Chapitre 9

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L'amour a des dents et ses morsures
ne guérissent jamais.
Stephen King

°Ellaïa°

+33 6 ** ** ** ** – 00:21
Je suis libre, Ellaïa.
M'as-tu oublié pendant ces 4 mois ?
Moi je ne cesse de penser à toi. J'ai
hâte de te revoir. Encore quelques mois
à attendre et je serai là.

Ses lèvres sur ma peau me font frissonner, ses caresses qui parcourent mon corps me paralysent et sa bouche plaquée sur la mienne m'empêche de respirer.

Je tape fortement sur mes joues pour me réveiller. Il faut que j'arrête de rêvasser et de penser à ça, c'est mauvais. Très mauvais.

Il doit être dans les alentours de dix heures quarante et je suis enfermée dans la salle de musique de la résidence, assez reculée dans le bâtiment pour éviter les curieux. Mes doigts sont lourdement posés sur les touches blanches, tandis que j'essaie de me concentrer. Le morceau que je travaille en ce moment, Comptine d'un autre été : l'après-midi du film Amélie Poulain, possède une mélodie que je trouve magnifique. Pour mon niveau, c'est un morceau assez simple, mais je ne joue que dans le but de me détendre. C'est mon moyen de secours pour m'évader, lorsque je ne suis plus capable de danser.

En plus de ça, ce morceau est répétitif et je ne comprends pas pourquoi je ne réussis pas à le jouer. Dès que j'arrive aux dernières mesures, mon doigt fourche entre deux notes. J'essaie donc une ultime fois, et lorsque mon doigt glisse une nouvelle fois sur une noire, je m'énerve avant de refermer le clapet pour m'affaler dessus.

– Ça m'agace... murmuré-je.

Mon téléphone se met soudainement à vibrer sur le piano vernis et je m'empresse de décrocher.

– Allô ?

– Ma chérie ! Comment tu vas ? s'exclame ma mère à l'autre bout du fil.

– Maman ! Ça va très bien et vous ? Vous comptez m'appeler toutes les semaines ?

– Non, non. Promis. Ton père et moi avons repensé aux vacances de la Toussaint, qui sont dans longtemps mais qui vont vite arriver. Ton père a décidé de m'emmener faire un tour à l'île de Ré, comme quand nous étions jeunes. J'ai donc eu l'idée de te laisser la maison ! Comme ça, ça te fait tes petites vacances avec tes amis.

Je me rappelle soudainement de l'heure qu'il est et me redresse sur mon siège avant d'attraper mon sac de cours pour filer de la salle.

– Alors ? insiste ma mère.

– Je n'ai pas vraiment d'amis... Ce sont plus des connaissances, pour le moment.

– Eh bien invite-les !

Je marche de plus en plus vite dans les couloirs, créant un couinement de basket désagréable. Je vais arriver en retard si je ne vais pas plus vite.

– Nous sommes trois filles et trois garçons maman, tu es sûre que papa sera d'accord ? dis-je légèrement essoufflée.

– Mais oui ! s'écrie ma mère. Si ça te permet de profiter de tes vacances.

Est-ce que c'est vraiment une bonne idée ?

– Merci maman.

– C'est aussi ta maison.

Au loin, j'entends mon père crier quelques mots que je ne parviens pas à comprendre.

– Je dois y aller, bisous on t'aime.

– Je vous aime aussi !

Je glisse mon téléphone dans ma poche avant de rentrer en salle de classe de justesse, le cœur battant. Nous sommes en cours d'anatomie et je dois avouer que ce n'est pas ma matière préférée. Me trouvant au fond de la classe car le prof a décidé de nous placer le premier jour, je suis assise juste devant Aly et Jallel, au côté d'un garçon au crâne rasé qui ne fait pas attention à moi.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant