(Alternate version) pt.3

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Fergal s’était endormi sans s’en rendre compte, affalé sur le canapé, les yeux rougis par les larmes, la dernière vidéo de Mave toujours à l’écran. Ses rêves l’emmenèrent là où ses souvenirs avaient à peine osé s’aventurer. Dans cet espace flou entre le sommeil et l’éveil, il entendit d’abord son rire, si familier, si réconfortant. Il tendit la main, espérant presque pouvoir la toucher, sentir sa peau douce sous ses doigts. Le visage de Mave apparut alors, souriante, lumineuse. Il la vit se retourner, ses cheveux dansant doucement, et il se mit à avancer, fasciné.

Mais à chaque pas qu’il faisait, l’image changeait. Le monde autour de lui s’effaça, et il se retrouva brutalement sur cette route maudite, celle qu’il tentait désespérément d’oublier. Le paysage gris et flou se précisa ; il y avait le bitume, les débris éparpillés, l’odeur métallique du sang et du pneu brûlé. Et là, juste devant lui, il la revit. Mave, étendue au sol, inerte, une mare de sang l’entourant, et Violet serrée dans ses bras, pâle et silencieuse.

« Non, non, pas ça, » murmura-t-il, le cœur battant à tout rompre, ses jambes refusant de le porter plus loin.

Il tenta de crier son nom, mais sa voix semblait s’éteindre dans le vide. Il s’approcha, désespéré, priant pour un miracle. Il se pencha sur elle, posant une main tremblante sur son épaule, espérant que cette fois, elle ouvrirait les yeux.

« Mave ! Réveille-toi, s’il te plaît, réveille-toi ! » implora-t-il, une panique viscérale lui nouant la gorge. Il sentit le froid de sa peau, l’immobilité terrible de son corps. Ses doigts tremblaient alors qu’il effleurait son visage, encore empreint de cette sérénité qui lui était propre.

Mais tout à coup, elle ouvrit les yeux. Non pas avec le regard aimant qu’il connaissait, mais avec des yeux ternes, vides. Ses lèvres bougèrent, et les mots qu’elle prononça résonnèrent comme un coup de poignard dans le silence.

« C’est de ta faute, Fergie. Tu nous as tuées. »

Les mots se suspendirent, pesant, en écho, chaque syllabe comme un glas. Fergal recula, horrifié, le cœur en miettes.

« Non… non, Mave, je… je suis désolé… » Il tendit à nouveau la main, cherchant désespérément à la toucher, à lui montrer son amour, son regret. Mais sa main passait à travers elle, comme si elle n’était qu’un spectre.

« Tu nous as laissées… » continua-t-elle, son visage figé dans une expression de reproche et de tristesse infinie. « Nous avions besoin de toi… et tu n’as pas su nous protéger. »

Il hurla, un cri de douleur et de désespoir, mais tout autour de lui s’effondrait. La route disparut, les débris, le sang, tout se mit à tourbillonner jusqu’à le laisser seul, entouré d’un noir absolu, glacé et vide.

Fergal se réveilla en sursaut, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Son souffle était saccadé, ses mains tremblaient, et la pièce, baignée d’ombre, semblait étrangement hostile. Il lui fallut un instant pour comprendre qu’il était chez lui, sur le canapé, et que ce n’était qu’un rêve. Mais ces mots résonnaient encore, aussi clairs que s’ils avaient été gravés dans sa chair.

« C’est de ta faute, Fergie. Tu nous as tuées. »

Le poids de la culpabilité l’écrasa à nouveau, comme une main invisible serrant son cœur. Il se redressa, la tête dans les mains, et laissa les larmes couler librement, chaque sanglot venant du plus profond de son être. Cette phrase, ce reproche déchirant qu’il avait entendu dans son rêve, s’imprimait dans son esprit avec une douleur insupportable.

« Mave… » murmura-t-il, la voix brisée, « je suis désolé… Je n’ai jamais voulu ça. Tu étais tout pour moi, et je t’ai perdue… Je t’ai perdue, toi et notre petite fille… »

Who she supposed to be ? (Mave Burton)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant