« J'y vais, » murmure Isabella en retirant le bras de Gwen qui l'entoure.
- Tu es ma femme.
- Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Rendors-toi, on se voit dans le bus tout à l'heure.
- Il faudra que l'on discute de nos choix universitaires, on va habiter ensemble, hein ?
- Bien sûr, mon amour. Ferme les yeux et dors. »
Isabella s'habille et se glisse derrière le rideau, grimpant sur le rebord de la fenêtre avant de la tirer vers elle et de sauter en se donnant le maximum d'amplitude, disparaissant dans la seconde.
En bâillant, Gwen se laisse tomber sur le siège contre Isabella avant de poser la tête sur son épaule.
« Dure nuit ? » s'amuse une de ses suiveuses.
« Je me suis mariée et j'ai profité de ma nuit de noce, » confirme Gwen avant de glisser sa main dans celle d'Isabella. La journée passe différemment pour chacune des filles. Elle est aussi longue et pénible pour Gwen qu'une traversée du désert. Pour Isabella, c'est tout le contraire. Elle n'échappe pas à un passage dans le bureau du directeur, puis dans celui du conseiller scolaire. Elle a toujours été une élève brillante et réservée mais depuis quelques jours sa personnalité a radicalement changé et tous cherchent à comprendre, la situation étonnant Isabella.
« C'est effarant. Vous rejetez ma réaction sur moi sans aucune introspection quant à votre comportement et votre politique ! Vous cautionnez le comportement d'un violeur ! Je suis estomaquée. Et parce que je m'élève contre ça, c'est moi que l'on blâme ? Ce sont les valeurs que vous défendez ? Que vous voulez nous inculquer ? Que croyez-vous que l'on va retenir de cette histoire ? Ce n'est pas mon image qui va en pâtir, ça ne nuira en rien à ma future carrière, au contraire. Je veux bien discuter toute la journée avec vous, avec chaque conseiller et pédagogue que vous avez sous la main, pour essayer de me faire changer d'idée, mais soyez convaincant. Pour l'instant, je n'éprouve que de la honte. Alors, que fait-on ? » demande-t-elle en regardant les différents membres du personnel lui faisant face. « J'ai l'impression d'être à Nuremberg, pardon Madame Rosenfeld, mais vous voir tous en face de moi, j'ai l'impression d'être devant des juges et d'être l'accusée. Pour le moment, je suis la victime d'une agression, au même titre que Beth. Je ne sais pas dans quelle réalité vous vivez, mais il y a quelque chose qui ne va pas. On se croirait dans du Shakespeare ! Alors, maintenant, si vous m'avez fait venir ici pour me dire que le violeur veut porter plainte pour agression, je suis plus que prête à aller signer ma déposition au poste de police et à faire face à mon accusateur, s'il a le courage de se déplacer. Mais j'en doute, ce n'est qu'un lâche, car il faut l'être pour droguer une fille dans l'unique but de la violer. Pendant que je vous tiens, pourriez-vous demander au Monsieur de la maintenance de passer dans les toilettes des filles ?
- Pourquoi ? » question le directeur, surpris par le changement de direction de la conversation.
« Il y a des affiches sur la prévention contre les agressions, pour nous demander d'être prudente quand nous sortons. Elles sont complètement déplacées dans le contexte actuel et minent votre crédibilité. Mesdames, » salue Isabella en se levant.
« Où allez-vous ? Nous n'avons pas terminé, » intervient le directeur.
« Je vous écoute, » soupire Isabella en s'asseyant, écoutant d'autres récriminations.
« D'accord, j'avoue, je les ai insultés. Ils ont cherché à m'intimider physiquement, mais ils ne m'impressionnent pas, alors j'ai utilisé une technique assez classique en politique, j'ai attaqué mon adversaire sur son point faible et l'ai exploité. Maintenant, je vais aller en cours, que je sois une bonne élève ne justifie pas que je manque des cours. De plus, si vous persistez dans votre idée à me rendre coupable de la défection du violeur au match de samedi, je manquerai d'autres cours pour faire une conférence de presse depuis l'hôpital avec une copie en main de la déposition que j'irai faire juste avant au poste de police. Je ne vous menace pas, je vous préviens. Vous voyez, ça marche dans les deux sens. Je me permettrais un commentaire avant d'y aller, que vous le vouliez ou non, si jamais il vous prend l'envie de foutre la merde avec mes notes et celles d'Elizabeth Christie, cela ne restera pas sans conséquence. Et comme il est bien évidemment parvenu à vos oreilles que je suis en couple avec Gwen Anderson, si ses notes venaient étrangement à chuter, blablabla. Sommes-nous bien d'accord ? Bien, alors j'y vais. C'était enrichissant comme rencontre, mais évitons de remettre ça. »
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Nice to eat you
ParanormalElle va et vient, se déplaçant la nuit pour se nourrir. Morte huit cent ans plus tôt, Amelia n'est pas revenue seule à la vie. Celle qui l'accompagne est une carnivore affamée. Mais dans les brumes sanglantes de sa lente errance, Amelia a gardé une...