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La séance chez le psychologue a laissé une cicatrice supplémentaire sur le cœur de Mave. Elle se sent plus vide que jamais, comme si en prononçant cet adieu, elle avait effacé la dernière trace tangible de Fergal, la dernière lueur d’espoir qui la reliait encore à lui. Depuis ce jour-là, elle a l’impression qu’il est vraiment parti, pour de bon, et qu’elle est définitivement seule. Il n’y a plus de présence fantomatique, plus de murmure dans le silence de la nuit. Juste un vide glacial qui s’étend en elle, la laissant plus dévastée encore.

Pour ne pas sombrer complètement, Mave s’accroche à la seule chose qui lui reste : ses enfants. Elle décide de mettre toute son énergie dans l’organisation de l’anniversaire d’Angel, qui s’apprête à fêter ses quatorze ans. Un jour spécial, le premier sans son père, et Mave veut tout faire pour que cette journée soit inoubliable. Elle s’affaire pendant des jours, confectionnant des décorations, préparant le gâteau préféré d’Angel, mettant en place une fête qui aurait rendu Fergal fier.

Le jour J, la maison est décorée comme une véritable scène de fête : des ballons colorés, des guirlandes, des photos d’Angel à différents âges. Mave a même ressorti une vieille vidéo de Fergal qui chante "Joyeux anniversaire" à Angel quand elle avait cinq ans, sa voix douce et rieuse résonnant dans la maison, déchirant le cœur de Mave à chaque fois qu’elle l’entend.

Mais Angel, depuis la mort de son père, n’est plus la même. Chaque sourire de Mave semble la mettre en colère, chaque effort de sa mère pour la rendre heureuse la rend encore plus distante, plus froide. Lorsque Mave s'approche d'elle pour lui montrer fièrement la table couverte de snacks, de cadeaux soigneusement emballés, Angel la regarde avec ce mélange de mépris et de tristesse qui semble devenir son expression par défaut.

— *"Qu'est-ce que tu en penses, ma puce? Tout est prêt pour ta fête. J’ai même trouvé cette robe que tu voulais,"* dit Mave, espérant une réaction positive, un sourire, n’importe quoi.

Angel croise les bras sur sa poitrine, jetant un regard glacial à sa mère.

— *"C’est parfait, maman. Parfait pour quelqu’un qui ne sait même pas ce que j’aime,"* rétorque-t-elle sèchement. *"Comme si tu pensais que ça pourrait compenser le fait qu’il ne soit pas là."*

Mave sent son cœur se serrer, les mots d’Angel la frappant comme un coup de couteau. Elle déglutit, tentant de ne pas laisser paraître à quel point la remarque l'a blessée.

— *"Je sais qu’il te manque, à moi aussi, tu sais,"* murmure-t-elle, sa voix tremblante.

Angel lève les yeux au ciel, son visage durci par la colère.

— *"Non, maman, tu ne sais pas. Tu ne sais pas ce que ça fait de perdre son père à mon âge. Parce que toi, tu as encore ta mère, tu as eu ton père jusqu’à ce qu’il soit vieux. Moi, je n’ai plus rien. Plus de père pour mes anniversaires, plus de père pour me voir grandir. Alors arrête de faire comme si tout allait bien avec tes stupides ballons et ton gâteau."*

Mave cligne des yeux, retenant les larmes qui menacent de couler. Elle a envie de crier, de dire à Angel à quel point elle est dévastée, à quel point elle aussi se sent mourir un peu plus chaque jour. Mais elle sait que ça ne servirait à rien. Alors, elle inspire profondément, tentant de rester calme.

— *"Je fais ça pour toi, Angel,"* dit-elle doucement, les yeux implorants. *"Parce que je veux que tu sois heureuse, même un instant."*

— *"Heureuse?"* crache Angel, la voix pleine de venin. *"Heureuse quand papa n’est même pas là pour fêter mon anniversaire? C’est ça que tu veux? Tu penses qu’un gâteau va tout arranger?"*

Mave serre les poings, ses ongles s’enfonçant dans sa paume. Elle sent la colère monter en elle, une colère dirigée autant contre elle-même que contre Angel. Parce qu’au fond, elle se sent aussi coupable, aussi impuissante, incapable de réparer cette blessure béante qui traverse leur famille.

Who she supposed to be ? (Mave Burton)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant