Chapitre 42

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Il y a deux façons de considérer les épreuves
que la vie place sur notre chemin : comme un
malheur ou comme une expérience.
Bruno Combes

°Jallel°

Quatre jours. Quatre putain de jours que je me retiens d'aller toquer chez Ellaïa tous les soirs pour la couvrir de baisers et d'enfoncer mon poing dans les côtes de Jordan. Quatre jours qu'elle m'a avoué ses sentiments et qu'elle m'a laissé découvrir son corps et chacune de ses cicatrices. Dès que j'y pense, mon esprit s'enflamme et des idées perverses viennent parasiter mes pensées.

Depuis je lui laisse de l'air, de l'espace. Du temps.

J'ai passé une année de terminale pleine de débauche, j'ai été le plan cul de nombreuses filles autant qu'elles ont été le mien... mais j'ai toujours refusé d'être un amant, caché dans l'ombre, et de coucher avec des filles en couple. J'étais complètement abîmé, je refusais de briser une autre personne lorsque j'essayais d'échapper à mes idées noires. Le cœur en miette, je cherchais du plaisir partout où c'était possible pour le rafistoler.

Mais finalement, ce qui m'a permis de recoller les morceaux, c'est le temps. Le temps et mes amis, leur soutien indéfectible et l'amour avec lequel ils m'ont donné l'énergie d'avancer. C'est pourquoi, même si je meurs d'envie d'arracher les vêtements de la tatouée et de l'embrasser fougueusement, je garde mes distances. Comme l'a très bien dit Hanna, c'est à elle de prendre la décision et d'agir, je ne peux que la soutenir. Je ne veux pas la brusquer et tout foutre en l'air.

– Si on m'avait dit que je tomberais amoureux... soupiré-je en laissant tomber ma tête sur mes fiches.

– Tu ne l'aurais jamais cru, ajoute Cal à ma gauche alors qu'il tape à toute vitesse sur son clavier.

Je n'arrive plus à me concentrer. Ça doit bien faire deux heures qu'on est sur ce foutu dossier et tout ce que je sais, c'est que mon entrejambe est à l'étroit dans mon pantalon.

Cal me donne une tape amicale sur l'épaule alors que je soupire de plus belle en tirant mes cheveux. C'est donc ça l'amour, ne pas réussir à sortir l'être aimé de nos pensées et ressentir un vide immense lorsqu'il n'est plus là ?

– Aller, laisse tomber, faut qu'on aille en science de l'éducation.

– Victoiiire !

Mon entrain fait pouffer Cal alors qu'il dépose nos tasses de cafés vides dans l'évier de notre chambre et que je termine de glisser tout ce qu'il faut dans mon sac. C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de jeter un coup d'œil à mon lit en sortant de notre chambre, un sourire niais sur le visage.

Nous retrouvons Aly et Hanna devant l'amphi, occupées à scroller sur leur téléphone, et Alex manque à l'appel. Son bus à certainement du retard et, le connaissant, il ne va pas tarder à nous envoyer un message pour nous supplier de lui garder une place.

Ellaïa, accompagné de Jordan, ne tarde pas à rejoindre le troupeau d'élèves qui s'est formé devant l'entrée et qui attend impatiemment que le cours précédent se termine. Comme toujours, ils vont tous se précipiter à l'intérieur pour avoir les meilleures places.

Ma colère monte en flèche lorsque Jordan passe son bras autour des hanches d'Ellaïa pour l'attirer un peu plus contre lui. Je laisse mes oreilles traîner pour les écouter.

– Tu peux t'en aller, le cours va commencer.

– Non Honey. Pas avec ce type dans les parages.

Je serre les poings et inspire lentement pour me retenir de lui crier que de nous deux, je suis peut-être celui qui ressemble le plus à un mec qui sort de prison mais que c'est de lui dont Ellaïa a peur.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant