Chapire 6

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La vie est faite de plaisirs simples
à savourer au jour le jour.

°Jallel°

Je m'étire sur ma chaise alors que la prof d'anglais continue son cours. Il ne me reste plus qu'une heure d'anatomie puis pause avant de pouvoir aller boxer.

J'ai besoin de me défouler.

Le temps passe subitement trop vite, le jour fatidique va finir par arriver et ça me fout la rage à chaque fois que j'y pense. Mon cerveau ne peut pas s'empêcher de me jouer des tours et de la faire apparaître partout. Elle me suit, comme un fantôme voulant me faire passer un message.

Mais je ne veux pas le connaître, je suis venu ici pour ne plus la voir et elle continue de me poursuivre.

Ma tête dans mes bras, je soupire avant de ramener mon attention au cours. Hier, Ellaïa a rejoint notre petite bande grâce à Aly qui a su se montrer convaincante, mais j'avoue que cela ressemblait beaucoup à un kidnapping. J'ai envie de la connaître et de la voir sourire plus souvent. Le contraire n'est jamais bon signe et la noirceur ne diminue jamais sans un peu de lumière, l'encre sur ma peau en est la preuve.

Je serre les poings et j'essaie malgré moi de me concentrer sur le cours. La prof tape dans ses mains pour annoncer la fin de l'heure, quelques secondes avant que tout le monde ne commence à ranger ses affaires, puis nous salue avant d'ouvrir la porte. Le troupeau d'élèves et moi nous dirigeons vers la salle d'anatomie.

J'espère vraiment que le cours va passer vite.

***

Après avoir retiré mon t-shirt, j'enfile mes gants noirs et les scratch pour qu'ils soient bien serrés. Cal est déjà sur le ring gris et m'attend. Contrairement à la semaine dernière, le prof décide de laisser monter les volontaires sur l'estrade tandis qu'il apprend les bases à ceux qui découvrent. J'ai l'habitude d'être sur le ring.

Je passe entre les cordes blanches et rouges et je rejoins Cal au centre. Il souffle sur l'une de ses mèches grises qui lui tombe régulièrement devant les yeux avant de me défier du regard. Autour de nous, dans la salle aux couleurs marines, certains élèves nous encouragent et font des paris sur le futur gagnant.

Lorsque le coup de sifflet est donné par un des élèves, je ne perds pas de temps à me mettre en garde et j'esquive directement le premier crochet de Cal. Il commence toujours ses combats comme ça, il est prévisible.

Nous nous tournons autour pendant de longues secondes, en nous jaugeant du regard pour défier l'autre. Je lui lance un direct qu'il esquive, mais je me rattrape en lui assénant un uppercut dans le menton avec mon autre main. Il se venge en me frappant au ventre, ce qui me plie en deux, avant de me faire un overhand-punch qui me met à terre.

Mon sang pulse dans mes tempes et je grogne de douleur avant de me relever d'un bond, bien décidé à gagner. J'enchaîne un uppercut et un crochet avant d'éviter le direct de Cal, qui enchaîne avec d'autres coups que je pare difficilement. Ses cheveux gris lui collent au front et les miens gouttent le long de ma nuque.

Le coup de sifflet retentit et je relâche ma garde pour reprendre mon souffle, les poings sur les genoux.

Le prof est cool, il a remarqué que nous nous battions souvent ensemble et a laissé passer le coup au menton que j'ai reçu au début du combat, même si ce n'est pas très conventionnel. Il reste néanmoins suffisamment responsable pour nous empêcher de faire des matchs en plusieurs rounds, allant jusqu'à l'abandon de l'adversaire, car sans médecin personne ne va jusqu'au KO. Après tout, nous ne sommes pas des boxeurs professionnels mais ce genre de combat m'apporte tout de même une dose d'adrénaline que Cal apprécie autant que moi. Ce dernier retire son gant pour venir me taper sur l'épaule et me serrer la main amicalement, essoufflé.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant