Enfilée dans ce labyrinthe perlé de douceur et de douce peur. Il n'y a jamais de porte entre moi et l'ombre, jamais de séparation entre tant de pas. Je marche sans cesse vers chaque instant de pénombre. Les pieds nus dans la neige blanche et froide, j'avance un pas devant l'autre prudemment comme si j'avais peur de déranger l'empilement parfait de tous ces flocons identiques. J'essaie de la suivre, de la rattraper. Mes jambes restent pendues dans cet espace temps. Dans un regard perdu, il n'y a pas de grâce, et je n'espère pas, je ne crois même plus qu'au bout d'un autre temps ou dans un autre espace, je verrai la frontière des instants révolus. Les yeux transperçants de glace ont gelé ce paysage d'hiver. Le ciel couleur émeraude, et les arbres couleur citrine, contrastent avec ses cheveux couleur feu. Elle est si proche et si loin. Elle répand, au fur et à mesure qu'elle avance, une ambiance chaude. Avec ses cheveux de feu, elle attire les flammes, et transmet l'ardeur de son âme qui vient déchaîner le brasier, lequel fini par m'entourer. Je termine ici, assise dans la neige douce et froide, la tête sur les genoux.
Je reverdis dans mon lit. J'ai du mal à m'habituer à cette nouvelle chambre. C'est la quatrième fois de la nuit que je me réveille comme ça, après des rêves plus étranges, effrayants, les uns que les autres. Je me lève et me dirige en direction -j'espère- de la chambre d'Arthur. Je traverse le couloir sombre au parquet grinçant sans problème, et me retrouve devant la porte de sa chambre, si je me souviens bien. Je n'ai pas de problème pour me repérer dans sa chambre, il laisse toujours de la lumière allumée. C'est ridicule mais il a peur du noir.
Je me glisse sous la grande couette bleu marine, qui le recouvre. Son lit est chaud, même si je sais que je n'arriverais pas à replonger dans le monde des rêves avant un bon moment, c'est agréable d'être ici.
Je prend le temps de détailler son visage, le point positif au fait qu'il dorme est que je peux le fixer autant que je veux. Ses yeux bleus océans, cachés par ses paupières décorées de longs cils clairs, sa peau de lis, son nez fin qui sublime le milieu de son visage, et ses lèvres charnues, légèrement ouvertes, qui n'exprime que le désir. Je ne peux m'empêcher de passer mon pouce dessus, et découvre la douceur de celles-ci.
Je ne risque rien, il est complètement inconscient. Alors il arrive d'avoir des opportunités dans la vie, je pense que c'en est une, et dans ce cas là, il faut juste ne plus réfléchir et laisser son instinct décider. Je passe ma main dans ses cheveux et lui caresse la tête avec la même douceur qu'une mère pour son enfant. D'ailleurs, il y ressemble, innocent et pur, dans cette position, loin de tout.
Je rapproche ma tête de la sienne lentement, comme un geste entièrement contrôlé, alors qu'il est purement spontané. Je ne peux plus m'arrêter maintenant. Ses lèvres si près des miennes. Son souffle qui me caresse la peau. Quand je repense au premier baiser que l'on a failli avoir dans ce parc. Il y a si longtemps. Je l'avais repoussé alors qu'aujourd'hui, je viens dans son lit pour lui violer les lèvres pendant son sommeil.
Je pose mes lèvres sur les siennes. Un transfert de chaleur et d'énergie se produit instantanément entre nous. Même si lui ne le ressent sûrement pas. C'est très différent de ce que l'on a pu échanger pendant la soirée d'Antoine, la dernière fois, c'était presque un désir animal, si instinctif qu'on ne savait pas comment se retenir. C'est le souvenir que j'en garde. Et la dernière fois, il était réveillé, malgré notre état légèrement alcoolisé.
Dès que j'enlève le contact entre lui et moi, je ressens un froid sur mes lèvres. Comme si mon corps réclamait de ne jamais rompre le contact, un manque s'installe presque instantanément. Mais il faut que mon corps se calme, nous ne sommes rien, juste des amis d'enfance. Et dès la première nuit je dérape...Mes lèvres sont les bords d'une blessure brûlante.
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Une fille aux cheveux bleus.
Teen FictionAlison à une vie assez banale, une adolescente qui aime être solitaire, tant qu'elle a ses écouteurs avec elle. Elle n'a pas sa langue dans sa poche et il vaut mieux éviter de l'énerver. Victime de nombreuses crises et cauchemars en tout genre, la j...