mon comptoir se trouvait une brique de jus.

L'une des briques que Sidjil avait achetée. Je soupire et n'arrive pas à retenir un sourire.

Il est vraiment con ce type.

strange guy [djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant