Chapitre 18 : Davy

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Cette journée à été longue. Très longue. Depuis ce matin, ses mots résonnent dans ma tête. Il m'a été impossible de me concentrer sur les matchs sportif du jour. Je ne faisais que penser à elle, à la voix neutre, sans expression, qu'elle a pris pour parler de moi. A la tête qu'elle a fait lorsqu'elle est partie avec mon père. Après de longues heures, ils finissent par revenir. Il fait déjà nuit, et mon père me demande de le laisser seul avec Marie, et d'accompagner Clary manger un morceau. Je m'exécute, heureux de pouvoir la revoir, seul.

- Comment tu te sens ? Il s'est passé quoi ?

Elle ne me répond que quelques secondes plus tard, après avoir avalé sa bouchée de pâtes, et reprend la voix neutre et froide de ce matin.

- Bah, je me sens comme une fille qui a dû décider du sort de la maison de ses parents, quoi. Et il ne s'est rien passé de particulier. Un mec est venu, il m'a autoriser à choisir des objets que je comptais garder, et on est repartit après que ton père ai décider de s'occuper de la vente de tout ça.

- Tu veux en parler ? je lui demande en m'approchant d'elle

Elle a un léger mouvement de recul. Tout petit, mais que je détecte.

- C'est gentil mais je vais bien. Et j'ai juste envie de voir Rose. Tu sais où elle est ?

- Avec les autres, j'imagine. Ils font une soirée feu de camp, dehors. Tu veux y aller ?

- Ouais j'y vais. On se voit plus tard.

Elle s'éloigne, et me laisse seul, sans comprendre son changement d'attitude. Elle me parait si ... froide, distante. Ce n'est plus la fille avec qui j'ai passé des moments agréables. Pour comprendre ce qui se passe, je décide d'aller voir mon père, qui est encore avec Marie. Ils discutent d'un sujet important quand je rentre, mais pas si secret que ça car ils continuent de discuter comme si je n'étais pas là.

- Donc, c'est réglé, vous vous chargez de tout ... déclara Marie

- De tout quoi ? Papa, que s'est-il passer aujourd'hui ?

- Une simple démarche commerciale, mon fils. Tu n'as pas à t'inquiéter, les affaires de ton amie sont entre de bonnes mains. Dès demain, ce qu'elle souhaite garder sera garder en lieu sur à la maison.

- Je parle de son état émotionnel, pas de son compte en banque, dis-je d'une voix pleine de colère.

- Elle est sous le choc, c'est évident. Mais elle s'en remettra, ne t'en fais pas. C'est une fille forte et mature, qui comprend et accepte la situation avec une diplomatie remarquable. J'imagine que son rôle est bien plus ancré en elle qu'elle ne le pense, suggère mon père

- Et que va-t-il lui arriver, à la fin des vacances ? J'imagine que l'émancipation n'est pas possible, je demande

- En effet. C'est ce qu'on voit actuellement avec Marie. La faire venir chez nous jusqu'à sa majorité ne fera qu'attiser les tensions autour de son impartialité. Alors Marie propose de la loger chez elle le temps qu'elle soit officiellement majeure.

- Oui, en tant qu'ancienne gardienne, je pourrais aisément la comprendre et l'aider en cas de besoin potentiel, tu comprends, répond Marie en me regardant, un grand sourire sur le visage.

- Rien ne dit qu'elle acceptera, vous savez ...

- Oh, oui, bien sur, c'est un risque, mais c'est sa décision et nous lui en parlerons quand son anniversaire sera passé, déclara mon père.

- Vous la considérez comme un vulgaire morceau de viande, crachai-je avant de sortir du bureau.

Cette tension, cette histoire, ces décisions me dégoutent au plus haut point. Comment dois-je accepter que mon amie soit traitée comme de la marchandise, un objet social, un vulgaire morceau de viande, transporter et manipulé à la guise des adultes ? Enervé, je me dirige vers le feu de camp, qui regroupe moins de gens que je ne le pensais. Les groupes sont dispersés ici et là, et je ne tarde pas à retrouver Clary du regard, qui participe pleinement à une conversation vers notre bande d'amis. Avec eux, elle semble elle même, plus proche de la jeune fille joyeuse, sarcastique, et drôle que j'ai rencontré au début du camp. Avec eux seulement. Je ne comprend pas pourquoi elle est aussi froide avec moi, depuis ce matin. Est-ce à cause de mon père ? A cause de ses responsabilités ? Du deuil qu'elle semble faire de façon étrange ? Ou tout simplement de moi ... Elle est sûrement gênée par la proximité entre nous, le fait que je l'observe, tout le temps. Batiste à surement raison. Elle doit penser que je suis un psychopathe.  C'est donc moi le problème. Mais comment suis-je censé réagir ? L'éviter ? Ce serai trop dur. Mais c'est apparement ce qui semblerai plus adapté.

L'arrivé d'Evan me fait sursauter, puisque, plongé dans mes pensées, je ne l'avais pas entendu arrivé. Bravo, fécilitation, le loup garou aux sens développé ...

- Pourquoi tu te tiens à l'écart ? me demande-t-il

- J'ai juste besoin d'être seul. Est-ce que ça va, là bas ?

- Ouais, ça peut aller. Je sens bien une tension, entre toi et Clary. Il se passe quoi ?

- Je ne pense pas que tu sois la meilleure personne pour en parler, sans vouloir te vexer, lui dis-je d'une voix froide.

- Justement. Je suis le seule garçon, à part toi, à qui elle parle vraiment. Je peux veiller sur elle, tu sais.

- C'est justement mon problème, figure toi. Je ... ça me bouffe de l'intérieur, de la voir proche de toi.

Je m'attendais à ce qu'il me rit au nez, qu'il prenne un air supérieur, mais il se contente de me regarder, d'un air calme et compréhensif.

- Je peux le comprendre. Mais je ne compte pas me mettre en vous. J'ai conscience qu'elle tiens plus à toi qu'à moi, même si elle est encore sous le choc pour s'en rendre compte. Si je peux te donner un conseil, c'est d'arrêter de lui tourner autour, mais de veiller sur elle, de loin. Je te tiendrais au courant de son état, si tu le tiens, mais elle a besoin de se retrouver, et ta présence risque de la perturber. Laisse la se reconstruire, tout en te montrant en tant qu'ami. Soit présent pour elle, sans t'imposer.

- Pourquoi tu me conseilles, alors que je vois bien qu'elle te plait ? lui demandai-je, méfiant

- Parce que je sais ce que ça fait, d'être à ta place. D'aimer une personne sans pouvoir l'approcher. C'est pour ça que je veux t'aider. A toi de voir. En tout cas, je te souhaite une bonne soirée.

Il s'éloigne et je me contente de le regarder. Je sais que je n'ai pas d'autre choix que de me fier à lui, mais j'ai mal. Trop mal pour l'admettre. Pourquoi, pour une fois dans ma vie, où je pouvais penser à moi, à mon propre bonheur, à mes propres envies, me pousse-t-on encore à penser aux autres, à m'éloigner de la personne que je désire vraiment, que je sais de source sûre qu'elle me rendra vraiment heureux ? Suis-je donc destiné à obéir à mon père, toute ma vie, sous prétexte qu'il est mon alpha ? Dois-je réellement me plier aux règles, cette fois ?

Je sens une rage silencieuse se former en moi. Je sens que toutes mes idéologies, mes croyances, et les choses qui ont dicter ma vie jusque là sont en train de se fissurer. Je refuse de dépendre de mon père, je refuse d'épouser une fille que je n'aime pas, je refuse de plier sous les envies des gens qui m'entourent.

Cette colère, cette rage, déclenche sans que je m'en rende compte ma transformation. Je sens mes os craquer, mes muscles changer de formes, de place, et la douleur me fige. Ce n'est que quelques secondes après que je me sens réellement bien : je suis sous ma forme de loup, et mes instincts naturels reprennent le dessus sur mes instincts humains. Je pousse un hurlement, qui me libère, avant de me rendre compte qu'une fille s'est rapproché de moi. Elle est brune, et son odeur m'est familière. Elle semble apeurée. Comment j'ai fais pour ne pas la voir arriver. Elle, la seule personne que l'odeur a réellement marqué.

- Davy, je sais que c'est toi, je t'ai vu te transformer.

Sous cette forme, je ne peux pas parler, et je lui grogne dessus, avant de m'enfuir vers la forêt. Je sens que le loup en moi a une furieuse envie de la croquer. Je dois mettre de la distance entre nous. Alors je cours, aussi loin que possible. Mais je l'entend me courir après, me suivre. Bordel, il faut qu'elle s'en aille. Je dois me canaliser pour ne pas l'attaquer.

Mais je stop ma course d'un coup. Devant moi, se dresse un loup à la fourrure rousse, et je reconnais son odeur. C'est celui qui nous a attaquer. Celui qui a attaquer les parents de Clary. Celui qui vient surement pour finir le travail. Mais cette fois, ce sera différent : je suis au plus haut de mes capacités.

Il ne m'échappera pas. 


Quand une morsure peut changer ta vie ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant