19. Matheo

40 3 0
                                    



Le bruit des éclats de lumière résonne dans la pièce. Ness, toujours aussi concentrée, me corrige encore sur la précision de mes mouvements. J'essaie d'envoyer un Stupefix, mais la cible reste implacable.

- T'as du potentiel, mais tes sorts sont trop... lents. Tu dois être plus direct.

Elle me scrute, les bras croisés. Elle a ce regard, celui qui me fait me demander si je vais un jour être à la hauteur de ce qu'elle attend. Mais merde, cette conne de Granger m'a appris des sorts inutiles, des trucs qu'on pourrait trouver dans un manuel pour gamins. Rien de vraiment puissant. Rien qui m'aiderait à avancer. J'ai besoin de plus, j'ai besoin de pouvoir. C'est ce que Ness a compris, depuis le début. Pas de blabla inutile.

- Ce que Granger t'a appris, c'est pour l'école. Pour briller dans des salles de cours. Ici, ce qu'on apprend, c'est comment survivre. La magie utile.

Elle me montre comment elle lance un Incendio d'une telle violence que le feu dévore l'air autour d'elle. Je recule instinctivement, l'air devenant soudainement lourd, chaud. Les flammes éclatent devant moi, et je frissonne.

- Regarde ça. C'est ça le vrai pouvoir. Pas tes petites étincelles.

Je tente de reproduire le geste, mais rien ne se passe. C'est comme si ma baguette avait décidé de m'abandonner. Aucun souffle de flamme, aucun pouvoir. C'est juste une baguette en bois, sans vie. Je soupire, agacé. Elle a raison, je suis faible.

- T'es trop déconnecté, trop lent. Tu veux être un survivant ? Alors il faut que ça vienne rapidement, Matheo. Sinon, tu finiras comme tout ceux qui ont hésité.

Je me secoue, frustré. J'ai encore un long chemin à parcourir. Mais j'y arriverai putain. Car je n'ai jamais était faible. Je relève la tête et tente de poser une question qui me démange depuis que j'ai lu des trucs sur la magie. Putain je suis désespéré si je cherche le savoir dans les livres.

- J'ai entendu parler des trois sorts impardonnables. Ces sorts interdits. Tu peux m'en parler ?

Elle me fixe, figé. Elle ne doit pas savoir comment un novice comme moi en a entendu parler. Je sais déjà qu'elle va être plus précise que les livres autorisés de l'école.

- Endoloris, Impero, Avada Kedavra. Tu les connais ? Endoloris, c'est pour faire souffrir ton adversaire. Impero, c'est pour le contrôler, le manipuler à ta guise. Et Avada, c'est la fin. Tu veux savoir ce que ça fait ? C'est simple. C'est la mort instantanée.

Je reste figé, le regard perdu. J'ai besoin d'en savoir plus, alors je pose la question.

- Tu les as utilisées ?

Elle ne répond pas tout de suite, mais je la vois se figer une fraction de seconde. Puis, elle laisse tomber, les mots glissant de ses lèvres comme si ça ne faisait aucune différence.

- Oui. Tous.

Un frisson me traverse. Ça me laisse un goût amer dans la bouche. Mais je me pousse à enchaîner.

- Et... quelqu'un les a utilisés contre toi ?

Elle me regarde comme si je venais de poser la question la plus idiote au monde.

- Oui. Tous, sauf l'Avada, sinon je serais morte, elle lâche, d'un ton presque détaché.

Je m'avance un peu, le poing serré. Je n'aime pas l'idée que quelqu'un ait osé la toucher. Qu'est-ce qui pourrait rendre une personne aussi... sociopathe, aussi brisée ? Ils sont coupables. Ils doivent payer.

- Qui ?

Ness fronce les sourcils, comme si elle ne comprenait pas où je veux en venir. Mais elle répond, d'un air presque ennuyé.

Ce n'était qu'un entraînement.

Je la fixe, un peu déstabilisé par sa réponse. Mais je n'arrive pas à faire taire cette envie de protéger.

- Et toi ? Tu comptes m'entraîner de la même manière ?

Elle ne réagit pas tout de suite, puis elle me jette un regard froid, comme si elle venait de me faire une leçon.

- Je ne suis pas ma mère. Elle laisse un petit silence avant d'ajouter, un sourire presque moqueur. Et vu ton niveau en magie, tu n'es pas ton père non plus.

Je me sens un peu con.

- Tu viens de me faire une blague, là ?

C'est bizarre de la voir parler comme ça, presque légère. Ness Lestrange avec de l'humour. Je m'y fais à peine. Ça m'étonne à chaque fois. Je ris, mais c'est plus pour moi que pour elle. J'aime bien ce côté de Ness, quand elle laisse tomber un peu le masque de la parfaite Mangemort.

Je ferme les yeux un instant pour reprendre mon calme, mais une autre question me brûle les lèvres.

- Et tu trouves ça juste ? Tout ça ?

Elle rit, mais c'est un rire froid, sans chaleur. Je préférais l'autre. Son regard ne change pas, il est toujours aussi impénétrable.

- La justice ? Tu veux parler de justice ici ? Tu vis dans un monde où la justice n'existe pas. C'est chacun pour soi, et celui qui hésite finit par se faire écraser.

- Dumbledore, il a été là pour moi. Il a été le seul adulte qui a tendu la main. C'est lui qui m'a donné une chance.

Elle reste silencieuse un moment, puis sa voix devient plus tranchante.

- Même pas un an que tu le connais, et tu lui jures fidélité ? Tu sais ce que les rumeurs disent de lui, non ? C'est lui qui t'a laissé grandir sans parents. Comme un orphelin. Il aurai tué ta mere.

J'ai l'impression qu'un coup de poing me frappe en plein ventre. C'est vrai. Mais je ne peux pas tourner le dos à celui qui m'a ouvert les yeux. Je ne peux pas oublier ce qu'il a fait pour moi. Surtout vu ce qu'ai j'ai aperçu de mon putain de géniteur je ne sais pas si je regrette finalement. 

- Tu m'as dit que je devais être reconnaissant de ne pas avoir grandi avec mes parents. Ces grands sorciers de magie noire.

Elle me lance un regard glacial.

- Je t'ai dit des règles, Matheo. Pas des conneries sur la gratitude ou les sentiments. Les sentiments, ça te rend faible. Tu dois faire ton choix, et ne jamais douter.

Elle me fixe intensément, comme si elle attendait une réaction. Je n'ai pas de réponse. Il n'y a pas de place pour ça, dans ce monde.

- Parce que toi, tu es le parfait toutou ? Tu obéis dès qu'on te rappelle ?

- En effet. J'ai grandi pour ça. Je n'ai jamais désobéi.

Je me sens presque étouffé par ses paroles. Je suis à la fois attiré et terrifié par sa vision des choses. Mais au fond de moi, quelque chose me dit que je ne suis pas encore prêt à tout accepter.

- Mais toi, tu ne doutes jamais ?

Elle hausse les épaules, son regard froid fixé sur moi.

- Tu ne peux pas te permettre de douter. C'est une règle de base. Et toi, tu es un putain de livre ouvert. Notre maître, il lit dans tes pensées. Il sait déjà ce que tu penses avant même que tu ne l'ais décidé.

- C'est quoi, cette merde encore ?

- C'est la légilimancie. Une technique qui permet de lire dans l'esprit des autres. Il sait tout, tout le temps. Alors, fais attention à ce que tu laisses apparaître dans ta tête, Matheo.

Je la regarde, et une sorte de froideur m'envahit. Je sais que je dois m'adapter. Je dois devenir plus fort. Mais... est-ce que je vais y arriver ?

C'est une mise en garde, je le sais. Elle n'a pas tort.

-Ne doute jamais. Ou fais en sorte qu'il ne le voit pas.

Je la regarde, et je vois la vérité dans ses yeux. Elle est prête à tout pour ça. Tout pour le maître. Mais moi ? Je suis pas sûr d'être prêt à tout.

L'oubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant