Chapitre 38

8 0 0
                                    

 L'amour n'est pas doux,
il te tord les boyaux.

°Jallel°

Je ne peux pas me voir ce mec, même en peinture. A chaque fois que son sourire supérieur apparaît dans mon champ de vision, j'ai envie de lui enfoncer mon poing dans la gueule.

Il y a maintenant trois jours, les filles sont allées voir Ellaïa dans sa chambre pour essayer de comprendre ce qu'il se passait et de lui tirer les vers du nez. Résultat ? Elle nous fuit complètement. Je suis sûre que c'est ce connard qui l'oblige à ne plus nous voir, sous prétexte qu'on veut les séparer. Enfin, il n'a pas tort sur ce point en ce qui me concerne...

- Tu comptes faire semblant encore longtemps ?

Les mots de Cal me font sursauter, tellement j'étais loin dans mes pensées. Nous sortons de notre cours de boxe du soir et, comme la semaine dernière, j'ai été mauvais. Avec Ellaïa qui occupe toutes mes pensées, je n'arrive plus à rester concentré. La boxe a toujours été mon échappatoire mais c'est comme si je me trouvais constamment dans le brouillard. La remarque de Cal me ramène sur terre. Je secoue la tête. Ce garçon à le don pour me remettre les idées en place, et même amener un semblant de sourire sur mes lèvres.

- Si tu continues de me regarder comme ça, je vais commencer à croire que tu veux me sauter dessus...

- Tu ne feras croire à personne que tu n'es pas amoureux.

Cal s'arrête quelques pas derrière moi afin de m'obliger à affronter son regard. De petits nuages de vapeurs s'échappent de ses lèvres et il est évident qu'il compte me tirer les vers du nez. Je ne peux pas nier l'évidence, c'est certain. Encore moins à mon meilleur ami qui lit en moi comme dans un livre pour enfant. Mais le dire à voix haute, c'est rendre la situation encore plus réelle.

A mon tour, je m'arrête pour le dévisager et savoir si j'ai vraiment envie d'aborder ce sujet. Ça peut me faire du bien de vider mon sac. Et puis, je crois que je n'ai pas le choix.

- Je suis fou d'elle, déclaré-je en enfonçant mes mains glacées dans mes poches.

- Là, c'est trop gnangnan ! me charrie Cal qui me rejoint en trottinant pour que l'on reprenne notre route. Sérieux, son nouveau mec est insupportable.

- Mais c'est un canon.

- Il est canon que dalle, il a le QI d'une huître, ça se voit !

Nous rions de bon cœur et je crois pendant quelques secondes que Cal n'ira pas plus loin, que je me suis trompé et qu'il a simplement eu un élan de curiosité... jusqu'à ce qu'il me demande plus d'informations sur ce qu'il s'est passé lorsque Jordan est arrivé.

- Honnêtement, j'en ai aucune idée... Je suis tout autant perdu que vous. La seule chose que je sais, c'est qu'au départ elle semblait le repousser, mais qu'elle avait une sorte de choix à faire, ou je ne sais plus trop quoi. Elle n'a pas voulu m'en dire plus.

- Et qu'est-ce que tu comptes faire ?

- Ce qu'elle voudra que je fasse. C'est elle qui a toutes les cartes en mains, alors j'attends un signe pour savoir si elle a réellement fait son choix ou si elle veut encore de moi.

Cal me dévisage pendant quelques secondes encore, attendant que je poursuive, mais finit par me donner une tape amicale sur l'épaule en souriant. Le sujet d'Ellaïa s'envole aussi vite qu'il est apparu et je me demande s'il n'a pas été envoyé par les filles pour m'interroger. Elles font tout pour que la tatouée revienne avec nous et pour la comprendre, mais elle ne leur rend pas la tâche facile.

Nous finissons par arriver dans le hall de la résidence, toujours autant animée depuis le début de l'hiver. Un groupe d'étudiants jouent au Uno par terre dans un coin, un autre rit à gorge déployée sur les poufs tandis que certains sont concentrés sur leurs cours. Le froid réunit les étudiants ici, puisque les résidents invitent leurs amis pour se réchauffer.

Juste pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant