Chapitre 8 : SERVICE RENDU

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           La maison, ou plutôt, la villa de Rachelle se situait à la sortie de la ville, dans les quartiers chics. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà. La bâtisse était imposante, deux étages, un balcon et, derrière, un immense jardin. Il n'y avait aucune trace de la police mais il était inutile de prendre le risque de passer par la grande porte... "Au moins, il n'y pas de lumière...".

          Il fit le tour de la propriété et escalada le mur extérieur. Scrutant les alentours, il traversa le jardin et parvint à ouvrir la baie vitrée qui donnait directement sur le salon. Il jura contre lui-même de ne pas lui avoir demandé où se trouvait sa chambre. Il longea le mur sur la droite et se retrouva au pied de l'escalier. Imaginant qu'elle soit à l'étage, il grimpa jusqu'en haut des marches.

          -"Et merde pourquoi je fais ça, moi? Tout ça pour des fringues!"

          Il se trouvait à présent dans un couloir avec trois portes. Il marcha lentement vers la plus proche et l'ouvrit lentement. Une odeur de sang lui prit à la gorge. Il était dans la chambre de Ian Scott... Le corps n'était plus là, mais il n'y avait aucun doute... Le lit était couvert d'hémoglobine.

          -"C'est le travail d'un seul homme, conclu-t-il par le fait que c'était un assassinat tout ce qu'il y avait de plus simple: UNE cible, donc UN tueur. Peut-être pour son propre compte... Il savait qui il allait tuer, et pourquoi. Il savait aussi que ce jour-là, le maire était chez lui. Il avait donc dû l'observer pendant un temps avant de passer à l'acte..."

          Voilà tout ce qu'il pu déduire. C'était mieux que rien, et puis c'était surtout pour Rachelle qu'il fit sa petite enquête, mais il préféra ne pas s'attarder davantage et referma le battant.

          -"Y'en a marre de jouer les gardes. Y'a personne ici!"

          Joseph se retourna brusquement. "Des flics! ". Il se réfugia dans la pièce adjacente en priant pour qu'ils ne viennent pas par là. Par chance, les bruits de pas s'éloignèrent.

          Il ne mit pas longtemps pour comprendre qu'il se trouvait dans la chambre de Rachelle. Les murs étaient tapissés de papiers peins roses bonbon, avec des posters placardés çà et là. Et, comble de la fantaisie, un lit rose digne d'une princesse trônait au pied du mur du fond.

          -"Ça me donne envie de vomir... Bon, le plus dur reste à faire..."

          Il devait à présent fouiller les tiroirs, tout en espérant trouver une valise ou quelque chose du même genre. Il ouvrit un grand placard, en bas duquel se trouvait un sac de sport, rose lui aussi... Au niveau supérieur, étaient accrochés des pulls, des chemises et autres hauts. Il attrapa trois exemplaires aux hasard et les fourra dans le sac. Il passa ensuite aux tiroirs, situé juste sous la fenêtre. Celui du haut était remplit de maquillages en tout genre: des rouges à lèvres, des mascaras, des poudres et des crèmes dont Joseph n'avait pas la moindre idée de leur utilité. Il le referma précautionneusement. Celui du centre contenait des pantalons et des shorts. Au vu de la saison, il opta pour les jeans. Et, dans le dernier se trouvaient...

"Oh merde... aidez-moi...".

          Il ferma les yeux et tira une grosse poignée de sous-vêtements et les jeta avec les autres, avant de refermer le tout.

          Sachant que des gardes surveillaient la villa, il décida de passer par la fenêtre pour sortir. Il observa le jardin, plongé dans l'obscurité. "Personne...". Mais les gardes à l'intérieur se rapprochaient, il les entendaient discuter. "Allez vite, Joseph!".

           Les pas devinrent bien distincts. Ils pourraient entrer d'une seconde à l'autre! Il attrapa le sac et le lança tant bien que mal dans le jardin. Il se concentra pour sauter juste et éviter de se blesser. La poignée tourna lentement et la porte s'ouvrit. Il avait sauté juste à temps. La chute fut sans encombre.

          -"Elle était pas sensée rester fermée cette fenêtre?

          -Je sais pas..."

          L'alerte ne fut pas donnée mais les gardes s'agitèrent et parcoururent la propriété à la recherche d'un possible intrus. Mais Joseph lança la valise par-dessus le mur et le franchit à son tour, avant de disparaître dans la nuit. 

          Rachelle était assise dans le salon, devant la télé, un paquet de pop-corn dans les mains, lorsque Joseph fut de retour.

          -"Me revoilà, dit-il en entrant. Tu sais, je n'ai pas l'habitude de ce genre de mission... La maison était surveillée, j'ai dû improviser pour sortir..."

Elle ne répondit pas. Joseph s'approcha et vida le contenu du sac sur le canapé. Rachelle inspecta son trésor vêtement après vêtement.

          -J'espère que tu ne comptais pas sur moi pour récupérer ton fichu maquillage, prévint-il.

          -Je suis satisfaite, fit-elle d'un air amusé. Je vois que tu as pensé aux sous-vêtements.

Il se sentit gêné. Cela ne lui était jamais arrivé de ressentir cette étrange honte, en présence d'une fille. Durant ses cinq dernières années, la gente féminine était le cadet de ses soucis.

          -Tu es rouge comme un saumon! s'esclaffa-t-elle en se tordant de rire."



Never Forget Tome I : Le RêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant