37. Ness

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- Vous êtes quoi ?

- Fiancés, Draco. Tu as devant toi la future belle-fille du Seigneur des Ténèbres.

Mon cousin et moi sommes perchés en haut de la tour d'Astronomie, notre refuge improvisé. Il fronce les sourcils, visiblement troublé, et une brise glaciale balaye ses cheveux blonds. La nuit est claire, les étoiles étincelantes, mais l'atmosphère entre nous est lourde.

- Ça veut dire quoi concrètement ? demande-t-il enfin.

Je détourne le regard, fixant l'horizon comme si j'y trouverais une réponse.

- Que nous rentrons pour les vacances de Pâques, même s'il est d'usage, vu leur brièveté, de rester à Poudlard comme la majorité des élèves. Mais cette fois, officiellement c'est pour présenter Matheo à la famille. Alors, nous jouerons le rôle du parfait petit couple.

- Et ils vont vous marier ?

- Je pense qu'ils attendront quand même...

Il arque un sourcil, sceptique.

- Vraiment ? Depuis quand ils "attendent" quoi que ce soit quand une idée leur passe par la tête ?

Je soupire.

- Je ne sais pas, Draco. Je voulais juste t'en informer, pour que tu ne sois pas surpris par... certaines scènes à venir.

- Comme ton sourire de ce matin ? C'était aussi de la comédie ?

Sa question me prend au dépourvu. Je reste silencieuse une seconde de trop, et il capte mon hésitation. Son sourire en coin me fait lever les yeux au ciel.

- Toi, ressentir quelque chose pour un mec ? raille-t-il.

- La ferme, Draco. Et toi, avec Pansy ?

Son expression se ferme instantanément. - Ce n'est pas le moment.

- Ça ne le sera peut-être jamais. Pourquoi ne pas essayer ?

Il hausse les épaules, détaché, mais je sais qu'il réfléchit.

- Si c'est la bonne, elle m'attendra. Deux mois, au moins.

Je hoche la tête, compréhensive. Nous sommes tous les deux coincés dans des rôles que nous n'avons pas choisis. Le poids de nos responsabilités nous écrase, et pourtant, nous continuons de prétendre que tout va bien.

Un bâillement m'échappe, discret mais révélateur. Malgré les quelques heures de sommeil volées grâce à Matheo, je suis toujours épuisée, physiquement et mentalement.

- On y va ? demandé-je en désignant la sortie de la tour. Il acquiesce sans un mot, et nous descendons ensemble, silencieux.

Dans la salle commune, nous croisons Matheo. Il est installé sur un fauteuil, l'air étrangement détendu, un livre à la main. Il relève la tête en nous voyant.

- Pas de leçon ce soir ? demande-t-il, moqueur.

- Demain, Jedusor. J'ai besoin de dormir.

Il esquisse un sourire amusé.

- Ce serait mieux, oui. Bonne nuit, princesse.

Et là, il s'avance et dépose un baiser sur mon front. La salle entière retient son souffle. Je sens les regards peser sur nous, mais lui se contente de me lancer un clin d'œil et de reprendre son livre, un sourire en coin toujours accroché à ses lèvres.

Je reste figée une seconde, trop longtemps peut-être. Je finis par lui rendre un sourire timide et monte au dortoir. Mais en me glissant sous les couvertures, le cœur battant, je ne peux m'empêcher de repenser à ce geste. Simple. Tendre. Et pourtant, il a déclenché en moi des sensations que je ne pensais pas possibles.

Je ne pensais pas que ça m'arriverait. Pas à moi.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant