Malgré le bonheur grandissant à l’approche de la naissance de leur fils, Fergal n’a pas complètement abandonné ses anciennes habitudes de se pousser à bout. Toujours hanté par la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir être le mari et le père que Mave mérite, il dépasse fréquemment ses limites physiques. Depuis sa sortie de l’hôpital, bien que presque remis, Fergal continue à forcer son corps au-delà de ce qu’il peut tolérer.
Chaque matin, il se lève tôt pour s’entraîner, bien avant que Mave ne se réveille. Ses jambes, encore faibles de la rééducation, tremblent parfois sous l’effort, et sa cicatrice, résultat de l’opération qu’il a subie, le lance douloureusement à chaque mouvement trop brusque. Mais il serre les dents, refusant de céder à la douleur. Lorsqu'il est seul, loin des yeux de Mave et de ses proches, il pousse son corps à bout, s’obligeant à courir sur le tapis, à soulever des poids, à répéter encore et encore des mouvements qui font hurler ses muscles.
Les médecins lui ont conseillé de prendre son temps, de ne pas précipiter la guérison. Pourtant, Fergal s'acharne. Son obsession de retrouver sa forme physique d’avant l’accident le consume. Il veut être capable de porter son fils, de le tenir dans ses bras avec force et sécurité, de courir avec lui un jour. Mais surtout, il veut prouver à Mave qu’il est là, qu’il n’est plus le mari faible et alité qu'il a été pendant tant de mois.
Un après-midi, alors que Mave est allée faire quelques courses, Fergal décide de repousser encore une fois ses limites. Il se rend à la salle de sport qu’ils ont aménagée à la maison. Il commence doucement, comme on lui a appris : des étirements, une marche lente sur le tapis de course. Mais rapidement, l’impatience le gagne. Il augmente la vitesse, malgré la sensation de brûlure dans ses jambes. Ses muscles protestent, sa respiration devient irrégulière, mais il ne s’arrête pas.
Il passe ensuite aux poids, ignorant la douleur lancinante dans ses bras. La sueur perle sur son front, son dos est en feu, mais il continue. À chaque répétition, il sent ses jambes vaciller légèrement sous le poids, son corps l’avertir que cela suffit, qu’il en fait trop. Mais Fergal ne l’écoute pas. Il serre les dents et continue, le visage crispé par l’effort.
Fergal sentait la douleur se propager dans tout son corps, mais il refusait d'abandonner. Sa respiration était lourde, haletante, et chaque mouvement qu'il faisait envoyait une vague de feu à travers ses muscles. Il tenait pourtant, les mains crispées sur les poids, le visage déformé par l'effort. Il n'avait pas le droit d'échouer, pas maintenant. Pas quand tout était presque revenu à la normale. Il voulait être prêt pour Cian, être le père fort et présent qu'il se promettait de devenir. Mais son corps, lui, avait d'autres plans.La douleur était devenue insupportable, comme si sa cicatrice, ce rappel constant de sa fragilité, se fissurait à chaque mouvement. Fergal entendit un craquement sourd dans son esprit, un mélange de frustration et de panique, et avant même de s'en rendre compte, il lâcha les poids. Ils s'écrasèrent lourdement au sol dans un bruit qui résonna comme un coup de tonnerre, et ses jambes, épuisées, le trahirent. Il s'effondra à genoux, les bras tremblants, un gémissement de douleur lui échappant.
Il haletait, son cœur battant si fort qu'il pouvait le sentir dans sa gorge. Il était là, à genoux, le front presque touchant le sol, dans un mélange de colère, de douleur et de honte. Comment avait-il pu tomber si bas ? Lui, Fergal, celui qui n'avait jamais faibli, jamais plié, se retrouvait maintenant au sol, incapable de se relever, incapable de même respirer sans douleur.
Quand Mave rentra, le cœur déjà lourd d'inquiétude, elle ne mit pas longtemps à le trouver dans cette position. Elle le vit là, brisé, le corps tordu sous l'effort, et la peur qu’elle avait refoulée pendant des mois se précipita en elle comme une vague incontrôlable. Elle lâcha tout ce qu'elle tenait et courut vers lui, les mains tremblantes, la gorge nouée.
« Fergal ! » Sa voix était plus un cri de panique qu'un appel, et elle tomba à genoux à côté de lui. Ses mains se posèrent sur son dos trempé de sueur, sentant ses muscles contractés et crispés sous la douleur.
Il ne releva pas la tête, incapable de la regarder. Il ne voulait pas qu’elle voie ce qu’il était devenu. Il ne voulait pas qu’elle le voie, lui, cet homme réduit à néant par un simple entraînement. Sa respiration saccadée laissait échapper des sanglots étouffés qu’il tentait de réprimer.
« Fergal, parle-moi, s’il te plaît, » supplia-t-elle doucement, sa main glissant vers sa joue, tentant de capter son regard.
Il leva enfin les yeux, et ce qu’elle y vit lui brisa le cœur. Des larmes silencieuses roulaient le long de ses joues, et son regard, habituellement si fier, était maintenant rempli d’une détresse qu’elle ne lui avait jamais vue. « Je suis… tellement désolé, Mave. » Sa voix se brisa en un murmure presque inaudible. « Je voulais juste… être assez. Je voulais te montrer que je peux encore être celui que tu mérites, mais regarde-moi… »
Mave sentit les larmes monter, mais elle les retint. Elle devait être forte, pour lui. « Fergal… tu es assez. Tu l’as toujours été. Regarde tout ce que tu as traversé. Ce que tu as survécu. Je n’ai jamais cessé de croire en toi, et je n’arrêterai jamais. »
Il secoua la tête, ses mains tremblant contre le sol. « Je ne serai pas debout pour l’accouchement, je ne pourrai pas te soutenir, te tenir la main sans faillir… Je ne pourrai même pas porter notre fils correctement. J’ai tout essayé, Mave. Je suis désolé de te décevoir… »
« Décevoir ? » Sa voix se fit plus forte, presque en colère, mais cette colère n’était pas dirigée contre lui. « Tu crois vraiment que tu me déçois ? Fergal, tu es l’homme le plus fort que je connaisse. Même quand tu penses que tu es à bout, tu trouves encore de la force pour continuer. C’est ça, être un père, être un mari. Ce n’est pas de porter les choses physiquement, c’est de porter le poids de tout ça dans ton cœur. Et tu le fais chaque jour. »
Fergal ferma les yeux, laissant ses larmes couler librement. Il sentit les mains de Mave sur son visage, douces et réconfortantes, et pour la première fois depuis longtemps, il se laissa aller à pleurer, à lâcher ce fardeau qu’il s’imposait.
« Je veux juste être là pour toi… et pour lui… »
Mave se pencha, leurs fronts se touchant doucement, leurs respirations s’entremêlant. « Tu es là, Fergal. Et c’est tout ce qui compte. Nous sommes une équipe. On fait ça ensemble. »
Dans ce moment, entourés par la douleur et la peur, ils se retrouvèrent. Ils se promirent, sans un mot, de s’aimer encore plus fort, de ne plus jamais se perdre de vue dans la bataille qu'ils menaient. Et malgré tout, malgré la douleur physique, malgré les doutes, Fergal sentit un éclat de lumière dans cette obscurité. Parce qu’à travers tout cela, il avait Mave à ses côtés, et elle était son véritable pilier.
Il la serra enfin dans ses bras, malgré la douleur dans ses muscles, malgré la faiblesse de ses jambes, et dans cette étreinte, il sentit qu’il pouvait tout affronter. Pour elle, pour leur fils, pour cette vie qu’ils construisaient, même brisés, même imparfaits. Ils étaient ensemble, et c’était tout ce dont il avait besoin.
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Who she supposed to be ? (Mave Burton)
FanfictionL'histoire de mon oc Mave Burton:) Mave Burton, née en 1986 en France, a développé dès son enfance une passion pour le catch. À 19 ans, elle part pour Londres, où elle s'entraîne et se fait remarquer pour son style hardcore. Après une relation tumul...