Quand une morsure peut changer ta vie ...

Chapitre 65 : Gabriel

Aider Alice ? Qu'est-ce qu'elles ont pu fumer en mon absence ? Après que Rose/Dark m'ait expliqué son idée, je soupire et la serre contre moi, pour avoir accès à son oreille.

- Tu as totalement perdu la raison, ma pauvre chérie.

Rose semble partagée entre plusieurs émotions, et c'est son côté sérieux et implacable qui remporte la victoire.

- Arrête de rire, stupide démon. Elle peut réellement être sauvée. C'est mon côté surnaturel qui me le dit. Pour ça, faut qu'on suivent mon plan..

J'ignore ce qu'il se passe dans la tête de cette blonde, mais une véritable bataille semble faire rage.

- Prouve moi que c'est toi. La Rose que je connais.

Elle semble surprise, et se fige. J'imagine déjà sa partie noire jubiler et reprendre le dessus. A vrai dire, j'ignore ce que j'attend, puisque je suis certain que Dark à totalement écraser Rose, et que cette dernière est bien trop têtue pour partager son corps de son plein gré. Mais une lueur déterminée, et sincère brille soudainement dans ses yeux, avant qu'un fin sourire malicieux apparaisse sur son visage. Devenant rouge pivoine, elle approche son visage du mien et pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Et à ce moment, ce n'est plus un frisson glacial qui me traverse, mais une douce chaleur qui se propage de ma bouche jusqu'au bout de mes doigts. A cet instant, je n'ai plus aucun doute sur l'identité de son côté dominant actuel.

- Je te crois, murmurai-je. Alors dis moi tout, mon ange.

Souriante, mais toujours rougissante, elle me murmure rapidement son idée, et mon coeur se fige. C'est en totale contradiction avec le plan de Clary. Et soudainement, je doute de son côté sombre.

- Jamais Rose n'accepterai une telle chose. Puisque jamais elle n'aurait songé à trahir sa meilleure amie.

- Sauf si moi et Dark sommes pour une fois en totale cohésion. Elle a percée à jour la carapace d'Alice, et j'ai décidé de l'aider suite à ça. Alors si tu as une quelconque affection pour moi, montre la moi en me soutenant.

Une « quelconque affection » ? Se rend-t-elle compte de l'effet qu'elle me procure ? De cette sensation apaisante qui m'envahie en sa présence ? Si elle semble avoir percée le masque d'Alice, ce n'est pas le cas pour le mien. Et bien que cette révélation m'attriste, je songe réellement à l'aider.

- Alors nous feront comme tu le souhaites, soupirai-je avant de lui embrasser la joue, et de lui tourner le dos pour dormir. Enfin, plonger dans mes pensées le temps de quelques heures.

Au petit matin, alors qu'il n'est que six heures, Alice entre dans la chambre, habillée élégamment, comme à son habitude. Son regard se pose sur Rose et moi : cette dernière dors paisiblement, la tête posée sur mon torse. Le haussement de sourcil narquois que me lance la brune vaut toutes les moqueries du monde, et je me contente de lui adresser une salutation de la part de mon majeur. Elle glousse et me fait signe qu'on doit se lever. C'est donc à contrecoeur que je passe ma main dans le dos tiède de Rose. Elle émerge doucement, et son regard brumeux me fait fondre. Même si je ne sais toujours pas quelle Rose j'ai en face de moi.

- Debout, mon ange. On a rendez vous aux Enfer aujourd'hui.

Elle semble sur le point de répliquer, alors que je me lève et enfile mes vêtements rapidement. Sans réaction de sa part, je me retourne pour voir son regard figé sur mon ... postérieur ? Hum, sûrement une hallucination. Je lui lance ses affaires avant de sortir. Décidément, cette histoire est de plus en plus difficile à suivre.

Après un café silencieux, et l'arrivée discrète et gênée de Rose, j'invoque un portail transdimentionnel, qui nous reliera directement aux Enfers. Je me tourne rapidement vers les filles et observe leurs tenues. Alice se fondra totalement dans la masse. Mais Rose ... Je pose mes pains sur ses épaules et lui invoque une tenue identique à sa première visite aux Enfers. Alice semble surprise, mais je prend la main de Rose et invite Alice à nous suivre rapidement.

Une fois arrivée sur place, et après avoir passé ce léger malaise intestinal, je décompte quelques secondes dans ma tête en imaginant que mon père apparaitra avec un de ses effets spéciaux préférés. A peine arrivé à 2, un nuage de fumée apparait devant nous et mon père en sort, souriant et fier.

- Mon fils, je suis ravi de te voir. Encore des humaines ?

- En partie. Tu reconnais Rose, l'ange à présent déchu que je devais corrompre, et voici Alice, l'ancienne Gardienne des ténèbres.

- C'est un plaisir de te rencontrer, Alice. Et je suis navré pour la perte de tes pouvoirs : tu imagines bien que c'est toi que j'aurais voulu comme unique Gardienne.

- Enchantée également. Et je vous remercie de votre sollicitude.

Au regard de mon père, je comprend qu'il a une idée en tête concernant Alice. Si seulement il savait que c'était réciproque ...

- Père, je suis ici pour consulter la Pierre de la Vérité, afin de soigner Rose.

- Tu comptes lui prendre son âme par la suite, bien entendu ? demande Père

- Tu me connais, Papa, répondis-je, même si ses mots m'écorchent la bouche.

Il hoche la tête et nous demande de le suivre, ce que nous faisons en silence. En chemin, nous croisons d'autres démons, qui sont soit choqués, soit curieux face à notre petit groupe. Mais mon père étant mon père, il affiche un visage fier et figé, celui qu'il affiche lorsqu'il mène un combat politique contre les autres démons. C'est d'autant plus douloureux pour moi car au fond de moi, c'est mon père, et je m'apprête peut être à le trahir pour une vérité que je ne suis peut être pas prêt à entendre. Mais mon regard se pose sur Rose, et je fini par me convaincre que ce que je fais actuellement est la bonne chose.

A mon grand bonheur, on arrive rapidement au temple qui protège et expose la pierre. Ce dernier est entouré par le Styx, qui le contourne de manière gracieuse et silencieuse. Je me souviens être venu ici avec ma mère, étant enfant. Mais me souvenir d'elle est douloureux, même si je ne l'avouerai pour rien au monde.

- Nous y voila, déclare mon père, après avoir convaincu les gardes présent de s'écarter. Rien qu'avec un regard.

- Cette pierre est magnifique, déclare Alice, les yeux brillants.

Ah, les filles et les gros cailloux, alors. Je ne comprendrai jamais cette fascination.

- Bof, juste un caillou lumineux et taillé de façon vulgaire, réplique Rose, qui manque de me faire rire, ce qui n'est pas recommandé devant mon père.

- Ce « caillou », jeune et ignorante demoiselle, est une des reliques les plus précieuses et sacrées qui montre notre victoire contre ses anges stupides et vicieux.

- Ouais, un stupide caillou. Les fossiles aussi, ça se collectionne, sur Terre, souffle Rose.

Bon, changement de sujet, sinon elle va se faire carboniser ...

- Père, dis moi, comment les anges l'utilisaient, avant qu'on ne réussissent à leur dérober ?

- Oh, tu sais, ils n'ont pas un cervelle très développée, alors c'est d'une simplicité enfantine, répond mon père, ignorant le regard noir de Rose. Il te suffit de la toucher en prononçant la formule suivante : « Pierre, toi qui représente la pureté et la sincérité des anges, montre nous la vérité ».

Je garde le silence. On approche enfin du but. Et c'est maintenant que tout va se jouer.

- Mais pour les démons aussi, ça fonctionne ? J'veux dire, ça ne va pas tuer Rose, étant donné qu'elle est à moitié comme nous, à présent ?

- Bien sur que non. Sinon on ne prendrait pas le risque de l'exposer ici, réplique mon père.

- Alors, vous pourriez peut être nous montrer comment le procédé fonctionne ? demande Alice ne faisant les yeux doux à mon père, qui ne tarde pas à céder à son charme satanique.Et à son côté fier et imposant.

- Rien de plus simple.

Il s'avance vers la pierre, pose élégamment la main dessus et prononce la formule. Un silence suit son acte, et l'espace d'un instant, je suis rassuré de ne pas avoir à détester mon père. Mais la pierre s'illumine et une voix cristalline s'élève de la pierre :

- Toi, Mortimère, au fond de toi, tu es conscient que la mort de ta femme est entièrement de ta faute. Et tu devras payer de ta culpabilité pour le restant de ta vie.