L'oubliée

22. Matheo

Putain, elle vient vraiment de me faire valser là ? Elle a l'air d'être prête à tuer quelqu'un. S'il vous plaît, pas Dumbledore. Pas comme ça. Mais moi, je suis censé faire quoi, au juste ? Je la suis, laissant suffisamment de distance pour éviter qu'elle ne tente de me casser un autre os.

Elle vient de faire tomber Potter à ses pieds. C'est... c'est quoi ce délire ?

— Mais t'es complètement malade ?!

— Tais-toi, Granger. C'est entre l'élu et moi. Et oui, Potter, je sais que tu m'entends. Alors comme ça, tu joues les gentils et tu tentes de tuer Draco ?

Sa voix est glaciale. Bien trop glaciale. Mais tuer Draco ? C'est quoi cette nouvelle merde ? Je lui ai parlé dans la tour d'astronomie il y a plus ou moins une demi-heure.

— Tu mens ! Il n'aurait jamais fait ça !

— Langlock. Ah, c'est mieux comme ça. Tu vois, Hermione, tu pourras plus tard demander des explications à ton petit copain, mais maintenant, c'est entre lui et moi. Vois-tu, tu as essayé de tuer Malefoy et tu as raté. Tente ne serait-ce que la moindre chose, et je ne te raterai pas. Je n'ai pas peur de te tuer, Potter. Actuellement, je pense même que c'est la meilleure chose à faire. Tu te crois supérieur à nous tous. Tu crois que tu incarnes le bien, le courage, mais laisse-moi rire. Tu n'es qu'un petit garçon stupide et mal-aimé. Et donc le rôle de l'élu serait ta rédemption. Tu es encore plus pourri que nous. Tu mens sur qui tu es, tu es arrogant, et pourtant, regarde-toi. Tu perds toujours. Cela ne me prendrait que si peu de temps de t'éliminer. Mais vois-tu, voir la déception dans les yeux de notre chère Granger, qui t'idolâtre, ça me fait déjà du bien. Car oui, sous tes grands airs, tu as déjà utilisé un sortilège impardonnable, n'est-ce pas ? Le sortilège Doloris. Sur ma mère d'ailleurs. Ce soir, tu as attenté à la vie d'un de tes camarades, un garçon que tu connais depuis six ans maintenant. Alors dis-moi, Potter, es-tu réellement l'élu ? Es-tu vraiment le gentil ?

Il peut pas répondre, évidemment. Il est stupéfixé. Et putain, j'en ai appris beaucoup. Vraiment beaucoup.

Plus je réfléchis à ce qu'elle a dit, plus je réalise à quel point c'est vrai. Il se croit supérieur au monde. Les Gryffondor se croient supérieurs au monde. Pourtant, les Serdaigle sont bien plus malins qu'eux, les Poufsouffle bien plus remplis de bonté, et les Serpentard bien moins hypocrites.

Je ne sais pas si je devrais partir maintenant ou la faire sortir de là avant qu'elle ne tue le mec le plus protégé (sur le papier, du moins) de ce putain de monde de sorciers.

— Toi, tu comptes encore profiter du spectacle, Jedusor ?

Et merde, je suis grillé. Au moins, elle a parlé, et elle ne m'a encore rien cassé.

— Pas besoin de me jeter un vilain sort. Je vérifie juste que tu le tues pas.

— Je devrais. Ça rappellerait que personne, personne, n'est intouchable.

Et elle commence à partir. J'allais la suivre, mais avant ça, je me tourne vers Granger.

— Un conseil, pour votre bien autant que pour le nôtre : si vous allez à l'infirmerie, vous vous êtes ensorcelée vous-même par erreur en vous entraînant. Bye, Granger.

Je me mets à courir, espérant rattraper Ness avant qu'elle ne fasse une autre connerie. Elle se dirige vers la forêt. Pourquoi cette foutue forêt à chaque fois ? Je la suis, espérant ne pas me retrouver face à Sans-Nez.

— Diffindo !

C'est quoi encore ce sort, putain ? Je vois un énorme arbre, un de ceux qui voient passer cinq générations différentes de sorciers, se fracturer jusqu'à l'effondrement. Putain, je veux pas être à la place de l'arbre.

— T'es calmée ?

Je m'y prends très mal si c'est comme ça que j'évite de finir comme l'arbre.

— Jedusor, c'est pas le moment.

— Je voulais juste vérifier que ça allait.

Elle me répond pas. Sans doute qu'elle trouve ma question stupide.

— Et Draco ?

— Il s'en sortira.