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Le silence dans la salle d'accouchement, d'abord chargé d'une joie nouvelle, se transforma en quelque chose de plus sombre, plus lourd. Fergal sentait son cœur se serrer alors qu'il fixait Mave. Elle tenait encore leur fils Cian contre elle, mais ses yeux semblaient se perdre, sa main dans la sienne devenant molle, sans force. Son visage, si radieux quelques instants plus tôt, avait pris une teinte inquiétante de pâleur.

Les regards des médecins, initialement pleins de félicitations, se firent plus rapides, plus nerveux. Les mots échangés entre eux ne parvenaient pas jusqu'à Fergal, mais il savait. Quelque chose n'allait pas.

« Mave ? » Sa voix tremblait. Il resserra sa prise sur sa main, tentant de la ramener à lui, de capter son attention. Mais elle ne répondit pas. Son souffle se faisait plus faible, ses paupières s'alourdissaient.

Une des infirmières s'approcha pour prendre Cian des bras de Mave, et Fergal, instinctivement, recula. Il ne voulait pas que quelqu'un le sépare de ce moment, ne serait-ce qu'une seconde. Mais une autre infirmière murmura, d'une voix douce mais ferme : « Monsieur Devitt, il faut que nous la stabilisions. »

Il se tourna vers elle, ses yeux écarquillés, la panique montant en lui. « Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il, sa voix à peine contrôlée, alors qu'il sentait l'étau de la peur se refermer autour de lui.

« Elle fait une hémorragie importante, » répondit le médecin principal, d'un ton grave. « Nous faisons tout notre possible pour la sauver, mais il faut agir vite. »

Ces mots frappèrent Fergal comme un coup de tonnerre. Il regarda Mave, étendue sur le lit, si faible, et cette vision réveilla quelque chose en lui. Il ne pouvait pas la perdre. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'ils avaient traversé.

Il se battit intérieurement contre le choc qui menaçait de le submerger, son souffle se faisant plus court. Son fils, ce petit miracle, venait à peine d'arriver, et il risquait de le voir grandir sans sa mère. Mave, celle qui l'avait toujours soutenu, qui avait traversé des tempêtes pour lui, risquait de disparaître sous ses yeux.

« Non, non, non... » Fergal secoua la tête, refusant de croire à ce que le médecin disait. « Elle ne peut pas... Vous devez la sauver. Je vous en prie, faites quelque chose ! »

Les médecins s'agitaient autour d'elle, leurs mains précipitées, leurs voix basses mais urgentes. Fergal restait figé, tenant toujours la main de Mave, ses doigts tremblant sur sa peau devenue froide. Il baissa la tête, murmurant des prières qu'il n'avait jamais récitées auparavant. Il ne savait même pas à qui il s'adressait, mais il savait qu'il ne pouvait pas perdre Mave. Pas elle. Pas maintenant.

« Mave, » murmura-t-il, sa voix à peine plus qu'un souffle brisé, « je t'en supplie, ne me laisse pas... Ne nous laisse pas. »

Il se souvenait de la fois où il avait été gravement blessé. Mave était restée à ses côtés, elle s'était battue pour lui, même quand il pensait qu'il ne s'en sortirait pas. Elle avait porté sa douleur avec un courage inflexible. Il ne pouvait pas la laisser partir maintenant sans se battre pour elle à son tour.

Fergal s'agenouilla près du lit, son front touchant presque les draps. Ses pensées étaient embrouillées, son cœur battant trop fort dans sa poitrine. « Tu te souviens ? » murmura-t-il à Mave, même si elle ne pouvait probablement pas l'entendre. « Quand tu m'as dit que tu serais là, quoi qu'il arrive... Eh bien, je suis là, moi aussi. Je ne te laisserai pas partir. Tu dois te battre, Mave. Pour moi, pour Cian... je t'en prie. »

Les minutes qui suivirent semblèrent durer une éternité. Chaque seconde était une épreuve, chaque regard des médecins une source d'angoisse. Fergal serrait la main de Mave, ses propres phalanges blanchissant sous la pression, refusant de la lâcher. Il entendait des termes techniques échangés, des ordres donnés d'une voix rapide, mais tout semblait se dérouler dans un flou lointain, irréel. L'odeur métallique du sang flottait dans l'air, et chaque bip des machines le ramenait à cette terrible réalité : il pourrait la perdre à tout moment.

Ses pensées se bousculaient. Il revoyait leur première rencontre, le sourire de Mave lorsqu'elle lui avait avoué qu'elle l'aimait pour la première fois, ses éclats de rire dans les moments les plus simples. Ils avaient traversé tant de choses ensemble depuis 2014. Comment pouvait-il imaginer une vie sans elle ?

Le temps semblait ralentir. Fergal s'accrocha désespérément à cette petite lueur d'espoir, mais la fatigue commençait à s'insinuer dans son corps, la terreur glaçant ses veines. Son fils, leur fils, était né il y a à peine quelques instants, et déjà, il sentait l'ombre de la mort planer autour de sa famille.

Puis, après ce qui lui sembla être une éternité, un silence lourd envahit la pièce. Un des médecins releva la tête, observant les moniteurs avec attention. Il hocha lentement la tête, donnant des ordres plus calmes maintenant, moins pressants. Les bips des machines ralentirent, et Fergal regarda avec espoir.

Le médecin principal s'approcha lentement de lui. Fergal se redressa d'un bond, son regard suppliant. Il ne savait plus quoi attendre, trop fatigué, trop brisé par l'attente.

« Nous avons réussi à arrêter l'hémorragie, » dit le médecin d'une voix ferme mais plus apaisée. « Elle est encore faible, mais elle va s'en sortir. »

Le souffle que Fergal retenait depuis des minutes interminables s'échappa brusquement de sa poitrine. Il s'effondra presque sous le poids de cette nouvelle, les larmes coulant librement sur son visage. La douleur, la peur, tout se déversait à la fois. Il se pencha vers Mave, toujours endormie, toujours fragile, mais vivante.

« Mave... » murmura-t-il, sa voix brisée par l'émotion, « Tu l'as fait. Tu t'es battue. »

Il déposa un baiser tremblant sur son front, caressant ses cheveux, essayant de se convaincre que c'était réel. Elle respirait encore, elle était là. Elle était restée. Pour lui. Pour Cian.

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Les heures qui suivirent furent empreintes de soulagement et de gratitude. Mave, bien que faible, ouvrit lentement les yeux, et la première chose qu'elle vit fut Fergal, assis près d'elle, leur fils dans ses bras. Ses yeux gris croisèrent ceux de Fergal, et un faible sourire se dessina sur ses lèvres.

« Tu es là, » murmura-t-elle, sa voix faible mais pleine d'amour.

« Je ne suis allé nulle part, » répondit-il, la voix tremblante. « Et toi non plus. »

Il baissa la tête et embrassa tendrement ses lèvres, sentant la chaleur revenir peu à peu dans son corps, dans leur vie. Il savait qu'ils avaient frôlé l'irréparable, qu'ils étaient passés tout près de la catastrophe. Mais Mave s'était battue, comme elle l'avait toujours fait. Et cette fois, c'était pour leur famille.

Fergal la serra doucement contre lui, Cian endormi entre eux. Ensemble, ils formaient à nouveau une unité. Le pire était derrière eux, et devant, il ne voyait que l'espoir d'un avenir à trois, celui qu'ils avaient toujours rêvé.

Who she supposed to be ? (Mave Burton)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant