L'Etat et toi

Le réveil

Un mouvement, un grognement, et les paupières de Gaïa s'ouvrirent légèrement sur l'obscurité.

Son corps semblait être constitué de coton, et elle sentit son cœur battre dans ses tempes.

Où était-elle ?

Petit à petit, elle reprit conscience et ses yeux scrutèrent son environnement.

Elle s'aperçut alors d'une chevelure noire et d'un corps près d'elle. La joue contre la main de Gaïa, la paume posée sur sa cuisse, Justin Trudeau était assoupi.

La jeune femme se redressa légèrement et le mouvement réveilla le premier ministre. Ses yeux s'écarquillèrent en la voyant et il se redressa subitement. Un éclair de soulagement détendit ses traits froissés alors qu'il serrait un peu trop fort sa main.

—Gaïa... dit-il d'une voix rauque.

Elle lui offrit un sourire faible, alors qu'une infirmière entrait à ce moment-là.

Justin ne la lâcha pas des yeux tout au long de la procédure de réveil et de l'auscultation, scrutant le moindre de ses gestes, la moindre de ses réactions. Le corps tendu, le front grave, il guettait.

—Gaïa, il semble que vous allez bien, bon retour, lâcha l'infirmière en lui adressant un sourire encourageant. On va vous gardez encore sous observation quelques temps, mais vous êtes sur la bonne voie. Le médecin va passer vous voir bientôt.

Une fois la porte refermée, Justin s'approcha d'elle et effleura sa joue de ses doigts. Une douceur infinie se lisait dans ses prunelles où l'océan semblait se calmer.

—Mon amour, murmura-t-il, la voix cassée.

—Monsieur le premier ministre, coassa-t-elle dans un sourire.

Une ombre passa sur le visage de Justin et sa main se crispa subrepticement. Il ferma ses yeux, puis, les rouvrit pour la couver de son regard.

—J'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je crois... Tu n'imagines pas...

—Je suis désolée

L'affliction plissa le front de Justin.

—Ne fais pas ça. Ne t'excuse pas, tu n'as absolument rien fait de mal, ce n'est pas ta faute.

Elle devina où il voulait en venir et elle passa doucement sa main dans ses cheveux noirs.

—Justin...

—C'est la mienne, la coupa-t-il d'un ton glacial. Je n'ai pas su te protéger de ma... Fonction. Je suis vraiment désolée Gaïa.

—Ce n'est pas toi qui m'a frappé, protesta-t-elle en fronçant les sourcils.

—Ce ne serait pas arrivé si je n'étais pas... Premier ministre.

Gaïa soupira sentant une fatigue terrassante la gagner et Justin déposa un baiser dans le creux de sa paume puis, y laissa ses lèvres.

—Je suis complètement en amour avec toi, et s'en est effrayant.

La jeune femme se sentit rejoindre le sommeil sous les caresses de l'homme qu'elle aimait aussi éperdument.

Quelques jours plus tard, Gaïa avait pu regagner son appartement et se sentait bien mieux. On l'avait gardé en observation 48 heures et Justin était resté avec elle aussi longtemps qu'il avait pu avant de devoir assister à nouveau à des rencontres avec son équipe. L'actualité ne prenait jamais de pauses, et le Canada avait besoin de lui alors que les États-Unis venaient d'annoncer des droits de douanes de 25 %.