Who she supposed to be ? (Mave Burton)

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Le silence dans la salle d'accouchement était devenu oppressant, les bips des machines et les voix pressantes des médecins se mêlaient en une cacophonie qui n'atteignait plus Mave. Son corps était là, mais son esprit, lui, semblait s'évaporer. Son souffle se faisait de plus en plus faible, ses yeux papillonnant sous la lumière froide de la pièce. Le visage de Fergal devenait flou, ses larmes et ses murmures lointains. Elle sentait son corps s'effondrer, mais quelque chose la maintenait encore à flot, suspendue entre la vie et la mort.

Et puis soudain, elle fut ailleurs.

**2011, Chicago** 
Elle était de retour dans leur petit appartement de Chicago, allongée sur un lit familier, la lumière douce du matin caressant ses épaules. Phil était là, à côté d’elle. Ses cheveux noirs désordonnés lui tombaient sur le front alors qu’il traçait délicatement des cercles sur sa peau nue, ses doigts effleurant doucement ses hanches. Elle pouvait sentir la chaleur de son corps contre le sien, sa respiration paisible alors qu'il murmurait des mots qu’elle ne saisissait pas, mais qui la faisaient sourire. C’était une époque où l'amour semblait simple, pur, presque naïf.

Elle glissa ses doigts dans ses cheveux, les tirant doucement en arrière pour dévoiler ses yeux noirs et intenses. Ils s’aimaient. C’était réel. À cet instant, il n’y avait rien d’autre, que lui, elle et leur petit monde à eux. Mais une douleur sourde envahit son cœur. Ce souvenir appartenait à une vie qu’elle avait depuis longtemps quittée. Le visage de Phil s'effaçait, la scène se brouillait, et elle se sentit aspirée ailleurs.

**Avril 1999, le stade** 
Elle avait 13 ans. Elle se tenait debout dans un stade gigantesque, éblouie par les lumières éclatantes de la scène, les acclamations déchaînées de la foule et le tonnerre des superstars entrant sur le ring. C’était la première fois qu’elle voyait ses idoles, si proches, si réelles. Les couleurs, les cris, l’adrénaline qui montait dans l’air étaient électrisants. Elle pouvait presque toucher le ring. C’était là que son rêve avait commencé. À cet instant, elle avait su que c'était ce qu'elle voulait : sentir la corde sous ses mains, entendre la clameur de la foule, devenir une de ces superstars qu'elle admirait tant.

La vision vacilla encore, et avant qu’elle ne puisse savourer plus longtemps ce souvenir, elle fut projetée ailleurs.

**Février 2002, le gymnase d'André** 
Elle avait 16 ans, transpirant sous les lumières crues du gymnase. Elle était sur le ring, face à des géants. Des hommes deux fois plus grands et plus forts qu’elle, mais elle tenait bon, se battant avec une détermination féroce. Ses poings frappaient avec force, sa respiration était irrégulière, et son cœur battait la chamade, mais elle refusait de reculer. Elle se souvenait de l'étonnement dans les yeux des spectateurs, même dans ceux d'André, son entraîneur. Ils n’en revenaient pas de cette gamine de 16 ans, capable de tenir tête à des hommes qui auraient pu la briser en deux. Mais elle n’avait jamais eu peur. Elle savait qu'elle pouvait le faire, elle savait que c'était là qu'elle devait être.

Encore une fois, le décor changea.

**2007, premier grand match** 
Mave était debout sur le ring, ses mains agrippant les cordes pour se stabiliser. Les acclamations de la foule étaient assourdissantes, les lumières des projecteurs l’aveuglaient presque, mais son cœur battait fort d’excitation. C'était son moment. Elle avait attendu ça toute sa vie. Elle sentait l’énergie de la foule, leur anticipation, leur soutien. C’était réel. Tout ce pour quoi elle avait travaillé, tous les sacrifices, les blessures, les doutes… tout menait à cet instant. Elle regarda autour d’elle, prenant une profonde inspiration, prête à tout donner.

Puis, tout s’estompa dans un flou, et le visage de Fergal apparut soudain dans son esprit.

**Fergal…** 
Il était là, son visage éclairé par une lumière douce, ses yeux débordant de tendresse. Elle se souvint de leur première rencontre, de ce sourire espiègle qui l’avait immédiatement charmée. Chaque baiser qu'ils avaient partagé, chaque moment de rire, de complicité, de douleur et de réconfort lui revint en mémoire. Leurs mains jointes lors de leur mariage, la promesse silencieuse qu'ils s’étaient faite de toujours rester ensemble, quoi qu'il arrive. Elle se rappela ses bras autour d’elle, la chaleur de son corps, sa voix rassurante quand elle doutait, ses yeux brillants d’admiration chaque fois qu'elle montait sur le ring. Il l’avait toujours encouragée, l’avait toujours aimée pour ce qu’elle était, même dans ses moments de faiblesse.

Fergal. C'était lui. Celui avec qui elle voulait tout. Celui avec qui elle avait tout.

Un dernier souvenir émergea, celui de leur vie ensemble, de cette nouvelle aventure qu’ils avaient embrassée avec l’arrivée de leur petit garçon. **Cian.** Elle se revit, assise sur la terrasse, Fergal derrière elle, leurs mains entrelacées sur son ventre arrondi. Elle se souvint de la promesse qu’elle s’était faite ce soir-là : elle se battrait toujours pour lui, pour eux.

Le monde autour d’elle était flou, sombre, mais cette lumière, celle de Fergal et de Cian, brillait encore. Elle voulait les rejoindre. Elle ne pouvait pas les abandonner. Pas maintenant. Pas après tout ce qu’ils avaient traversé.

Dans un dernier sursaut de volonté, Mave se raccrocha à cette lueur. **Elle voulait revenir.** Pour Fergal, pour leur fils, pour cette vie qu'ils avaient construite ensemble.

Elle ne pouvait pas partir. Elle ne partirait pas. **Elle voulait vivre.**

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Au même moment, dans la salle d'accouchement, Fergal serrait désespérément la main de Mave. Les médecins continuaient leurs manœuvres pour stopper l'hémorragie. L'air était chargé de tension et de peur. Puis, lentement, imperceptiblement, Mave inspira un peu plus profondément. Ses doigts, que Fergal tenait, bougèrent légèrement. Un murmure s'échappa de ses lèvres tremblantes, si faible qu'il dut se pencher pour l'entendre.

« Fergal… »

Il releva la tête brusquement, son cœur battant à tout rompre. Ses yeux croisèrent les siens. Faibles, mais ouverts.

Elle était là. **Elle était revenue.**

Fergal ne put retenir ses larmes, embrassant ses doigts avec une gratitude infinie. 
« Tu es là, Mave. Je t’aime, je t’aime tellement… »

Elle le regarda, un sourire épuisé mais déterminé se dessinant sur ses lèvres. 
« Je suis là... je suis là pour toi... et pour Cian. »