Elisabeth Collins, jeune New Yorkaise diplômée, voit sa vie basculer du jour au lendemain. Elle souhaite changer radicalement les prochains mois de sa vie pour tourner la page.
Quoi de mieux que les terres arides d'Australie pour oublier ?
Curtis...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La pâte colle un peu sous mes doigts quand je l'aplatis sur le plan de travail. Je ne suis pas un foutu pizzaiolo, mais Alastair a décrété qu'il fallait faire "des vraies pizzas, pas ces conneries industrielles", alors on s'exécute.
— Putain, Curt', t'es aussi rigide avec la pâte qu'avec les gens.
Je lève un sourcil vers Al, qui m'observe avec cet air de défi permanent. Il adore provoquer. Je pense que c'est son sport préféré après le rugby.
— T'inquiète pas, ce sera meilleur que tes passes foireuses sur le terrain.
Erik éclate de rire, mais Al réplique immédiatement :
— T'as pas la moindre idée de ce que tu racontes, Mackay.
Il attrape une bouteille de bière, l'ouvre d'un coup sec contre le bord du comptoir et prend une gorgée. Sans parler de son poste de capitaine dans l'équipe universitaire, il vit pour ce sport, respire pour ça. Ce soir, il est branché Super Rugby Pacific, un tournoi qu'il suit comme si sa vie en dépendait.
— Le match commence dans vingt minutes.
Erik, lui, est beaucoup plus relax. Il jette un coup d'œil à la télé allumée sur une chaîne sportive où le générique d'avant-match joue déjà en fond sonore.
— Queensland Reds contre NSW Waratahs, annonce-t-il en coupant des tranches de pepperoni.
Al hoche la tête, satisfait.
— Les Red ont un bon effectif cette année, mais les Waratahs vont les exploser. — Tu paries combien ? — Une caisse de bières, lance Erik plutôt sûr de lui. — T'es cuit.
Leurs paris et leurs débats sur le rugby me passent un peu au-dessus. Je suis là, avec eux, sans vraiment l'être. Il y a un foutu poids dans ma poitrine que je n'arrive pas à dégager depuis qu'ils sont arrivés.
Erik me lance un regard en coin en attrapant une autre bière.
— T'as pas franchement la vibe d'un type qui passe une bonne soirée. — Ouais. D'habitude, t'es le gars qui me balance une connerie quand je hurle devant la télé.
Je ne réponds pas, et bien sûr, ça les motive encore plus à insister.
— Si c'est le match qui te fait cet effet-là, on peut toujours changer et mettre un documentaire sur la reproduction des méduses.
Je serre la mâchoire, mais je ne relève pas. Ce serait leur donner exactement ce qu'ils veulent.
Une fois les pizzas prêtes sur la table basse du salon, Al s'affale déjà sur le canapé avec sa bière, balançant ses jambes sur la table comme s'il était chez lui. Le match démarre. Impossible de me laisser happer. Mon attention se porte sur l'écran, les actions s'enchaînent, les stratégies se dessinent, mais rien ne percute vraiment. Tout reste en surface.