Chapitre 38

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La clochette au-dessus de la porte du Brews Booker résonna dans l'air, annonçant l'entrée d'Isabella dans le café-librairie. Les rayons du soleil disparaissaient de plus en plus, filtrant encore à travers les fenêtres, créant des motifs complexes sur le sol en bois vieilli. Une pénombre voulue régnait, soulignant l'atmosphère de mystère qui enveloppait chaque étagère de livres.

Isabella s'avança dans le café, où le parfum envoûtant du café fraîchement moulu se mêlait à celui du papier. Les étagères étaient des portails vers des mondes inexplorés, des voyages immobiles où chaque volume renfermait des vérités qui, une fois dévoilées, ne pouvaient être occultées, des histoires d'amours impossibles et tortueuses faisant battre quelques cœurs alanguis, des portails vers des réalités alternatives, des miroirs où se reflétaient des choix, des regrets et des possibilités inexplorées, des invitations à explorer les recoins de l'existence humaine, à questionner la moralité et à plonger dans l'abîme des pensées interdites.

Elle s'assit au dernier rang et attendit le début de la présentation, observant les participants. Elle sourit en voyant une jeune fille entrer, du maquillage noir autour des yeux, deux petits crocs dépassant de ses lèvres, portant un corset victorien à dentelle et une cape. Celle-ci s'installa à ses côtés en lui souriant.

« Bonsoir.

- Joli corset, » chuchota Isabella.

« Je me demande comment les femmes faisaient pour porter ça toute la journée.

- Le diktat de la mode au XVIe siècle. Néanmoins, il vous va très bien.

- Merci. »

Sa jeune voisine salua une amie qui venait d'arriver et qui l'enlaça avant de s'asseoir à ses côtés.

À l'heure prévue, un homme s'installa derrière une petite table, se présentant comme un auteur dont n'avait jamais entendu parler Isabella, mais qui était apparemment bien connu de ses jeunes voisines. Isabella écoutait les généralités, les délires, les bêtises mais cela l'amusait d'écouter quelqu'un parler des vampires comme s'il savait de quoi il parle. À la fin de la présentation, plusieurs participants allèrent à la rencontre de l'auteur. Isabella préféra errer entre les étagères de la librairie. À cause de sa mère, elle avait toujours aimé les librairies, l'accompagnant souvent lors d'événements, de séances de signatures. À la différence de l'auteur de ce soir, Abby ne se posait pas en experte, même si elle en savait plus sur le sujet de sa série de romans que tous les pseudos experts en vampires.

Elle sélectionna deux livres avant de passer à la caisse.

« La Ghoule. Eh bien, c'est d'un style très différent de la présentation de ce soir.

- En effet, j'aime l'auteure, » souria-t-elle. « Je ne dis pas que ce n'était pas intéressant, j'étais surtout curieuse.

- Quel que soit le médium, l'essence du vampirisme c'est l'immortalité, c'est ce qui attire les amateurs bien avant le côté gore.

- Être figé dans le temps, un observateur impuissant des cycles de la vie, est-ce une bénédiction ou une malédiction ?

- Voilà une question philosophique qui mérite d'être posée une prochaine fois. En tout cas, cela vous aura permis de venir en cet humble temple du savoir et de la réflexion.

- De l'imagination surtout.

- C'est vrai. La semaine prochaine, nous recevons une auteure de romance, si cela vous intéresse.

- Je crois que je préfère les vampires, » rigole Isabella.

« Elle en écrit aussi, l'érotisme vampirique plaît beaucoup.

Nice to eat youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant