Le matin, je me réveille avec un mal de crâne qui cogne comme jamais. Merci l'alcool et les confidences nocturnes. Mais il faut que je me traîne jusqu'au petit-déjeuner, ne serait-ce que pour boire un café et avaler quelque chose de consistant.En arrivant dans la Grande Salle, je repère Ness au bout de la table. Elle a ce regard glacial qui ferait fuir même les plus courageux. Les premières années détournent les yeux et s'éloignent, visiblement terrifiés. Ça me fait rire. Je m'installe à côté d'elle, nonchalant.
— Calme-toi, princesse, tu fais peur aux gamins.
Elle tourne la tête vers moi et me fusille du regard. Ce regard pourrait glacer n'importe qui. N'importe qui sauf moi.
— Si je dois tolérer ta présence, alors en silence, grince-t-elle.
— C'est donc ça, ta grande faiblesse ? Les gueules de bois ?
Elle me fusille encore plus du regard, mais reste silencieuse. C'est presque une victoire.
— Tu devrais manger quelque chose, ça épongera, ajouté-je avec un sourire moqueur.
— Si je mange, je vomis, murmure-t-elle en serrant les dents.
Je ne peux pas m'empêcher de rire franchement, attirant les regards curieux et incrédules des élèves autour. Ils doivent se demander si j'ai perdu la tête pour rire autant avec Lestrange. Peut-être que oui, mais ça m'est égal.
Je sors discrètement une petite fiole de ma poche et la lui tends.
— Tiens, une potion contre la gueule de bois. Blaise m'en avait filé une la dernière fois. Tu en as clairement plus besoin que moi.
Elle attrape la fiole et la vide cul sec sans hésiter.
— Et bien, princesse, je ne te savais pas si confiante. Ça aurait pu être n'importe quoi.
— Blaise a peur de ton nom. Il fait comme si de rien n'était, mais sa famille sait des choses. Et toi, disons que je te fais confiance.
— Et la règle numéro 1 ?
— Je fais une exception. Pour toi et pour Draco.
— Et moi, je peux te faire confiance, princesse ?
Elle prend une longue inspiration, réfléchissant visiblement à sa réponse.
— Je ne ferai jamais rien qui, selon moi, est une mauvaise décision pour toi.
— Donc oui ou non ?
— Ton bien me préoccupe. Mais si je dois faire quelque chose qui te déplaît pour ton bien, alors je le ferai.
C'est une réponse parfaitement énigmatique, totalement à son image. Je souris et me lève. Saisissant une pomme sur la table, je lui tends mon bras.
— Ma chère, nous devons nous rendre en Défense contre les Forces du Mal. Me feriez-vous l'honneur de m'accompagner ?
Elle lève un sourcil, sceptique face à mon ton pompeux, mais finit par se lever sans prendre mon bras.
— Tu te proposes de porter mes livres, c'est ça ? Quel charmant chevalier. Allons-y.
Et me voilà, chargé de ses bouquins, marchant à ses côtés. Mais elle sourit, un petit sourire en coin qu'elle essaie de cacher. Ça me suffit.
Le cours est interminable. On parle de créatures sombres, de la manière de les repousser ou de les éliminer. Bla bla bla. Je suis à côté de Ness, Draco et Blaise devant nous.
— Quelqu'un peut me dire ce qu'est une Liche ? demande Rogue.
— Miss Granger peut sûrement nous éclairer, ricane Draco.
Granger répond d'un ton mécanique, et Rogue passe à une autre question.
— Et les Inferi ? Quelqu'un sait ?
Son regard s'attarde sur Ness. Elle répond calmement, sans hésitation :
— Ce sont des morts-vivants utilisés par des sorciers noirs comme outils de torture et de meurtre.
Rogue acquiesce, mais la moitié de la classe, Potter en tête, fixe Ness comme si elle venait de réciter un passage interdit d'un vieux grimoire. Je me penche vers elle.
— Princesse, tu viens de leur donner des munitions pour penser que tu t'y connais un peu trop en magie noire.
Elle hausse les épaules, ses yeux toujours rivés sur Rogue, même si je suis certain qu'elle n'écoute pas. Comment il pouvait savoir qu'elle avait la réponse ? Par son nom ?
— Tu le connais bien, ce prof ?
— Tu devrais écouter, Matheo, répond-elle doucement. Ce cours est peut-être le seul intéressant cette année. Que ferais-tu si tu croisais un Inferi ?
Je me tais et l'écoute. Après tout, si elle dit que c'est important, elle doit avoir raison.
Mais Rogue interrompt brusquement le cours pour nous faire taire, Ness et moi.
— Si vous avez fini votre conversation, peut-être auriez-vous l'amabilité de la poursuivre en retenue ?
— Non, c'est bon, monsieur.
Son regard noir m'indique que je suis allé trop loin.
— Pour la prochaine fois, vous me rendrez un rapport de vingt pages sur les créatures sombres. Vous pouvez remercier Jedusor.
Toute la classe grogne, mais je surprends un sourire en coin sur le visage de Ness. Rogue le remarque aussi.
— Si cela vous amuse, Miss Lestrange, pourquoi ne pas commencer dès maintenant ? Sortez de mon cours.
Elle se lève, attrape ses livres et quitte la salle sans un regard en arrière. Moi, je souris, espérant secrètement qu'il me mette dehors aussi, mais non.
Cours fini, juste le temps d'aller manger avant le cours d'Histoire de la magie. Rien que d'y penser, je dors déjà.
Je traîne dans le hall, me dirigeant vers les grandes portes de la salle à manger, quand une voix m'interpelle :
— Ça vous suffit pas d'être des connards, faut aussi qu'à cause de vous, on ait du boulot supplémentaire ?
Je me retourne. Un Gryffondor. Je l'ai déjà vu traîner avec Potter, un des fidèles toutous du héros.
— Un problème ?
Il ricane, visiblement pas impressionné.
— Si tu veux tenter de baiser la sociopathe, OK, mais on n'a pas à subir...
Je ne lui laisse pas le temps de finir. Mon poing s'écrase contre son nez avec un bruit sourd. La douleur dans mes phalanges est éclipsée par la satisfaction immédiate. Putain, ça fait du bien.
Des mains nous séparent rapidement. Les murmures fusent autour de nous, des chuchotements mêlés de ricanements.
— Mais il est complètement taré, siffle un Gryffondor qui aide son pote à se relever, les yeux écarquillés.
— T'as vu ça ? Il lui a pété le nez ! renchérit un autre, bouche bée.
Leur choc me fait sourire encore plus. Ils s'attendaient à quoi ? À ce que je baisse les yeux et m'excuse ?
Je les ignore et me tourne vers Draco, qui m'observe avec un mélange d'admiration et d'incrédulité.
— Ça lui apprendra les bonnes manières, je lâche simplement en passant devant lui.
Je m'éloigne, laissant derrière moi un Gryffondor grognant, les spectateurs stupéfaits, et mes potes Serpentards qui me regardent comme si j'étais un étranger.
Je réalise que c'est exactement comme ça que j'aurais réagi avant. Avant d'arriver ici, avant de m'enfermer dans cette posture de victime passive. À jouer les bons élèves. Mais magie ou pas magie, un bon coup de poing, ça fait toujours mal. Et pour la première fois depuis longtemps, je me sens moi.
VOUS LISEZ
L'oubliée
FanfictionDans chaque histoire il y a des oubliés. Nous savons tous ici la finalité : le bien gagne face aux forces du mal. Mais nous oublions une partie, un élément important de cette guerre. Elle. Ness Lestrange a une mission pour sa sixième année à Poudlar...