Nice to eat you

Chapitre 1

Les gyrophares éclairent le parking, toutes les chambres ont été évacuées, la rue est quadrillée et plusieurs policiers recueillent les témoignages des commerçants du quartier qu'ils ont pu contacter, des employés du motel. La météo n'est pas du côté des forces de l'ordre alors que l'hiver fait rage. Le vent souffle si fort que l'on peut difficilement entendre les sirènes des renforts. Avec la neige tombante, les reflets ressemblent à une toile de Pollock, des éclats de couleurs projetés ici et là.

Une ambulance essaye tant bien que mal de rouler dans la tempête, les essuis-glaces battant à pleine vitesse, en vain, les gyrophares rouges donnant aux flocons de neige un aspect sinistre.

« Bordel de merde, je n'y vois rien !

- Ralenti avant que l'on se plante parce que tu auras manqué un virage.

- Je connais cette route comme ma poche, je pourrais y rouler les yeux fermés.

- Alors pourquoi tu t'énerves ?!

- Ta gueule, Phil. Le client tient le coup ? » demande-t-il en criant presque pour couvrir le bruit du vent et celui des sirènes.

« Je me demande comment. Je fais ce que je peux pour lui, mais vu son état, ça tient surtout du miracle. »

L'homme allongé sur la civière ouvre brusquement les yeux, faisant sursauter l'ambulancier.

« Nom de dieu ! Il est conscient ! » crie-t-il à son collègue qui conduit pied au plancher.

« Sangle-le, » crit-il en voyant leur client se débattre.

« Calmez-vous, vous êtes dans une ambulance, nous vous emmenons à l'hôpital, » tente de le calmer l'ambulancier.

« J'ai vu le démon. Il est parmi nous ! »

L'homme convulse tandis que son rythme cardiaque s'accélère.

« Hyperventilation ! »

Dans la cabine, l'opérateur radio essaye d'obtenir des informations en vue de préparer l'arrivée aux urgences.

« Homme blanc, la cinquantaine, lacérations multiples sur le corps, les entrailles pendent à l'extérieur d'une plaie au niveau du ventre, perte de sang importante, une oreille arraché, deux doigts arrachés à la main droite. L'homme vient de reprendre conscience et est très agité. Prévoir une assistance, homme en surpoids important. Identification en cours par la police. Il a été retrouvé dans une chambre non louée.

- Cathéter posé, » annonce le deuxième ambulancier. « J'administre une solution saline pour irriguer la veine. »

Ils s'y prennent à plusieurs pour sortir le blessé de l'ambulance, deux infirmiers poussant la civière vers les urgences, l'ambulancier expliquant ce qu'il a fait et les informations communiquées par les policiers lors de la prise en charge du blessé. Leur rapport remis, ils repartent au moment où une voiture de police arrive, deux agents se présentant pour avoir des informations sur l'état de santé de la victime.

« Est-ce qu'il a parlé ?

- Dans l'ambulance, oui. Il a demandé à mourir.

- Et depuis ?

- Il vient d'arriver, et je peux vous assurer qu'il n'est pas en état de parler, » explique une infirmière avant de s'excuser de de passer entre les deux policiers.

Attendant dans le couloir, les deux agents surveillent le couloir patiemment avant de voir l'infirmière sortir de la salle d'opération avec une taie d'oreiller.

« Voici ses affaires, Messieurs, » dit-elle en tendant la taie.

« Merci, Madame.

- Vous pouvez rentrer au poste.