Chapitre 53 : Gabriel

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Encore une nuit qui s'annonce longue, dans cette ville totalement dénuée d'intérêt pour moi. Un des inconvénients de ma nature, c'est que je n'ai pas forcément besoin de dormir, ce qui peut s'avérer être un avantage dans certains cas où je dois espionner des êtres humains afin de les tourmenter.

Sous ma forme de hibou, car j'ai la possibilité de prendre d'autres apparences, je suis actuellement perché sur un arbre en face de la chambre de cette fameuse Rose. Cela fait maintenant deux jours qu'elle m'a surprise en train de renouveler le sort de contrôle sur ses parents, et que, par effet de surprise, j'ai voulu jouer la carte du grand méchant. Bon, je dois avouer que son regard terrifié valait toutes les tortures du monde, tellement son innocence en a pris un coup. Mais je ne lui ai pas menti, bien que j'aurais pu le faire. Le plus drôle, c'est que ma nature la poussera à croire que je lui ai raconter des cracks. C'est plutôt ironique, comme situation.

Il est maintenant trois heures du matin, et cette jeune et jolie demoiselle ne dors toujours pas. Non, je ne suis pas un voyeur, rassurez vous. Mais ma mission consiste à lui faire le plus de mal et à l'amener dans ses derniers retranchements, ce qui me pousse à l'espionner. Je peux même vous affirmer que depuis deux nuits, elle a du mal à trouver le sommeil. J'imagine (et j'espère) que c'est à cause de mon joli discours sur mon intention de la détruire. Après tout, je ne dois pas échouer, il en va de ma propre survie. J'ai encore en mémoire les dernières paroles de mon père, datant de quelques semaines.

Nous étions en train de contempler un volcan en éruption, tout en jouissant de la destruction que provoquait la coulée de lave en fusion, quand il a prit une voix sérieuse. Pour information, cela n'arrive jamais en règle général.

- Gabriel, je dois te parler. Tu dois savoir que depuis mon poste haut placé dans la hiérarchie des limbes, j'assiste à toutes les réunions et participe à toutes les décisions concernant l'avenir de nos projets.

- Ouais, je sais tout ça. Viens en au faits, je sens que tout ça est excitant !

- Du calme, mon petit démon. Tu prends à présent dix sept ans en âge terrien, et c'est l'âge auquel on confit la première mission aux apprentis démons, afin de leur faire acquérir leurs pouvoirs de démon confirmé.

- Attend, tu veux dire que c'est enfin mon tour de partir sur Terre pour détruire la vie d'un de ses pauvres êtres insignifiants ?

- Oui, c'est cela. Enfin, tu connais les grandes lignes. En vérité, ta mission sera plus complexe. Pour devenir un véritable démon, il te faut absorber l'âme d'un ange, et pas celui d'un autre de ses êtres surnaturels.

- C'est plutôt simple ça, voyons ! En deux jours, c'est fait.

- Gabriel, écoutes moi, me gronda mon père. En fait, tu ne peux pas lui aspirer son âme comme tu as appris à aspirer les rêves et les espoirs, à l'école. Non, c'est plus compliqué que ça. Une âme est scellée à l'enveloppe charnelle qui la contient, et pour t'en emparer, il faut que l'être vivant te la cède, et soit dans un état émotionnel quasiment dépressif, limite suicidaire.

- Donc, en résumé, je dois faire souffrir un ange jusqu'à ce qu'il me cède son âme ? C'est un jeu de gargouille, ça !

- N'oublie pas notre règle d'or : tu ne dois jamais toucher un ange. Jamais. Tu pourras manipuler les autres créatures de nature surnaturelle, ou non, mais en aucun cas toucher ou éprouver quoi que ce soit pour ses parjures de petits angelots.

Un coup de vent me sortit de mes pensées. Mon père m'avait réellement prit pour un débile, ce jour là. Je connaissais tout cela, et était habitué aux discours des vieux démons, qui traînent au plus profond des limbes, car ils sont trop vieux et faibles pour remonter à la surface faire leur travail. C'est par la suite que j'ai eu l'information concernant l'ange qui m'avait été attribué. Avec des amis démons de mon âge, on s'est même lancé un pari sur le temps pour passer à l'étape supérieure. Mais ils n'ont aucune chance de me battre, j'ai toujours été et resterai toujours le meilleur dans tous les domaines qu'il soit. Et explorer et manipuler une pauvre humaine stupide avec quelques pouvoirs ne fera pas exception. En fait, je la suis depuis un moment, et trouve sa vie totalement mortelle. Comment quelqu'un peut-il accepter de se rendre tous les jours dans ce lieu froid et morbide qu'ils appellent « lycée » ? Comment peut-elle supporter les gens niais et stupides qui l'accompagne et qui se disent ses amis ? Et surtout, comment peut-elle accepter de vivre une vie si banale, alors qu'elle pourrait se servir de ses pouvoirs pour agir sur le monde qui l'entoure ? A sa place, j'aurais déjà jouer la carte des pouvoirs depuis longtemps, et rendu ma vie plus dynamique. Mais elle n'a pas à s'inquiéter : Gabriel est enfin là, et sa vie sera plus que dynamique maintenant que je suis dans les parages. Enfin, le peu de temps qui lui reste à vivre, bien entendu.

En jetant un coup d'oeil à son réveil, je vois qu'il est maintenant cinq heure du matin. Je m'envole alors vers le quartier où vit son amie Clary, qui, dans son lit, dors paisiblement dans les bras de son copain. Mon plan est plutôt simple dans un premier temps : je vais me faire passer pour un adolescent comme les autres, en me prétendant d'une nature surnaturelle tout à fait banale. De toute manière, la nature de démon n'est jamais ressentie, à part quand on le révèle. Mais comme ce n'est pas mon intention, je serai donc un charmant petit chaman, durant les prochaines semaines. Et pour m'intégrer à leur bande, rien de mieux que de changer d'identité, et de me faire passer pour le voisin de sa meilleure amie, qui est la nouvelle et seule Gardienne, donc censée accueillir et protéger les créatures de notre monde. Quand je disais que cette mission serait simple ...

Pour commencer, me transforme en serpent et me faufile dans la maison des voisins de Clary, en passant par le système d'aération, qui est tellement vieux que je peux en sortir sans soucis. Une fois rentré, je me dirige vers la chambre du couple qui y habite, et leur lance directement un sort de confusion, afin qu'ils me voient comme leur neveu. Puis, je me dirige vers la salle de bain pour changer de tenue. Cette Rose m'a déjà vue, mais il faisait sombre, donc pas besoin de trop me changer, puis, je m'aime de trop pour songer à m'enlaidir. Alors un simple coup de gel, et un claquement de doigt suffisent à me donner un air chic. Je suis parfait. Deux heures plus tard, alors que le couple se lève, je m'avance vers eux et leur sourit pour vérifier que le sort a parfaitement fonctionner, mais comme je n'en ai jamais raté aucun, c'est une certitude.

- Bonjour mon petit Peter, déclare la dame, d'une trentaine d'année apparemment. Tu as faim, mon neveu adoré ?

- Absolument. Au fait, Tata, tu sais que je n'oserai pas aller vers les jeunes de mon âge, alors tu pourrais me présenter à notre voisine, en face ? Elle a l'air sympathique.

- Sans soucis, mon coeur. Nous irons les saluer après déjeuner. 


Une heure plus tard, alors que le soleil est déjà haut dans le ciel, ma «tante » se dirige d'un pas ferme vers la maison de la voisine. Une jolie blonde ouvre la porte, avec un sourire chaleureux.

- Bonjour, Madame Haris. Que puis-je pour vous ?

- Bonjour Marie. Je viens te présenter mon neveu, qui vient à présent vivre chez moi puisque ses parents voyagent beaucoup. Comme il est un peu timide, et que ta fille a le même âge, j'ai pensé que de les présenter pourrait l'aidé à se faire des amis.

- Oh, sans problème. Mais Clary n'est pas ma fille, vous savez. Je l'ai prise chez moi suite au décès de ses parents, cet été. Mais entrez, les jeunes ne vont pas tarder à descendre.

Je suivis la dénommée Marie, et sentie comme une vibration en passant la porte. Sûrement un bouclier ou un champ de force contre de potentiels ennemis. Une fois installé, les deux femmes commencent à discuter et ma patience commença à être sérieusement mise en jeu. Comment deux bonnes femmes peuvent-elles parler autant ?

Mais je suis rapidement sortit de mes pensées philosophiques par l'arrivée d'une brune plutôt mignonne, je dois dire. Les cheveux en chignon décoiffé, vêtue d'un simple short, et d'un débardeur Minion, elle semble gênée un court instant, avant de hausser les épaules et de nous saluer. C'est donc elle, la Gardienne ? Je l'imaginais avec plus de classe.

- Bonjour à vous. Il se passe quoi ? demande-t-elle

- Rien de grave, chérie. Voici notre nouveau voisin, Peter, c'est ça ? C'est le neveu de Madame Haris, et il vient d'emménager. Tu pourrais l'aider à se socialiser, n'est-ce pas ? Il a ton âge et il est comme toi, ajoute Marie.

- Sans problème. Bienvenu, Peter. Je te présenterai aux autres tout à l'heure.

Quand une morsure peut changer ta vie ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant