(Alternate version pt2)

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Le matin est brumeux, froid et silencieux. Mave vient de déposer les enfants à l'école, le cœur lourd comme à chaque fois qu'elle doit affronter seule ce quotidien qu'ils partageaient autrefois. Les rues sont calmes, les rires de ses enfants résonnent encore dans ses oreilles, mais l'écho de ce bonheur semble maintenant lointain, irréel. Elle rentre chez eux, ou plutôt dans cette maison qui est devenue une tombe de souvenirs.

En franchissant la porte d'entrée, elle est accueillie par un silence oppressant. Le silence de son absence. Mave pose ses clés sur la table, son regard se perdant dans le vide. Puis, un bruit la fait sursauter.

La sonnerie du téléphone de Fergal retentit.

Son cœur s'arrête. Le son familier, celui qu'il avait choisi, un vieux morceau de U2 qu'ils aimaient tous les deux. Cette mélodie douce, joyeuse, emplit la pièce, contrastant cruellement avec l'atmosphère pesante. Mave s'immobilise, comme figée dans le temps. Pendant une fraction de seconde, elle ose espérer. Peut-être qu'il va entrer dans la pièce, sourire aux lèvres, attrapant son téléphone comme il le faisait toujours, avec cette étincelle dans les yeux.

— *"C'est sûrement lui,"* murmure-t-elle, sa voix à peine audible, pleine d'espoir insensé.

Elle s'approche lentement, presque en apnée, comme si chaque pas vers ce téléphone pouvait faire revenir Fergal, le faire apparaître devant elle. Sa main tremble lorsqu'elle atteint enfin le téléphone. Mais l’écran affiche un numéro inconnu. La réalité la frappe comme un coup de poignard. Fergal ne répondra pas. Fergal n’est plus là.

Elle décroche le téléphone, le porte à son oreille, mais ne dit rien. Le souffle rauque de l’autre côté, une voix confuse qui demande si elle peut parler à Fergal. Mave raccroche sans répondre. Sa main se resserre autour du téléphone, et elle le laisse tomber sur le canapé.

La sonnerie résonne encore dans sa tête, comme un écho de ce qu’elle a perdu. Elle s’effondre sur le canapé, prenant l’oreiller de Fergal qu’elle n’a pas osé laver. Elle l’étreint contre elle, son visage enfoui dans le tissu imprégné de son odeur, ce parfum de menthe poivrée et de musc qui lui est si familier.

Elle pleure, ses sanglots étouffés par l’oreiller, comme si cela pouvait étouffer sa douleur.

Mave se redresse péniblement, se traînant jusqu’au placard où elle a entassé ses affaires. Les vêtements de Fergal sont encore là, pendus comme s’il allait revenir les porter demain. Ses chemises, ses costumes de ring, même son vieux jean déchiré qu’elle aimait tant. Chaque bout de tissu raconte une histoire, un moment partagé, un instant de bonheur simple.

Elle tend la main, frôle une chemise bleu marine. La préférée de Fergal. Celle qu’il portait lors de leur dernière soirée ensemble, avant l’accident. Elle la prend délicatement, la serre contre elle. Une vague de souvenirs l’envahit. Son rire, ses baisers, la chaleur de ses bras autour d’elle.

— *"Reviens,"* murmure-t-elle, sa voix brisée. *"S’il te plaît, reviens…"*

Mais il n’y a que le silence en réponse.

Mave décide, dans un élan de courage mêlé de désespoir, qu’il est temps de ranger ses affaires. Elle ouvre une boîte en carton et commence à y placer ses chemises, une par une. Mais chaque vêtement qu’elle touche la ramène à un souvenir, un moment passé ensemble. La première chemise qu’il portait le jour de leur rencontre. Le t-shirt qu’il avait taché de sauce tomate lors de leur premier repas en famille. Sa veste en cuir qu’il lui prêtait quand elle avait froid.

Ses mains tremblent. Elle n’arrive pas à le faire. Elle s'effondre, laissant tomber une pile de vêtements sur le sol. Les souvenirs sont trop lourds à porter. Elle ramasse une veste a capuche solitaire, froissée et usée, et la porte à son visage, sentant cette odeur familière, cette odeur de vie qui l’a quittée.

Who she supposed to be ? (Mave Burton)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant