43. Ness

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Mon dieu. Comment j'ai pu laisser ça arriver ? C'était l'alcool. Ou peut-être la potion. Je ne sais pas. Mais Ness Lestrange ne peut pas avoir agi comme ça.

Et maintenant, je suis censée faire quoi ? Aller le voir comme si de rien n'était ? Genre : Coucou Matheo, quoi de neuf ? Ça gaze ?
Putain, non. Juste, non.

Je tourne en rond dans la chambre, mes pensées s'entrechoquent. Je ne sais pas quoi faire. Je me ronge les sangs.

Pansy entre, un sourire en coin, toujours à l'affût des potins.

Il y a encore du monde en bas ? je demande, le ton faussement neutre.

À part Draco, que des petits jeunes, dit-elle en haussant les épaules.

Merci, à toute.

Je quitte la pièce en vitesse, mes pensées toujours en boucle. En bas, je récupère une bouteille d'alcool fort.

Qu'est-ce qui t'arrive ?

La voix de Draco. Mon cousin. Mon blondinet. Le seul qui a toujours été là. Je me tourne vers lui, les nerfs à vif.

On peut parler ?

Il hoche la tête sans hésiter. Toujours lui. Toujours là. On s'éloigne vers le lac, trop fatigués pour grimper les marches jusqu'à la tour.

Alors, Ness. C'est Matheo ? dit-il avec son sourire en coin, celui qui sait tout sans que je dise rien.

Je ne sais pas quoi faire, Draco. Je ne sais pas où j'en suis.

Il sourit franchement, et je fronce les sourcils.

Quoi ?

— Je suis juste content de te voir comme ça. Tu sais, j'étais tout seul quand j'ai craqué pour une fille la première fois.

— Hermione Granger. T'avais un crush sur elle, hein ? Sans doute à cause du poing qu'elle t'avait mis.

Je ris franchement, et il a un petit rire léger, presque nostalgique.

Je te rassure, cette période est révolue. Granger voit la vie en noir et blanc, et moi, je suis définitivement dans la zone grise. Pour elle, je suis irrécupérable.
— Et alors, où va ton cœur en ce moment ?
— Pansy, dit-il en haussant les épaules. Mais des fois, c'est presque trop facile. Elle veut, je veux. Pas d'engueulades, rien.

Je ris encore. Je le comprends. Il cherche quelque chose de plus intense, de plus compliqué.

Bref, et toi ? Dis-moi tout.

— Je l'ai embrassé.

— Donc tu avoues que ça n'a rien à voir avec un ordre, ni avec la cause ?

— Absolument rien.

— Tu l'aimes bien, hein ?

— Je crois que oui.

Son sourire s'élargit. Il est sincèrement heureux pour moi.

Je suis terrifiée.

— Qu'est-ce qui te fait vraiment peur, Ness ?

Je prends une grande inspiration. Comment expliquer ça ?

On a dansé.

— Ça, j'ai vu. Mais à part le fait qu'il ait dû te marcher sur le pied, je ne vois pas ce qu'il y a de terrifiant.

Je le fixe, le cœur battant.

J'ai commencé à imaginer. À penser à ce que ça pourrait être, si c'était différent. À espérer, Draco. Une vie que je n'aurai jamais. Et je me suis toujours interdit d'espérer.

Il me regarde avec douceur, presque avec tristesse.

Tu ne crois pas que ça pourrait être une bonne chose ? Que ça pourrait te donner une raison de vivre ?

— Il n'y a aucune raison à ma vie, Draco. Je vis, je fais mon devoir. Et ensuite, je mourrai. C'est tout.

— Et si tu passais à côté de trop de choses ? Pourquoi tu ne le laisses pas te montrer autre chose ? En plus, ça reste en accord avec ton devoir, non ?

Je secoue la tête.

Ça pourrait me briser. Je suis forte pour beaucoup de choses, mais pas pour ça.

— Ce n'est pas toi, Ness. Ma cousine, ma Ness, ne passerait jamais à côté de quelque chose par peur de se faire mal.

Je le regarde, un sourire en coin. Que je l'aime, ce blondinet. Il est ma seule famille. Le seul à qui je peux être entièrement moi.

Je t'aime, Draco.

— Évidemment que tu m'aimes. Je suis ton cousin préféré.

— Oh, la ferme.

— Moi aussi, je t'aime, Ness. Peu importe ce qui arrive, on pourra toujours compter l'un sur l'autre. Et si jamais il te brise le cœur, je le tuerai moi-même.

Je souris.

On passe le reste de la nuit à se rappeler nos souvenirs d'enfance. Parce que oui, il n'y a pas eu que l'entraînement et les obligations. Nous avons été des enfants. Des enfants à qui il est arrivé plein de choses. On a fait des matchs de Quidditch de nuit en un contre un. (Spoiler : il y a bien trop de balles pour un un-contre-un.) On s'est fait hurler dessus tellement de fois. On a volé dans les réserves de Rogue pour préparer des potions sans queue ni tête. On a même pris une boule de cristal en Divination, juste pour essayer de voir réellement notre avenir.

Je nous revois rire. Grandir. Draco, sans toi, je serais morte de l'intérieur.

Merci, Draco, murmuré-je.

Il me fait le plus beau des sourires.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant