L'oubliée

21. Ness

Pansy se décide à ouvrir son placard. Les Serpentard ont décidé de faire une fête dans notre salle commune. Si je l'écoute, rien ne lui va, mais ça déborde carrément. C'est qu'elle a besoin de conseils, évidemment, et moi, c'est censé être mon devoir de répondre à ses questions sur les robes. Une conversation typique entre meilleures amies. Ou presque. J'imagine qu'elle pense que ça va me distraire un peu, mais ça m'ennuie.

— Tu penses que cette robe, elle est trop... osée ? Ou tu crois que c'est assez subtil ?

Je lève les yeux de mon livre pour regarder sa petite robe noire. Comme si c'était le genre de préoccupation qui me tenait à cœur en ce moment.

— On est à Poudlard, Pansy. Pour une soirée Serpentard. Personne va remarquer que ta robe est trop osée.

Elle soupire avec un air frustré, et je peux sentir qu'elle attend plus de moi. Elle me regarde, les bras croisés, comme si j'étais une énigme qu'elle essaye encore de résoudre. Elle a peut-être raison. Je ne suis pas exactement la fille la plus facile à comprendre. J'adore Pansy, attention, mais nos vies sont très différentes.

— Ness... Je suis sérieuse. Ça fait des mois que tu es bizarre mais que je ne dis rien. Je te connais depuis assez longtemps pour savoir que quelque chose cloche. Pourquoi t'es aussi... froide ? Et Draco aussi, c'est quoi le délire ? Vous êtes... trop renfermés cette année. On devait s'amuser...

Je laisse un petit silence traîner. C'est pas comme si j'avais envie ni même que je pouvais m'expliquer. Pansy ne comprend pas pourquoi on ne fait pas la fête tous les soirs, que je ne parle pas de garçons ou de tenues de soirée. Mais ce ne serait pas moi.

— Rien à signaler, Pansy. T'es juste en train de te faire des histoires pour rien.

Elle fronce les sourcils, sceptique. Mais je ne veux pas en parler. Pas maintenant. Pas avec elle. Ni même avec personne.

— Je... Je m'inquiète, ok ? Je me fais du souci pour toi. Et pour Draco aussi. Depuis le début de l'année, vous êtes tous les deux... enfin, différents. J'ai l'impression qu'on se perd un peu, tu sais ? Moi, je suis là pour toi. Mais là, je commence à me dire que je vais perdre deux personnes en même temps.

Je m'arrête un instant. Pansy, elle est trop naïve, parfois. Elle ne comprend même pas à quel point ses propres sentiments l'aveuglent. Elle ne veut pas admettre que Draco, c'est une cause perdue. Ou qu'elle est trop attachée à l'idée de lui. Parce que tout ça, c'était un flirt qui n'a jamais vraiment démarré. Il l'a laissée tomber, et elle, elle veut toujours croire qu'il y a encore quelque chose.

Je ne dis rien, mais je vois la déception dans ses yeux. J'aimerais me sentir coupable face à son regard, mais franchement, je n'y arrive pas. Les émotions, c'est pas pour moi.

Je m'apprête à lui répondre, mais au moment où j'ouvre la bouche, je sens la chaleur de la chevalière sur mon doigt. Elle brûle. Un message. Draco m'envoie un SOS.

Je me précipite, coupant court à la conversation, le monde peut attendre. Il y a des choses qu'on ne laisse pas traîner.

Je me dirige en courant vers la direction indiquée et me retrouve devant les toilettes des garçons. Quand j'arrive, je vois Rogue penché sur Draco, les yeux pleins d'une concentration glaciale. Je m'arrête net. Draco est là, allongé par terre, du sang éparpillé autour de lui. La panique monte en moi. Je m'approche précipitamment et je vérifie son état. Il respire encore. À peine. Je discerne le murmure des sortilèges de Rogue : "Vulnera Sanentur". Draco va s'en sortir. Je relâche un souffle, mais la colère me prend.

— Qui ?

C'est tout ce que j'arrive à sortir. Mais c'est tout ce que j'ai besoin de savoir. Qui a fait ça à Draco ? Qui va payer ? Qui je vais tuer.

— Potter.

Même la voix de Draco est hachée, c'est comme un murmure.

Rogue, les lèvres serrées, tente de me calmer.

— Ne vous inquiétez pas, Miss Lestrange. Je m'en occupe. Veuillez ne pas vous en mêler.

Je l'ignore, n'ayant aucune patience pour ses paroles.

— Non, professeur. Vous voulez vraiment me retenir ? Vous savez, il y a pas mal de gens qui seraient ravis que je parle de vous et de celle que vous avez toujours aimée. Vous souhaitez que je commence à parler ? Ou me laisser gérer la situation à ma façon ?

Il ne dit rien, juste un hoquet de surprise. Ça suffit. Il sait qu'il n'a pas d'autre choix. Et moi, je n'ai pas de temps à perdre avec lui.

Je sors ma baguette. Il ne me faut qu'une fraction de seconde pour décider ce que je vais faire. Je m'élance dans le couloir, baguette en main, prête à faire payer celui qui a osé toucher à Draco. À ce foutu Potter. Il se croit intouchable et bien, c'est ce qu'on va voir.

Je croise Matheo dans le couloir qui semble vouloir m'arrêter, mais je n'ai pas le temps. Je lance un sort sans même réfléchir.

— Everte Statum !

Il s'envole dans les airs avant de tomber lourdement au sol. J'ai plus rien à foutre. Je m'en fous. Rien ne m'arrête maintenant.

Je l'aperçois enfin en train de parler avec Hermione. Personne dans les parages, encore mieux.

— Stupéfix.

Il tombe comme une masse. Généralement, on utilise ce sort pour assommer un adversaire, mais lancé avec une grande force, il provoque une douleur intense et désoriente la victime. Il est à mes pieds. Bien fait pour lui. La douleur que j'ai vue dans les yeux de Draco, ça, c'est quelque chose que je ne pardonne pas.

Je suis prête à tout pour venger mon cousin. Pas Draco. Pas lui. Il a évité l'horreur des Mangemorts, et c'est pas ce faux élu qui va lui faire ça.

Et maintenant, je vais leur montrer ce que ça coûte de se frotter à ma famille.