Chapitre 44

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Arrêtons de dire "il est trop tôt"
ou "il est trop tard" ; le bonheur là :
il est l'instant présent.
Bruno Combes

°Jallel°

Je sens un poids glisser au-dessus de moi et la couverture quitte mon corps, tout comme sa chaleur réconfortante. Je ronchonne en gardant les yeux fermés avant de tâter le lit à la recherche de la couette. J'agrippe enfin cette dernière que je tire vers moi mais à la place j'entends murmurer.

– Mmh laisse ton t-shirt sur moi, j'ai froid.

Je frotte mes yeux avant d'observer la chambre légèrement éclairée par la lumière qui passe à travers les volets. Chambre qui n'est pas la mienne.

Comment j'ai pu oublier qu'hier, je me suis couché avec Ellaïa ? Qu'elle s'est complètement ouverte à moi et que je n'ai pas pu me résoudre à la laisser seule après ce qu'elle venait de me révéler ?

Elle pivote difficilement dans son petit lit et vient coller son visage endormi contre mon torse. Je l'enroule de mes bras et la rapproche de moi pour l'empêcher de tomber.

Je n'en reviens pas.

Je n'arrive pas à croire que le corps entre mes bras a été abusé, son esprit manipulé et qu'elle a tenu le coup toute seule. J'ai du mal à réaliser et à imaginer tout ce qu'elle a pu vivre, mais je comprends désormais. Je comprends ses peurs. Et je bouillonne de colère.

Putain, je ne le laisserai plus toucher à un seul de ses cheveux.

– Il va falloir se lever, murmuré-je contre son front.

– Laisse-moi profiter. C'est la première fois.

– Que ?

– Que je dors bien avec la personne que j'aime... sourit-elle en me serrant contre elle.

Je pose mon menton sur le haut de son crâne après avoir embrassé ses cheveux. J'ai comme la sensation que mon cœur se fissure un peu, et j'ai l'impression que plus elle m'en dévoilera, plus ce sera le cas. Elle baille bruyamment et poursuit d'une voix endormie :

– Je n'ai jamais réellement bien dormi avec Jordan. J'étais toujours réveillée en sursaut car je craignais qu'il se réveille avant moi et que ça lui déplaise, ou qu'il découvre quelque chose qui l'aurait mit en colère. Les cauchemars étaient devenus une sorte d'habitude.

Je grimace, désemparé par ses révélations. Je ne sais pas ce qu'elle attend de moi, ce qu'il faut dire dans ce genre de situation, alors je fais ce que je sais faire de mieux : je lui remonte le moral.

– On a déjà dormi ensemble je te rappelle. Enfin, on a pas beaucoup dormi...

Je me penche vers elle pour essayer de me glisser dans son cou où je viens la chatouiller avec mon nez.

– Ça ne compte pas. Les conditions étaient... spéciales.

Un rire léger s'échappe de ses lèvres et je la serre plus fort contre moi. La chaleur que me procure son corps est agréable, douce, et me prouve que je n'ai rien imaginé. Alors je profite de cet instant avant que ma rage ne remonte et que mon envie de tuer Jordan ne refasse surface.

– C'est étrange de parler de tout ça avec toi, ajouté-je.

– Oui... J'ai du mal à l'exprimer, à en parler tout court en réalité. Mais ça fait du bien.

Mes yeux terminent de s'habituer à l'obscurité, ce qui me permet d'observer le visage endormi d'Ellaïa et ses doigts jouer avec l'ourlet de mon t-shirt qu'elle m'a volé hier soir.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant