Chapitre 14 : L'EMPIRE

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          La bataille de Tunis s'acheva le 1er Avril 2012, et avec elle, la campagne de Tunisie fut terminée. Kadir pouvait à présent passer à l'étape suivante de son plan...

          Depuis son palais, à Jérusalem, il avait contrôlé les armées, envoyé des ordres et planifié les plus grands combats. Omar, son bras droit, l'accompagnait toujours et lui était entièrement dévoué. Âgé d'un peu moins de quarante ans, il avait le même physique que Fadel, l'oncle d'Ahmed, à la seule différence qu'il portait des anneaux aux oreilles, ainsi qu'au nez. Il faisait aussi preuve d'une formidable souplesse et avait appris à manier des dizaines de lames différentes, considérant que les armes blanches étaient plus nobles que la poudre-à-canon. Pour lui, Kadir était son maître, même si ce dernier ne lui apprenait rien. Il n'avait jamais porté d'arme de sa vie alors qu'Omar avait toujours au moins cinq lames à portée de main. Tous deux vivaient à temps complet dans le palais. Et le plan sur lequel ils travaillaient ne leur laissait pas le loisir de profiter de l'extérieur bien longtemps.

          -"Pourquoi ne sors-tu pas? avait demandé Kadir le lendemain de la victoire contre la Tunisie."

          Il s'amusait de la dévotion démesurée dont faisait preuve Omar. Parfois il insistait pour qu'il prenne une journée de repos, passer du temps en ville. Mais c'était toujours à contre-coeur que son bras droit sortait sans lui.

          Quant à Kadir, il passait le plus clair de son temps à écrire. Il relatait ses pensées, l'humeur de son peuple, l'état de son pays... La cinquantaine passée, métisse, les cheveux courts et grisonnants, il n'avait pas de trait particulier mis-à-part ses vêtements. En effet il portait, aussi souvent qu'il le pouvait, un grand manteau noir aux bordures rouges. Ne montrant presque jamais ses émotions, seul Omar, qui les avait apprises avec le temps, était capable de savoir dans quel état d'esprit il se trouvait. Malgré son statut d'ennemi public numéro un à travers la quasi-totalité du Monde, il n'apparaissait pas comme un tyran. C'était un homme mystérieux, mais aussi profondément triste... meurtri par les violences que son peuple avait dû subir par le passé... Son objectif ultime était de faire éclater la Vérité au grand jour, et de détruire tous les responsables du massacre de son pays. Et alors qu'il se donnait corps et âme à cette tâche, il allait bientôt pouvoir assouvir son désir...

          Ce jour-là, le 2 Avril 2012, Kadir devait parler à Omar au sujet de son dessein. Le délai qu'il s'était donné avant sa grande attaque touchait presque à sa fin... Ils se donnèrent rendez-vous dans une salle dont eux-seuls avaient le droit de pénétrer. La pièce était grande, aux murs tapissés de rouge bordeaux, d'immenses fenêtres à carreaux donnant sur la ville, des tapis du même style que les fresques murales, ainsi que des chaises rouge aux ornements dorés. Ce n'était pas Kadir qui avait choisit cette décoration, il la trouvait tape-à-l'œil et détestait montrer des signes de richesses.

          -"Vous m'avez demandé, monsieur, fit Omar en se présentant à lui.

          -Le grand jour approche, mon ami... annonça Kadir en regardant la ville à travers une des grandes fenêtres.

          -Il reste exactement cinq semaines, monsieur.

Lorsqu'ils étaient dans cette salle, Omar se tenait toujours à une distance respectable de lui. Il savait qu'en ces moments-là, Kadir pensait à mille choses à la fois, et il aimait pouvoir réfléchir à son aise. Sans pour autant mettre Omar à la porte...

          -La campagne de Tunisie est une réussite, fit ce dernier.

          -Oui, c'est une excellente nouvelle.

          -Pouvons-nous passer à l'étape suivante, monsieur?

          -Oui... répondit Kadir, un léger sourire aux lèvres.

Never Forget Tome I : Le RêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant