Never Forget Tome I : Le Rêve

Chapitre 3 : CONVALESCENCE

          Joseph se réveilla en sursaut. Quelqu'un frappait à la porte avec insistance. "Qui est-ce?...", se demanda-t-il, pas encore complètement réveillé. Dehors, le soleil était à-peine levé et la neige n'avait pas cessé de tomber depuis la veille. Des bribes de souvenirs resurgirent et le ramenèrent à la réalité. Il se leva péniblement et alla aussitôt en direction de la porte d'entrée, dont la poignée semblait être en pleine crise de convulsion. On essayait d'entrer! Il prit peur, poussa une plainte sonore et fit deux pas en arrière. Une voix s'éleva de l'autre côté du battant.

           "-Est-ce qu'il y a quelqu'un?"

          La voix n'était pas menaçante. Ni trop grave, ni trop aiguë, elle devait appartenir à un homme, mais pas à un vieillard.

          "-Qu-qui est-ce? balbutia Joseph, inquiet.

          -Police monsieur! Ouvrez la porte!"

          Il s'exécuta sans perdre de temps. Comme ce qu'il avait imaginé, l'homme était jeune. De courts cheveux bruns taillés de près, imberbe, de taille normale, il n'avait rien de remarquable. Un seul homme, dont l'uniforme semblait presque trop grand pour lui, et loin d'être très intimidant. Il était presque même embarrassé et ne savait pas comment s'y prendre. Un bleu. Il resta sur le seuil de la porte, sa voiture était garée à quelques mètres derrière lui.

          "-Joseph Solman? vérifia l'homme.

          -Oui?

          -Monsieur Machal, je suis chargé de te conduire au poste de police, où je t'interrogerai sur...

Il s'arrêta net, son embarra lui était désormais impossible à cacher.

          -Enfin... je suppose... que tu es déjà au courant...

Joseph se contenta de fixer le sol. L'agent n'était visiblement pas doué pour remonter le moral...

          -Heu... bon, suis-moi, fit l'homme en marchant vers la voiture.

L'enfant ne bougea pas, une main toujours posée sur la poignée de la porte. Il le regarda s'éloigner sans qu'il ne se rende-compte qu'il ne l'avait pas suivi. Ce n'est que lorsqu'il ouvrit la portière du passager qu'il le remarqua.

          -Alors? s'étonna-t-il. Tu ne viens pas?"

          Joseph fut surprit par la rapidité des choses. Le policier n'était même pas entré dans la maison. Il devait suivre les ordres de cet homme, c'est tout. Et une question surgit dans son esprit, une question évidente, mais dont Joseph n'arriva qu'alors à en comprendre le sens: qu'allait-il devenir?... Il lui était difficile de savoir quel sentiment il éprouvait. Tout avait changé en un éclair...

          Ils prirent la même route que la veille. Et inévitablement, ils passèrent à l'endroit de l'accident. Sans un mot, avec le bruit du moteur pour seule compagne. Joseph regardait la neige, les champs, la forêt. Il pensait... ne pouvant s'accrocher à la moindre certitude. La tristesse s'était un peu évanouit et avait laissé place à une lueur de détermination dans ses yeux. Ses yeux noirs, comme ceux de son père, dont il était très fier. Même au plus grand jour, l'iris se confondait à la perfection avec la pupille. Personne n'avait des yeux aussi sombres que lui, sauf son paternel...

          Ils arrivèrent au poste, où monsieur Machal l'interrogea sur l'accident. Joseph décrivit tout ce qu'il pouvait et donnait le maximum d'informations. Même sur Victor et son alcoolisme.

          -"Et pourquoi il buvait, ton père?

          -Je sais pas..."

          Bien-sûr, il était parfaitement au courant. Mais il pensa que connaitre la source de ses problème d'alcool ne serait d'aucune aide à l'agent. Et c'était bien mieux comme ça. Ensuite, le policier lui demanda si il avait de la famille, quelqu'un à contacter, mais à présent il était le dernier représentant des Solman.