35. Matheo

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Je me réveille en sursaut, quelqu'un me secoue.

Putain !

Ce n'est que Ness. J'allume la lumière. Son visage me tire définitivement du sommeil.

Qui t'a fait ça ?

Je prends doucement son visage entre mes mains, observant l'entaille sur sa pommette. Sa peau semble avoir craqué après un coup.

— Je veux un nom, princesse.

— Ma mère.

Je ne l'ai jamais rencontrée, mais je déteste déjà cette femme.

Tu l'as vue cette nuit ?

Elle hoche la tête.

Au début de l'année, quand tu es revenue de la forêt au plus mal... c'était elle aussi ?

Elle acquiesce encore, lentement. Les souvenirs remontent : son absence de forces, sa souffrance palpable.

— Si je rencontre ta mère, je la démonte.

— Du calme, Jedusor. Tu vas bientôt la rencontrer. On est invités pendant les vacances. Par elle et par le Maître.

— Tu as aussi vu mon père ?

Un autre hochement.

Concernant Dumbledore ?

Cette fois, elle secoue la tête.

Tu pourrais utiliser ta jolie bouche pour m'expliquer. Je doute que tu sois venue me réveiller pour le plaisir.

Elle inspire profondément avant de lâcher :

Nos parents se sont visiblement rassemblés et ont eu une idée.

— Quelle idée ?

— Jedusor, j'ai l'honneur de t'annoncer que nous allons passer le reste de nos jours ensemble. Et, si possible, avoir des bébés Mangemorts surpuissants pour assurer la relève.

J'ai dû mal entendre.

Quoi ?

— Nous sommes officiellement fiancés. Et quand nous partirons pour Pâques, ce sera pour présenter "notre amour" à mon oncle et ma tante.

— Quoi ?

— Si tu pouvais arrêter de bugger, ça m'arrangerait.

— Tu es ma femme.

— Calme, on n'est pas encore mariés. Mais, en définitive, oui.

Je reste sans voix. Sérieusement ? Mais, en y réfléchissant, c'est presque moins terrifiant que de devoir assassiner quelqu'un.

T'as l'air de pas si mal le prendre, dis donc.

Je partage ma pensée :

— C'est définitivement plus simple que tuer quelqu'un de sang-froid. Attention, mon cœur, tu vas me vexer. Ne fais pas cette tête, tu es censé transir d'amour pour moi.

Je sens qu'on n'a pas fini de se marrer avec ça. Même si cette histoire de fiançailles forcées fout une pression énorme, il fallait bien détendre l'atmosphère. Et puis, ce n'est pas comme si c'était Malfoy. Ness, je l'apprécie, je la respecte, et je tiens à elle. C'est vrai que j'adore la charrier, mais je ne m'étais jamais imaginé fiancé à elle.

T'as dormi cette nuit, princesse ?

— Pas eu le temps, Matheo.

— Dors.

— Je ne peux pas rater les cours.

— On a encore du temps. Ce n'est pas comme si tu déjeunais le matin, tu ne prends jamais rien.

Elle me regarde, et je comprends qu'elle a grillé que je la fixe un peu trop.

— Pansy va se lever bientôt, impossible de dormir.

— T'es crevée. T'as beau être très forte, faut que tu te reposes. Grâce à ma situation particulière, j'ai la chambre pour moi. Dors ici. Après tout, tu es ma fiancée.

Elle me lance un regard suspicieux.

— Je croyais que tu avais confiance en moi. Je vais finir ma nuit sur le fauteuil.

— C'est ridicule, c'est ton lit.

— Ce n'est pas parce que je n'ai pas eu de mère que je ne suis pas gentleman.

— J'ai déjà dormi avec Draco, on peut partager un lit.

— Draco est ton cousin, moi, je suis ton fiancé. Le fait que tu nous compares me fait sérieusement peur pour la consanguinité de ma future femme.

— Ta gueule, Jedusor.

Elle se couche dans le lit, portant toujours mon pull. J'aime ça. Je me mets à l'opposé du lit, par-dessus la couette, lui laissant tout l'espace. Elle a beau dire que ça ne la gêne pas, je refuse de lui imposer quoi que ce soit. Elle a juste besoin de sommeil. Je ne suis pas ce genre de connard.

Dire que c'est ma femme... Je n'arrive pas à me rendormir. Je la regarde dormir, réfléchissant à ce que sera mon avenir. Le nôtre. Maintenant, il faut qu'on fasse croire à tout Poudlard que Ness Lestrange est tombée amoureuse.

C'est peut-être la seule partie marrante de ce plan tordu.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant