Chapitre 37

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À l'intérieur du bar, l'obscurité accueillit Isabella comme une vieille amie.

La fraîcheur ambiante la fit frissonner. Des néons défaillants clignotent au-dessus du bar, éclairant la pièce d'une lueur quasi surnaturelle. Des néons de marques de bière et des publicités pour des cigarettes avec l'iconique cowboy américain décorent l'endroit. Deux personnes occupent l'unique table de billard.

D'un signe de tête, elle salue le barman qui essuie distraitement un verre avec un chiffon usé et commande une bière avant de se diriger vers une banquette d'angle au fond de la salle, le siège en cuir usé l'accueillant. Du regard, elle scrute la pièce, évaluant chaque visage, chaque menace potentielle. La faible luminosité du bar projetait de longues ombres qui dansaient le long des murs, créant une atmosphère intrigante.

Le barman s'approcha d'elle, posant un bouteille de bière sur la table avec un bol de cacahuètes avant de retourner derrière son zinc au chrome dont le lustre avait connu de meilleurs jours. Isabella se contenta de se renfoncer contre la banquette, afin de profiter d'un abri temporaire. Forcément, une jolie femme comme elle, dans ce bar, intriguait. Personne ne l'avait jamais vu, elle n'était pas cliente. L'un des clients, plus audacieux que les autres se leva, bière à la main pour tenter une approche, mais le regard qu'elle lui lança suffit à le faire retourner à sa place sous les rires de ses amis.

« Il ne faut pas leur en vouloir, » dit une voix dans son dos. « Ils viennent ici pour ne pas être chez eux, à subir les jérémiades de leurs femmes, de leurs gosses ou simplement pour éviter d'être seuls et là, ils voient un miracle se produire. C'est rare les miracles, mais ils en ont été témoins.

- Quel miracle ? » demande Isabella sans se retourner pour voir qui lui parle.

« Ils ont vu un ange.

- Un ange ?

- Pas un de ceux de la télé avec des ailes blanches et une auréole sur la tête, mais un vrai.

- Il faudrait ralentir sur les consommations. »

Matthew était de ces hommes, de ceux qui viennent passer le temps ici plutôt que d'être seul chez lui. Il avait vu la femme entrer avec ses cheveux aussi sombres que la nuit, son regard aussi noir qu'un puit sans fond. Elle était une énigme qui ne demandait qu'à être résolue. Ses cheveux sombres tombaient en cascades ondulées sur ses épaules, encadrant un visage aux traits délicats mais marqués par une détermination indomptable. Il comprenait les autres clients, elle dégageait une force magnétique qui attirait tous les regards.

Il se leva de sa banquette, d'autres clients observant la scène avec un mélange d'approbation et d'amusement. D'un pas assuré, il se dirigea vers sa banquette et s'assit, son regard ne quittant pas celui de la mystérieuse inconnue. Le silence semblait chargé d'électricité. Les yeux d'Isabella se fixèrent sur les siens avec une intensité qui lui donna des frissons, semblant lire au plus profond de son âme.

« Tu vis dangereusement, toi.

- C'est l'histoire de ma vie. »

S'il pensait ouvrir une conversation, son entrée en matière retomba à plat, Isabella ne releva pas.

« Aux nouvelles rencontres, » dit-il, en levant sa bouteille pour trinquer, mais Isabella ne réagit pas. « Tu es du genre peu causant.

- C'est l'histoire de ma vie, » réplique-t-elle, le faisant sourire sans obtenir le même résultat d'Isabella.

« Première visite au Crest ? Je sais ce que c'est, il ne paye pas de mine vu de l'extérieur, mais c'est assez intimidant une fois à l'intérieur. Une partie de l'Histoire de notre beau et grand pays a été écrite en ce lieu. » Matthew regrettait son entrée en matière, se trouvant même ringard. Isabella le regarda avant de se pencher lentement, son regard embrassant le bar avant de reprendre sa position.

Nice to eat youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant