Nice to eat you

Chapitre 19

Sa série d'articles achetés par un magazine, Abby profite un peu de la vie et s'octroie un congé. Depuis plusieurs semaines, elle vit avec Mela, entretient une réelle relation de couple avec la femme la plus intrigante qu'elle n'ait jamais connue. Selon sa façon de s'habiller et son attitude, elle peut passer pour plus jeune qu'elle ne l'est. Le sexe est divin, elle n'a jamais autant eu de rapports sexuels, encore moins avec la même personne.

Depuis les doubles portes ouvertes du van, garé en bord de mer, elle regarde Mela sortir de l'eau, nue, qui la rejoint avant de s'asseoir près du feu.

« Tu ne manges jamais avec moi.

- Je suis une diète compliquée, je mange de la viande crue, tu sais, comme le carpaccio.

- Ou le tartare, je connais. Que je sois végétarienne ne t'empêche pas de t'asseoir avec moi pour manger.

- Je pourrais, mais... un jour, peut-être. Tu travailles sur quoi ?

- Je n'en suis pas certaine, un roman je crois. Je m'inspire un peu de toi. Je me cherche. Elle parle plusieurs langues, connaît des tas de trucs sur des villes dans de nombreux pays. C'est peut-être une espionne.

- Ou une tueuse à gage.

- J'aime bien, » reprend Abby. « J'adore l'idée. Elle tue pour quoi ?

- Pour survivre. Elle n'a pas le choix, » répond Mela.

« D'accord. Donc une ancienne tueuse à gage qui a pris sa retraite, mais son employeur n'est pas d'accord car elle sait où sont caché les corps, vu que c'est elle qui les a enterrés. J'aime ça. Mais la question essentielle, est-ce qu'elle mange ?

- En cachette, elle est gênée, elle est végan, » sourit Mela.

Abby éclate de rire avant de baisser l'écran de son ordinateur.

« Je t'aime. Tu me rends complètement dingue. Qu'est-ce que tu attends de moi ?

- Ne change pas, je veux te garder telle que tu es, avec ton sexe.

- Mais...

- Je t'aime telle que tu es.

- Non, mais visez-moi ça ! » s'exclame une voix accompagnée de rires se rapprochant.

L'attitude de Mela change dans la seconde, devenant autoritaire.

« Rentre dans le van et ferme les portes, Abby.

- Attends, j'ai une bombe lacrymo.

- J'ai mieux que ça, » gronde-t-elle en fermant les deux portes battantes.

« Alors, ma jolie, on prend l'air ?

- Vous auriez mieux fait d'aller sur une autre plage, les gars, » grogne-t-elle.

« Mais non, c'est ici que la fête a lieu. Ta copine peut se joindre à nous, » rigole un des hommes en s'avançant vers le van. Les ongles de Mela s'allongent immédiatement sans qu'elle ne se transforme. La bête veut protéger Abby elle aussi.

« Tu touches à cette porte et tu le regretteras amèrement. »

Abby se couvre les oreilles en criant alors qu'elle entend un hurlement. Elle entend les hommes hurler, couiner même et en quelques secondes, c'est le silence. Quand elle se redresse, écartant un rideau, elle ne voit presque rien à travers la fenêtre teintée. Ouvrant la double porte, elle se claque aussitôt sur elle.

« Reste à l'intérieur, ils sont en train de partir. Attends avant de sortir.

- C'était quoi ces cris ?