16. Draco

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Ma chevalière me brûle. C'est Ness. On a utilisé le même principe qui donne rendez-vous à tous les mangemorts sur nos chevalières familiales pour savoir quand l'autre a besoin de parler.

On est au milieu de la nuit, qu'est-ce qui peut lui arriver ? Je me dirige dans la direction que m'indique la bague et me retrouve face à la chambre de Mathéo. Putain, qu'est-ce qu'il a encore fait ? Avec ses questions, il ne peut que nous attirer des ennuis.

Je rentre sans toquer et les trouve tous les deux debout, passablement énervés, une lampe gisant par terre.

Tu veux quoi, Malefoy ? demande Jedusor, sur la défensive.

— Tu m'as appelée ? dis-je, ignorant complètement l'autre.

Mathéo regarde très mal Ness.

Nous avons rencontré le Maître ce soir, lâche-t-elle.

Ho bordel de merde. Je m'approche tout de suite d'elle pour vérifier qu'elle n'a pas de blessure.

Je vais bien, souffle-t-elle.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il voulait le rencontrer.

Je me tourne vers ce putain de Jedusor. Je savais qu'il allait nous attirer des emmerdes.

Il a dit quoi ?

Sa progéniture se joint à nous. Il faut qu'on finisse cette mission. Rapidement.

Comment vous l'avez vu ?

Je vois son regard coupable et je comprends. Ce n'était pas une visite surprise. C'était programmé.

Depuis quand ?

Le dernier jour des vacances.

Parce que tu l'as vu pendant les vacances ?! m'exclamé-je, furieux.

Non. Mère, en revanche.

Et tu ne pouvais pas m'en parler ?

On avait d'autres priorités.

Nous nous défions du regard, le silence devenant un champ de bataille. Elle essaie encore de me protéger. Toujours ce foutu instinct de martyr qui la pousse à tout porter seule. Elle ne se rend pas compte que ça me tue. Que c'est mon rôle de la protéger. Elle est assez forte pour tout encaisser, et c'est bien ça qui m'horrifie. Elle ne demande jamais d'aide. Elle étouffe sous les attentes du Maître, de notre putain de famille, et même de moi, et pourtant elle se tient droite, implacable, inébranlable. Mais j'en ai marre de la voir sacrifier sa vie pour cette cause. Ma mère a tout fait pour me protéger de cette existence. Elle, en revanche, n'a jamais eu ce luxe. Le jour où elle craquera, si elle craque, personne ne sera là pour la ramasser.

Vous allez continuer comme ça longtemps ? intervient Mathéo, rompant la tension.

Ta gueule, Jedusor, rétorqué-je, sans me retourner.

T'es énervé, je le suis aussi, alors on a qu'à se battre.

Bébé Serpentard, tu ne fais pas le poids.

À un duel sans magie, si.

Par ici, les duels sans magie n'existent pas. Putain, Ness, il sait à peine être un sorcier et on l'ajoute à l'équation qu'est déjà une merde gigantesque ?

Je vais l'entraîner.

Même l'entraînement de ta mère ne lui fera pas apprendre en un an ce que ça va faire six ans qu'on apprend dans cette école.

— Je n'enseigne pas comme ma mère. Je le gère.

Bref, la mission ? Et la bouteille ?

Cet abruti de Weasley l'a bue, répond Ness, le ton neutre, presque froid.

Fais chier, au moins un rouquin en moins, marmonné-je avec amertume.

Même pas. Ce fouineur de Potter a réussi à le sauver, rétorque-t-elle, visiblement agacée.

Euh, quelle bouteille ? demande Mathéo, visiblement perdu.

La bouteille empoisonnée que Slughorn que j'avait ensorcelée devait servir à Dumbledore. Le collier ensorcelé n'a pas marché non plus. Je me demande si être plus frontal ne serait pas mieux.

Dumbledore est le plus grand Auror. On ne peut pas juste le provoquer en duel.

Une diversion, murmure Ness, l'air absent.

Et là, elle se barre, comme si nous, on comprenait ce que son putain de cerveau détraqué avait fait comme plan. Je toise Jedusor du regard. Il a l'air de ne pas comprendre ce dans quoi il vient de tomber. En vrai, je comprends. Je ne veux pas tuer mon directeur. Voilà la vérité. Mais je suis lâche et je préfère que lui meure plutôt que moi. Et je ne suis pas le seul impliqué. Ness ne peut pas subir les effets de ma lâcheté.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant