Du noir. Des ombres. Des cris. Ce qu'elles disent ? Je ne sais pas. Je n'entends pas. Trop loin. Trop fort. Je ne comprends pas. Des chuchotements. Des cris de douleur. De souffrance. De plénitude. Des silhouettes. Des formes. Reconnaissables. Plus ou moins. Un sentiment de déjà vu. Un pic dans la poitrine. Pourquoi suis-je ici ?
Je me réveille dans un sursaut en relevant mon buste. Haletante je regarde autour de moi, je suis dans une chambre que je ne connais pas. Je me lève, fébrile. Mes jambes peinent à soutenir le reste de mon corps. Je me plante devant la grande fenêtre, il fait déjà bien sombre dehors, quelle heure est-il ? Que s'est-il passé ? Mes membres tremblent encore, et ma tête me fait mal, ainsi je me m'assieds sur le fauteuil à ma portée. Mes mains sur mes tempes, je réfléchis à ce qu'il m'est arrivée tout à l'heure. Je ne me souviens que d'un grand vide, comme si l'océan m'empêchait d'entrer. Un souvenir enterré au fond de moi, peinant à ressurgir. Réouvrant mes blessures qui ne finiront peut être jamais leur cicatrisation. Par contre, il y a cette vision. Certainement une hallucination de ma part, tout cela est encore flou dans mon esprit. Mais elle était là. À travers les flots bleu cobalt, ressortait en contraste, une chevelure auburn qui ne me semblait pas inconnue. Je sais que c'est elle. Non je n'en ai pas la preuve. Tout ceci n'est qu'une question d'intuition.
Je sursaute en entendant la porte s'ouvrir, brisant ainsi le silence en me sortant de mes pensées. Pierre entre et je pourrai avoir des réponses à quelques questions.«Super, tu es déjà réveillée ! S'exclame-t-il avant de s'avancer vers moi.
-Il s'est passé quoi ?
-Hm... c'était très étrange, tu te souviens de l'après midi à la plage au moins ? Je hoche la tête pour lui faire comprendre que oui, et le laisse continuer, et bien je t'ai tiré jusqu'à la mer et là, tu n'as plus voulu bouger ! J'te jure t'étais trop flippante, t'avais les yeux dans le vide on aurait dit que tu étais possédée !
-Ah carrément ? Dis-je en rigolant même si je me doute que ça a du leur faire bizarre, peut-être aurais-je dû leur parler de mes crises.
-Enfin tu es restée là devant l'eau un moment en mode pause, et puis tu as commencé à trembler, tu t'es recroquevillée comme un enfant, par terre dans le sable tu as commencé à pleurer en bégayant des mots incompréhensibles. Comme si tu parlais une autre langue. On est venu vers toi pour essayer de te calmer, mais tu étais comme tétanisée par quelque chose que nous ne pouvions pas voir. Et puis tu t'es évanouie. Ça t'es déjà arrivée ce genre de chose ?
Je laisse le silence s'installer un petit moment, comment parler de ça, à quelqu'un que je connais à peine, j'avoue ne pas voir envie de parler. Tout ça me suis déjà au quotidien, en plus d'envahir mes nuits. Je soupire avant de répondre d'une petite voix.
-Oui. Avant qu'il ne me pose d'autres questions je me dépêche d'ajouter, on est dans ta chambre ici ?
-Oh hm oui c'est là que je dors, et voyant que je regarde vers le deuxième lit présent dans la pièce il enchaîne, je suis avec Robin, l'animateur.
-Ouais je le connais un peu, pourquoi tu n'es pas dans les dortoirs avec les autres ?
Je vois à son air gêné que je n'aurais sûrement pas la réponse à ma question, et en y réfléchissant c'est vrai que je n'y aurait pas répondu non plus. Il doit avoir ses raisons et ça ne me regarde pas après tout.
-Je... euh... je t'en parlerai peut-être plus tard.
-Je comprends, il n'y a pas de problème tu sais ! Et d'ailleurs, on est quel jour et il est quel heure ?
-On est toujours mardi Alison, et il doit être, je ne sais pas moi aux alentours de vingt heures, j'y pense, tu n'as pas faim ?»Mardi... cela ne fait que trois jours que je suis arrivée ici. Et pourtant je n'ai pas envie de rentrer, enfin à cet instant je n'ai pas envie de rentrer. Retrouver ma petite vie, dans ma petite ville, avec le lycée, les cours, les examens, les embrouilles, ma mère... je ne sais pas pourquoi je pense déjà à mon retour mais plus j'y pense et plus je me dis que je déteste ma vie. J'ai besoin de changement, d'autre chose que je ne sais où trouver. Je reviens sur Terre un instant en remarquant que je n'ai pas répondu à la question de Pierre, qui me paraît un peu ridicule me connaissant. Peut-être qu'il n'a pas remarqué que je ne mange pas assez, mais je lui réponds en secouant ma tête de gauche à droite, ce à quoi il me répond par une petite morale sur le fait que je suis encore fragile, que je tremble et que c'est un signe de mon corps qui me demande de le nourrir. Je fais semblant de l'écouter et acquiesce ses propos alors que je suis déjà repartie dans mes pensées. Il me propose ensuite de m'allonger sur son lit le temps qu'il aille manger et ajoute qu'il me ramènera quelque chose pour que je mange. Je me demande pourquoi tous les gens de mon entourage s'entêtent à vouloir me faire manger, c'est pénible quand même, on ne peut plus faire ce que l'on veut. Mais je décide quand même de l'écouter et d'aller m'allonger, je vais essayer de me reposer en attendant qu'il revienne.
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Une fille aux cheveux bleus.
Teen FictionAlison à une vie assez banale, une adolescente qui aime être solitaire, tant qu'elle a ses écouteurs avec elle. Elle n'a pas sa langue dans sa poche et il vaut mieux éviter de l'énerver. Victime de nombreuses crises et cauchemars en tout genre, la j...