Chapitre 47

249 13 2
                                    

La vie est un défi à relever,
un bonheur à mériter,
une aventure à tenter.
Mère Teresa

°Ellaïa°

Il y a un an...

Il n'y a plus aucun bruit autour de moi, je n'entends plus que sa voix, son cri plein de haine et de désespoir qui me brise en mille éclats de verre. Ses mots résonnent dans ma tête, aussi aiguisés que les couteaux de cuisine de mon père et j'en viendrai presque à regretter ma décision.

– Elle m'aime. Hein, tu m'aimes ?

Son regard brun cherche des réponses dans le mien, mais lorsque je ne réponds pas, il s'affole, comprenant enfin la véritable raison de sa présence dans ce tribunal et derrière la barre.

– Ellaïa ?! Réponds-moi putain ! Je t'aime !

Mon cœur se serre dans ma poitrine et les larmes me montent aux yeux. Je commence à avoir du mal à respirer, à regarder, à écouter. À vivre. La main de ma mère serre la mienne et je plonge mon visage dans ses bras, pour étouffer un sanglot et ne plus affronter le regard de Jordan.

– Concentrez-vous jeune homme, ordonne mon avocate. Vous n'êtes pas là pour attaquer la victime mais pour répondre à mes questions.

Mon avocate m'avait prévenu que le procès risquait d'être difficile, que Jordan ne se laisserait pas faire et qu'il tenterait de finir ce qu'il a commencé, de me détruire suffisamment pour que je ne puisse plus me reconstruire. Pour faire de lui-même la seule personne pouvant être à mes côtés. D'après elle, Jordan perdra aujourd'hui, mais sûrement pas autant qu'espéré. Son avocat fait tout pour réduire sa peine, mais il n'en reste pas moins coupable.

- Avez-vous volontairement blessé ma cliente pour l'empêcher d'assister à ses cours de danse ?

- Non ! Oui ? Je ne sais pas ! Bordel de merde Ellaïa c'est quoi cette histoire ?

Jordan contracte sa mâchoire et serre de toutes ses forces la barre en bois devant lui. J'aperçois d'ici le bout de ses doigts blanchir alors qu'il me lance un ultime regard dans lequel je lis de la haine mais aussi tellement de tristesse que mon cœur se déchire.

- Mon client est instable, madame la Présidente, ce type de question le déstabilise, intervient l'avocat de Jordan. Il vient seulement d'apprendre qu'il est borderline et de débuter son traitement.

Borderline. Un bien grand mot derrière lequel Jordan cache sa folie, sa jalousie et son instabilité. D'après son avocat, c'est un trouble qui cause une instabilité émotionnelle, de l'agressivité et une grande dépendance affective. Son comportement avec moi serait lié à sa peur de me perdre : il m'aime tellement qu'il ne supporte pas d'être repoussé. Comme un enfant capricieux qui ne peut pas avoir son jouet, Jordan explose de colère lorsqu'il ne peut pas m'avoir car il est terrifié à l'idée de me perdre.

Ma mère soupçonne que cette histoire est un mensonge créé de toutes pièces par son avocat pour réduire sa peine. Mais moi, je le connais, je sais qu'il est malade. Jordan me terrifie, rien n'excusera jamais ce qu'il m'a fait, son incapacité à s'éloigner de moi pour notre bien, à se faire prendre en charge. Mais comment lui en vouloir de m'avoir aimé avec une telle passion ?

– Qui t'a demandé de faire ça ? Tu peux me le dire Honey. Je lui ferai comprendre que rien ne nous séparera.

– Répondez.

– Oui, avoue-t-il à mon avocate.

Mon cœur saigne.

- Elle cherchait à m'éviter, j'étais persuadé qu'elle allait voir un autre mec, il fallait que je l'en empêche.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant