Ce soir, c'est les vacances. C'est arrivé beaucoup trop vite. Depuis hier, Ness et Draco ressemblent à des cocottes-minute. Au début, ça s'installait lentement, mais là, c'est invivable. Draco s'est battu avec Potter, s'est engueulé avec Blaise, et il a même envoyé chier Crabbe et Goyle. Ness, elle, ne vient même plus à la tour. Hier, je l'attendais dans la salle commune, et je l'ai vue revenir au milieu de la nuit, de je ne sais où. Quand je l'ai interrogée, elle a marmonné à propos de chasse avant de filer.Ce matin, on a cours seulement dans la matinée, et cet après-midi, on prend le train. Nos malles sont déjà parties dans les salles communes. Je ne sais toujours pas comment elles arrivent au train, mais elles y seront.
J'arrive au petit-déjeuner. Ness et Draco sont là, le regard froid et impénétrable, leurs assiettes vides devant eux. Les autres ont laissé un périmètre de sécurité pour ne pas être trop proches d'eux. Bon, on va tenter une approche humoristique pour détendre l'atmosphère.
— Ce n'est pas le moment de faire la grève de la faim.
— T'es pas ma mère, s'emporte Draco.
C'est un échec. Je vois des regards indiscrets se poser sur nous. Avec leur comportement de merde, comment les gens pourraient penser qu'on m'amène me présenter à la famille en tant que copain ?
— En tout cas, j'ai hâte de rencontrer les gens qui ont élevé ma princesse.
Elle me lance un coup d'œil glacial, en haussant un sourcil. Puis elle aperçoit les autres.
— T'es le premier que je ramène, donc on verra comment ça se passe.
— Le premier et le dernier, j'espère.
Je lui fais mon plus beau sourire, mais voilà, la conversation s'arrête là. Fais chier, on s'était vraiment rapprochés. Elle s'ouvrait, je voyais ses yeux s'illuminer comme jamais. Et là, il n'y a plus rien.
J'aperçois une tête blonde, presque blanche, qui fixe ma brune. Elle semble chercher son attention. Une fille de Serdaigle, vu l'uniforme. Elle approche et lui tend un objet emballé dans un tissu. Elle a l'air hermétique à l'ambiance glaciale.
— Tu as oublié ça hier, dit-elle en souriant.
Ness regarde sous la table, et je vois que c'est une dague. Pourquoi une Serdaigle aurait la dague d'une Serpentard ?
— Merci, Luna.
— Merci à toi. Les Nargles semblent particulièrement actifs aujourd'hui.
— Ça va aller, ne t'en fais pas.
Et voilà qu'elle repart tranquillement. Mais elle est complètement folle, cette nana. Et la brune a l'air d'avoir apprécié cet échange. Mais qu'est-ce qui se passe, putain ?
— T'es amie avec les Serdaigles ?
— Je croise souvent Luna dans la forêt. Elle ne juge personne, jamais.
— Et elle a ton poignard parce que... ?
— J'ai dû le faire tomber hier. Je l'y ai vue.
Elle l'apprécie. Waouh, je ne m'y attendais pas.
Draco fronce les sourcils, toujours tendu. Sauf que je vois, depuis la table des profs, Dumbledore fixer mes deux compères.
— Souriez, Dumbledore nous observe.
Draco décide de ne pas regarder, tandis que Ness semble entamer un combat de regards avec le directeur.
— Ness, c'est peut-être pas la meilleure idée.
Elle ne me répond pas, trop absorbée par ça. Et là, je vois que Draco ne détourne pas le regard non plus. Lui, il fixe Rogue.
— Y a une raison en particulier pour laquelle vous semblez prêts à en découdre avec tous nos putains de profs ?
Ness se lève, suivie par Draco.
— On a cours.
Et me voilà à les suivre. Putain, si c'est comme ça maintenant, ce sera quoi ce soir ? La communication, bordel. On est censés être une équipe. Et Ness et moi, on est censés être bien plus.
L'après-midi, on est dans le train. On s'est changés, enlevant nos uniformes. Draco porte un pantalon et une chemise. Je garde mon pantalon et un pull (désolé les Malfoy, pas de chemise pour moi), et Ness enfile une robe très stricte, très femme d'affaires ou aristocrate. Bref, ce n'est pas elle.
— À partir de maintenant, tu fermes ton esprit, Jedusor. Tu ne dois pas laisser une seule faille.
— Je sais, Lestrange, tu me l'as déjà dit.
Je soupire, saoulé par leur comportement. La véritable Ness, celle qui m'a fait tomber amoureux, me manque.
— Ce soir, il y aura le Maître. Parle le moins possible.
— Évite de trop le regarder dans les yeux, il n'aime pas ça.
— Ne réagis jamais à ce qu'il fait. Qu'il tue, torture ou même baise quelqu'un, ton expression doit rester neutre.
— Parce qu'il baise ?
— On n'en sait rien, ta gueule. Concentre-toi.
Et voilà qu'ils continuent leur longue liste de consignes.
À notre arrivée, une femme blonde élégante attend sur le quai. Narcissa Malefoy. Elle sourit à Draco, et il lui embrasse la joue avec tendresse.
— Mère, je vous présente Matheo Jedusor.
Elle m'observe, hésitante, puis incline légèrement la tête en guise de salut. Ensuite, elle se tourne vers Ness.
— J'espère que vous avez fait bon voyage.
— C'était parfait, merci, ma tante.
— Tout le monde vous attend au manoir. Nous devons nous dépêcher.
Elle saisit le bras de Draco et nous conduit dans une ruelle déserte. Là, elle sort un objet enveloppé dans un tissu.
— Un Portoloin, murmure Ness. Attrape-le en même temps que nous.
Je fais ce qu'elle dit, et en un instant, le monde se déforme autour de moi.
Le manoir Malfoy est gigantesque, intimidant, glacé. Un elfe de maison récupère nos affaires avec une révérence maladroite.
— Dobby était plus efficace, marmonne Draco. Sale traître.
Je ne relève pas, trop absorbé par ce que je vois. Une immense salle de réception nous attend, avec une table remplie de visages dont un que je reconnais aussitôt.
C'est le Conseil des Mangemorts.
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L'oubliée
FanfictionDans chaque histoire il y a des oubliés. Nous savons tous ici la finalité : le bien gagne face aux forces du mal. Mais nous oublions une partie, un élément important de cette guerre. Elle. Ness Lestrange a une mission pour sa sixième année à Poudlar...