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Les semaines qui suivirent furent particulièrement éprouvantes pour Fergal. Déterminé à récupérer, il s’imposait un rythme acharné, se forçant à s’asseoir, à bouger ses membres, à parler plus, à sourire malgré la douleur constante. Chaque geste était un défi, chaque pas en avant une bataille. Il voulait retrouver sa vie d'avant, être l'homme qu'il avait été, et surtout, ne plus voir la douleur dans les yeux de Mave.

Mave, quant à elle, voyait son mari se pousser au-delà de ses limites, et même si elle admirait sa force, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. « Fergie, tu dois ralentir. Tu te fais du mal, tu n'as pas à tout faire tout de suite, » lui disait-elle doucement, caressant sa main. Mais Fergal, avec obstination, secouait la tête. « Je veux que tu arrêtes de souffrir à cause de moi, Mave. Je dois me remettre sur pied... Je te dois ça. »

Alors que Fergal s'efforçait de revenir à son ancienne forme, Philip continuait à rendre visite à Mave. Bien qu'il ait joué un rôle crucial pendant la période où Fergal était entre la vie et la mort, la jalousie bouillait en Fergal. Il savait que Phil avait été un soutien pour Mave, et cela le rongeait. Chaque fois que Phil entrait dans la chambre, un voile de méfiance et de possessivité s'abattait sur lui. **Fergal avait repris sa place**, et même affaibli, il voulait le faire savoir à tous.

Un jour, après une visite de Phil, Fergal lança d'un ton sec à Mave : « Pourquoi continue-t-il de venir ? Je suis là maintenant. Il n’a plus besoin d’être dans nos vies comme avant. »

Mave, surprise par la dureté de ses mots, s'assit à côté de lui. « Fergie, il a été là quand j'avais besoin de quelqu'un. Il m’a soutenue... Mais toi, tu es là, et c’est tout ce qui compte. Je t’aime, toi. »

Ces paroles apaisèrent un peu Fergal, mais la jalousie persistait, alimentée par sa peur de ne pas être à la hauteur pour Mave après tout ce qu’elle avait traversé.

Fergal fixait la porte de la chambre d’hôpital d’un air sombre après que Philip soit parti. Il avait été particulièrement démonstratif envers Mave aujourd'hui, lui prenant la main, la serrant contre lui plus longtemps que nécessaire lorsqu'il l'avait saluée. Fergal avait observé tout cela, impuissant, et la colère bouillait en lui.

Mave s’approcha du lit, fatiguée mais soucieuse. « Ça va, Fergie ? Tu veux quelque chose ? »

Fergal serra la mâchoire. « Pourquoi est-ce qu'il doit toujours être là ? Pourquoi Phil revient encore et encore comme ça ? »

Mave, surprise par le ton acerbe de Fergal, s’arrêta. « Phil a été là pour moi, Fergie. Il m’a soutenue quand tu… quand tu n’étais pas là. »

Fergal tourna la tête, sa voix pleine de frustration et de douleur. « Et moi, je suis quoi ? Une ombre ? Un fantôme dans ton monde maintenant ? Parce que je suis faible, parce que je suis cassé, tu vas te tourner vers lui ? » Il cracha presque les mots, ses yeux brillant d’une colère refoulée.

Mave secoua la tête, incrédule. « Fergie, qu’est-ce que tu racontes ? Phil ne prend la place de personne. Il a été là quand j’en avais besoin, mais c'est toi que j’aime, toi qui es mon mari ! »

Fergal serra les poings sur les draps, sa voix tremblant. « Mais regarde-moi, Mave ! Je suis cloué à ce lit ! Je ne peux même pas marcher, je ne peux pas être là aux échographies, je ne serai même pas debout quand notre bébé naîtra ! » Il déglutit, les larmes au bord des yeux. « Je ne suis plus l’homme que j’étais. Et pendant ce temps, Phil… lui, il est là. Il te touche, il te regarde comme si tu étais encore la sienne ! Et toi, tu le laisses faire sans te rendre compte de ce qu’il ressent vraiment. »

Mave recula, choquée par ses paroles. « Fergal, ce n’est pas vrai. Je t’ai toujours choisi, toi. Je ne suis pas aveugle, mais Phil ne fait que m’aider… »

« Aider ?! » s’emporta Fergal en haussant la voix, malgré la douleur qui traversa son corps à ce geste. « Il essaie de prendre ma place, Mave ! Et tu ne le vois même pas, parce que tu passes tes journées à penser à lui comme un soutien, alors que moi, je ne peux même pas être là pour toi comme je le devrais. »

Les larmes commencèrent à couler sur les joues de Mave. « Tu ne comprends pas, Fergal. Tu ne te rends pas compte à quel point j’ai été là pour toi, à quel point j’ai tout donné pour toi ces dernières semaines. Je n’ai jamais abandonné, je n’ai jamais baissé les bras ! »

Fergal détourna le regard, sa voix plus calme, mais teintée d'amertume. « Peut-être que tu n’as pas abandonné, mais regarde où je suis, Mave. Je ne peux plus te protéger. Je ne peux plus te soutenir comme avant. Et Phil… il est là, prêt à tout pour te récupérer. »

Mave s'approcha, prenant doucement la main de Fergal. « Fergie, tu es tout pour moi. Peu importe ce que Phil veut ou ce qu’il pense. Toi et moi, on a survécu à tout ça, et on va continuer à se battre ensemble. Tu es l'homme que j’aime, celui avec qui je veux élever notre enfant. Ne doute jamais de ça. »

Fergal, épuisé par l'effort de la dispute, serra faiblement la main de Mave, mais l'inquiétude et la peur de la perdre restaient gravées sur son visage. « Promets-moi qu’il ne prendra jamais ma place. »

Mave hocha la tête, les yeux brillants d’émotion. « Je te le promets. Il n’y a que toi. Toujours. »

Fergal, allongé sur le lit d'hôpital, la voix tremblante, laissa couler des larmes silencieuses, incapables de contenir plus longtemps la douleur qui le déchirait. Ses yeux humides fixaient le plafond, et Mave, le cœur brisé, l’écoutait, incapable de trouver les mots qui pourraient soulager cette peine.

« Mave… je… » Sa voix se brisa. « Je veux te serrer contre moi. Je veux te sentir comme avant, te prendre dans mes bras, te porter… » Il ferma les yeux un instant, se laissant emporter par cette vague de tristesse qui l’étouffait. « Sentir notre bébé grandir, être là pour vous deux. Mais je peux pas. Parce que mon corps refuse de faire ce que je lui demande. Parce que je suis là, cloué à ce lit, et je ne peux rien faire. »

Mave s’approcha, s'asseyant doucement sur le bord du lit, sa main serrant celle de Fergal avec amour, mais cela ne calmait pas son angoisse. Il tourna la tête vers elle, ses yeux rougis par les larmes.

« Et Phil… lui, il te prend contre lui, il te ressent contre lui. Moi… moi, je sens même pas mes jambes. Je peux même pas te serrer contre moi, Mave. Tu te rends compte à quel point ça fait mal de voir ça ? De savoir qu'il est là, prêt à te consoler, alors que moi… » Sa voix se perdit dans un sanglot étouffé, la gorge nouée par l’émotion. « Je suis ton mari, et je ne peux même pas te protéger de cette douleur. »

Mave, en pleurs elle aussi, se pencha et prit doucement le visage de Fergal entre ses mains, l’obligeant à la regarder. « Fergal… écoute-moi. C'est toi que j'aime. Toi, pas Phil. Je comprends ta frustration, ta colère, ta douleur, mais tu es ici, avec moi, vivant. Tu te bats pour revenir. »

Elle caressa tendrement son visage, le regard rempli d’amour. « Je sais que c’est dur, mais tu es là, et c'est tout ce qui compte pour moi. Tu vas te relever, peut-être pas tout de suite, mais tu vas y arriver. On va y arriver ensemble, Fergie. Je ne veux pas être contre quelqu'un d’autre. Je veux être avec toi. »

Fergal serra faiblement la main de Mave, ses larmes continuant de couler, mais une lueur d’espoir apparaissait dans son regard. Mave approcha son visage du sien, leurs fronts se touchant. « Tu ne m’as jamais perdue, Fergie. On va se battre ensemble. »

« Mais… et si je ne pouvais plus jamais… ? » murmura Fergal, l’angoisse dans la voix.

Mave secoua doucement la tête, coupant ses paroles. « Non. On ne pense pas à ça. On avance, petit à petit. Et je suis avec toi. Toujours. »

Who she supposed to be ? (Mave Burton)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant