Chapitre 13

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Je ne vois pas pourquoi on ferait un
travail de deuil. On ne se console pas de
la mort de quelqu'un qu'on aime.
Michel Houellebecq

°Ellaïa°

Mon téléphone sonne sur ma table de chevet, comme tous les jours de la semaine. Ce weekend chez mes parents m'a fait beaucoup de bien, mais rentrer est toujours difficile et c'est lorsque je les quitte qu'ils me manquent le plus. Je crois que j'ai réussi à leur faire comprendre que rentrer une fois par mois me suffisait et que je ne veux pas qu'ils dépensent plus qu'ils ne le font déjà. J'ai tout ce qu'il faut pour moi. Ma mère était aux anges en apprenant que j'avais des nouveaux amis.

J'exécute machinalement mes petites habitudes du matin : laisser mes pieds glisser dans le tapis laineux alors que je m'étire, ouvrir le volet de ma fenêtre, m'habiller et me coiffer d'un chignon.

Mon regard fixe mon reflet dans le miroir, mon visage paraît fatigué et des cernes violets se sont de nouveau invités sous mes yeux. J'ai désormais l'habitude de les voir plusieurs fois par semaine, le lendemain de mes insomnies car je cauchemarde, ou lorsque mon cerveau décide de me faire penser à toutes sortes de choses futiles.

Finalement, je sors de la salle de bain pour me diriger vers la cafet' car je n'ai plus de céréales. Les couloirs sont remplis d'étudiants affamés courant vers la nourriture et l'odeur des viennoiseries fait gronder mon estomac. Ma journée commence donc par un bol de chocolat chaud, accompagné d'un énorme pain au chocolat encore tiède.

Après avoir jeté mon gobelet, j'enfile mon sac sur mon dos pour me diriger vers la salle de français devant laquelle je retrouve Aly, entourée de nos quatre boxeurs préférés.

– Salut Ellaïa ! Bien dormi ? me questionne Cal en s'approchant de moi.

Mon regard glisse vers Jallel qui est assis par terre, la tête enfouie entre ses bras posés sur ses genoux.

– Pas génial, j'ai eu un sommeil agité. Et vous, vous avez fait de beaux rêves de boxeur ? dis-je en riant.

– Oh que oui ! s'exclame Aly.

– On se battait comme ça, et comme ça ! rit Alex en mimant un combat rempli de coups de poings ridicules.

Aly explose de rire et se tient à mon épaule tout en regardant Alex faire des acrobaties.

– Comme tu l'as compris, ces deux-là ont très bien dormi. Ce n'est pas vraiment mon cas, et encore moins celui de Jallel, me répond finalement Cal.

À travers les cheveux bruns de Jallel, j'arrive à voir ses yeux verts me fixer où une lueur de tristesse m'intrigue. Hier, il est venu toquer à ma porte pour aller à la salle de sport, mais il était dans un drôle d'état. Je ne voulais pas le déranger alors je n'ai pas plus insisté, mais maintenant je me demande vraiment ce qu'il lui arrive.

Madame Beauvary finit par arriver, quelques minutes avant la sonnerie et nous rentrons tous en salle. Nous passons l'heure à faire des exercices sur le subjonctif et chacun semble lutter contre le sommeil puisque plusieurs personnes piquent du nez, sauf Alex qui semble passionné par les gribouillages de ninjas sur son cahier.

Certains élèves traînent des pieds tandis que d'autres se réjouissent d'aller en sport. Je suis contente de me retrouver avec Jallel pour continuer notre chorégraphie de porté et je dois avouer que j'attends ce cours depuis samedi matin. J'espère aussi que ça lui changera un peu les idées.

J'ai finalement repensé au fait que Jallel n'est pas danseur et je sais désormais à quoi doit ressembler la choré', j'ai eu tout le temps d'y réfléchir durant mes nuits blanches.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant