L'oubliée

28. Matheo

Cela fait plus de deux semaines que Ness m'entraîne tous les jours. Je me suis vraiment amélioré, faut dire qu'elle est sacrément douée. Elle me dit que, grâce à mon sang pur, je suis déjà avantagé. En plus des sorts de défense et d'attaque, on continue de pratiquer l'Occlumancie, et je suis plutôt fier de mes progrès. J'arrive à bien cacher tout ce qu'il y a dans ma tête maintenant.

Quant à ma relation avec Ness, elle est devenue... étrange. J'ai vu des choses affreuses dans sa mémoire, et elle a vu des parts de faiblesse que je ne montre à personne. On pourrait croire que ça a créé un lien entre nous, mais non. Elle est juste ma prof. Pourtant, je l'apprécie. Ouais, ok, elle me plaît. En même temps, elle est magnifique, intelligente, et surtout, intéressante. Des filles, j'en ai eu plein dans mon lycée de Moldus, mais elle, elle est différente. Elle parle peu, mais elle est spéciale, intrigante. Et puis, je revois le visage du type que j'ai vu dans sa tête. Il lui souriait, d'un sourire carrément dragueur. Et ensuite, l'image de lui, mort. Est-ce que c'est elle qui l'a tué ? À chaque fois que je pense en apprendre plus sur ses secrets, je me retrouve face à encore plus de questions.

Je rejoins la tour d'Astronomie pour être au calme, et je les vois. Les deux cousins. Draco, accoudé à la balustrade, et Ness assise dessus, les pieds dans le vide.

— Princesse, si tu pouvais éviter de tomber, je t'en serais reconnaissant.

— Du calme, Jedusor. Je n'ai pas prévu que ma mort ressemble à ça.

— Parce que tu as prévu ta mort ?

— Qu'est-ce que tu veux, Matheo ?

Draco. Il est sympa parfois, mais dès que je suis un peu trop taquin avec Ness, que j'essaie d'arracher la carapace de la brune, il redevient cassant.

— Je ne veux pas vous faire chier. Je venais ici pensant être seul.

— Eh bien, nous aussi.

— Tant que nous sommes trois... J'ai parlé avec des messagers. Nous avons une date. Ils ne veulent plus qu'on le fasse n'importe quand. Ce sera dans deux mois.

Fais chier...

— Comment ça ?

— Ils viendront par l'armoire. On fera la mission pendant qu'ils envahiront le château.

Ness se lève et descend de la balustrade, me faisant quand même frissonner. Je ne veux pas qu'elle tombe, merde, c'est la plus haute tour du château.

— On se rejoint pour mes cours particuliers, Lestrange ?

— Rendez-vous dans une heure, je dois faire un truc avant.

Je lui fais un sourire un peu trop sincère, visiblement, car quand elle disparaît, je vois Draco qui me fixe. Il semble exaspéré.

— Elle te plaît.

— De quoi tu parles ?

— Je n'avais pas remarqué avant, mais c'est évident. T'en pince grave pour ma cousine.

— Dis pas n'importe quoi, Draco. Elle est sexy, et ?

— Tu ne l'auras jamais.

— Pourquoi, tu me trouves pas assez bien, peut-être ?

Je suis saoulé. Je veux qu'il la ferme. Il donne un coup à mon ego.

— Elle ne peut pas se donner à quelqu'un, Matheo.

— Qu'est-ce que tu racontes, Draco ?

— Elle appartient au Seigneur des Ténèbres. Elle est sa propriété.

— Parce qu'il veut l'épouser en plus ?

— Mais n'importe quoi. Elle est la remplaçante de Bellatrix. Une Bellatrix tout aussi sombre, mais bien plus maligne. C'est son devoir de consacrer sa vie au Maître. Elle ne pourra pas te la donner.

— C'est ce qu'on verra. Et qui te dit que je veux l'épouser, et des enfants, merde.

— Parce que personne ne se lancerait dans quelque chose de si compliqué pour rien.

— J'aime peut-être les défis.

— Alors, elle te tuera si tu joues avec elle.

Je revois l'image du mec dans sa tête. Et si c'était ça, ce qui s'était passé ?

— Je t'aime pas beaucoup, mais je vais te donner un conseil. Ne t'attache pas trop à elle.

— Pourquoi ? Elle va me briser le cœur ?

— Elle n'a pas d'avenir.

— C'est quoi encore tes conneries ?

— Elle reste par curiosité, mais réfléchis-y une seconde. Si les Mangemorts perdent, elle sera sûrement tuée dans la bataille, ou envoyée pourrir à Azkaban, un endroit où elle préférerait mourir que d'y aller. Si les Mangemorts gagnent, elle sera la chose du Maître et lui consacrera sa vie. Elle ne tient pas à la vie, Matheo. C'est ce qui fait sa force. Elle veut voir qui gagne, mais préférera mourir plutôt que d'être enfermée. Réfléchis-y un instant.

— Alors pourquoi nous, on s'accroche à la vie ?

— Parce qu'on est plus lâches qu'elle.

Et il s'en va, me laissant comme un con avec sa théorie pas si nulle. C'est vrai, peu importe l'avenir, le sien à elle, il est merdique.