Chapitre 29

273 21 5
                                    

Rien n'est plus proche de l'absolu qu'un
amour en train de naître.
Jean d'Ormesson

°Ellaïa°

Il doit être dans les alentours de midi et demi lorsque les filles et moi quittons ma chambre afin de rejoindre les garçons sur une table de pique-nique dans la cour de la fac. Nous sommes toutes les trois heureuses de nous retrouver, je dois avouer qu'elles m'ont affreusement manqué pendant cette première semaine de vacances. Nous n'avons pas discuté de nos réveillons, puisqu'Alex nous a ordonné de l'attendre afin que l'on puisse tous partager nos anecdotes. La seule chose que nous savons, c'est qu'Aly a changé de couleur de cheveux pour passer à un gris métallique. Elle n'en pouvait plus du violet, et je trouve que ça lui va très bien, même si c'est déstabilisant au début. Ce qui ne m'empêche pas de la couvrir de compliments.

Mais le sujet phare de notre discussion est la relation entre Hanna et Cal. Ou Canna, comme les surnomme désormais Aly pour « Aller plus vite. Et puis, c'est marrant ». Notre amie nous confiait ses appréhensions vis-à-vis de leur première fois. Avant les examens, Jallel avait lancé un sous-entendu et, même si la danseuse sait qu'il blaguait, ça lui a mis la pression.

– Je n'ai jamais eu de relation assez sérieuse pour aller jusqu'à l'acte lui-même, nous explique Hanna, gênée.

Et je partage son ressenti, car je ne me sens pas du tout à l'aise pour parler de ce genre de choses.

Je ne pense pas que mes propres expériences soient de bons conseils.

– Hanna, pour commencer : l'acte en lui-même, comme tu dis, ne signifie pas forcément pénétration ! Ensuite, tu ne sauteras le pas que lorsque tu seras prête et que tu en auras envie. La pression, tu l'envoies se faire foutre !

Je hoche la tête, incapable d'ajouter quoi que ce soit de constructif, tout en notant mentalement les conseils d'Aly qui pourraient me servir. Nous nous arrêtons devant l'université, dans un petit recoin, afin de pouvoir terminer notre conversation avant de rejoindre les garçons.

– Mais Cal est expérimenté, et si je le décevais ? Et si j'y arrivais pas, que j'ai mal ou pire...

– Stop, l'arrêté-je. L'expérience, on s'en fiche. Cal s'en fiche ! Il t'aidera, te guidera, et il n'y aura rien de honteux à ça.

Je pense que ce sera ma seule contribution à cette conversation et c'est largement suffisant.

– Elle a totalement raison. Et si tu es prête et à l'aise, tu n'es pas censé avoir mal à en chialer. Puis, toute cette histoire de sang que tu peux voir dans les romans, du grand n'importe quoi, c'est super rare qu'il y en ait autant !

Aly observe à sa droite puis à sa gauche, replace ses cheveux en arrière d'un coup de main et se penche vers nous pour chuchoter :

– Pour être parfaitement cash, lors de ma première fois, avec le seul mec que j'ai fréquenté de ma vie d'ailleurs, j'ai eu mal pendant quoi ? Une minute ? Même pas. Et le sang ? La bonne blague, j'ai vu un petit point au fond de ma culotte et c'était même pas au premier rapport !

Je crois que je suis rouge comme une tomate. Hanna s'étouffe avec sa salive en riant avant de remercier Aly de l'avoir autant rassuré et d'avoir été une si bonne prof, ce à quoi elle ne s'attendait pas. Pui elle change de sujet très rapidement et je la remercie du regard, ce qui nous permet d'aller rejoindre les garçons et à ma gêne de diminuer.

Lorsque nous les retrouvons, ils nous accueillent avec de grands sourires et Cal se lève pour venir embrasser sa petite amie. Aly me lance un regard entendu dont je me détourne rapidement pour ne pas rougir encore une fois, avant de me retrouver face à Mathias, ce qui me fait sursauter. Je ne l'avais pas vu approcher. Il passe son bras par-dessus mon épaule pour m'inviter à m'asseoir.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant