Chapitre 15

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Il y a des amitiés foudroyantes qui
fondent les âmes d'un seul éclair
Alphonse de Lamartine

°Ellaïa°

La musique résonne dans la salle de danse et Mathias effectue un déboulé en me portant dans ses bras avant de me déposer lentement. Nous effectuons une pirouette suivie d'un saut en même temps avant de nous laisser glisser sur le sol et de nous redresser afin que, d'un pas souple, je recule contre lui. Mathias me soulève et dépose mon dos sur son épaule tandis qu'une de mes jambes pointe vers le ciel.

Faisant glisser mes pieds sur le parquet, je me laisse guider par le rythme et les comptes de mon partenaire mais lorsqu'il pose une énième fois ses mains autour de ma bouche, je coupe court à notre chorégraphie.

– Je suis épuisée, on répète depuis ce matin et je commence à avoir faim.

J'ai plutôt envie de vomir.

– Il est possible que je ressente aussi la fatigue, rit Mathias en faisant rouler ses épaules pour détendre ses muscles. Je suis désolé, on va se poser sur un banc pour manger si tu veux ?

Mathias est adorable et a très rapidement compris que je ne suis pas très à l'aise avec les gens. Malgré tout, il essaie quand même de sympathiser avec moi et je dois avouer qu'il se débrouille bien. Que ce soit en danse ou bien pour me mettre à l'aise, nous devenons petit à petit plus que des partenaires de danse.

Nous arrivons rapidement dans la cour principale qui est quasiment vide puisque, mis de côté la température qui chute de jour en jour, nous sommes samedi et la majorité des étudiants profite des week-ends pour rentrer voir leurs parents. Le soleil réchauffe ma peau et pour moi la température est idéale, je n'étouffe pas sous mon pull lorsque je veux profiter des rayons du soleil.

– On peut retirer le passage qui te dérange si tu préfères, ça ne changera rien à la choré' et le mouvement est facilement remplaçable, suggère Mathias pendant qu'il déballe son sandwich.

Je lui souris pour le remercier de sa proposition. Je n'ai personnellement aucune idée de comment modifier ce passage mais je sais que je pourrai demander de l'aide à Hanna si je bloque trop longtemps. Triturant le riz et mon curry dans mon tupperware, je mange par petites bouchées pour que la nausée s'estompe tandis que Mathias engloutit son sandwich.

– Tu avais vraiment faim, ris-je.

– Mince excuse-moi, ce n'est pas très glamour !

Reportant mon attention sur mon riz, j'essaie vainement de couper en deux un morceau de viande tandis qu'un silence s'installe. Mathias semble mal à l'aise puisqu'il enchaîne :

– Au fait, tu ne rentres pas chez tes parents le week-end ? J'ai l'impression que tu passes ton temps à danser, tu as beau être en STAPS ce n'est pas habituel !

– Mes parents ne vivent pas à côté et payer le train toutes les semaines revient à cher. Mais je dois avouer qu'ils me manquent...

Menteuse.

Mathias n'est certes pas dans la même filière que moi, j'ai sauté sur l'occasion lorsque la prof de danse de l'association sportive nous a demandé de faire un duo pour lui proposer de danser avec moi en dehors des séances. Ce genre de prétexte ne se présente pas souvent et puisque nous nous entendons bien, autant poursuivre pour le plaisir de danser avec un partenaire. Me laisser guider et tournoyer est un sentiment agréable qui m'avait manqué.

Je suis miraculeusement sauvée par la sonnerie de mon téléphone et une Aly me disputant comme une mère poule. Avec tout ça j'avais complètement oublié que je devais rejoindre les filles en ville ! Je m'excuse mille fois auprès de mon partenaire de danse avant de filer prendre un bus sans prendre le temps de terminer de manger. Je n'avais pas faim de toute façon.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant